1824 – 2024 : le Centre d’incendie et de secours de Versailles fête ses 200 ans. L’occasion de revenir sur l’histoire des soldats du feu, la création du corps des sapeurs-pompiers, notamment dans les Yvelines. Des femmes et des hommes qui luttent au quotidien pour notre sécurité et pour la protection du patrimoine.
Il y a 200 ans, le 7 décembre 1824, le Centre d’Incendie et de Secours de Versailles voyait le jour. Cet anniversaire est l’occasion de rendre hommage aux sapeurs-pompiers des Yvelines, engagés pour notre sécurité mais aussi formés à la sauvegarde du patrimoine. Les Yvelines abritent en effet des édifices classés exceptionnels comme les collégiales de Poissy et de Mantes-la-Jolie, de nombreux châteaux aussi dont celui du roi Soleil à Versailles.
Déjà, en 1692, un règlement du château de Versailles stipulait que la lutte contre l’incendie devait être confiée aux gardes-pompes sous l’autorité des fontainiers.
Mais l’organisation humaine pour lutter contre les feux, remonte encore plus loin… comme le raconte le SDIS 78 (sur son site dans « Un territoire, une histoire).
Extraits
Dans la Rome antique
Les premières traces d’organisation de lutte contre l’incendie remontent à l’Antiquité dans la ville de Rome. Ce fut tout d’abord les charpentiers appelés Fabri Tignuarii, qui eurent progressivement un rôle de service public en étant chargés de la lutte contre l’incendie. Cette corporation n’avait pas été choisie au hasard. À cette époque, le bois était le principal matériau de construction et ces ouvriers représentaient « les hommes les plus aptes à escalader les maisons, abattre des murs... ».
A la fin de la République romaine, vers l’an -27 av. J.C., les vigiles chargés de la surveillance des incendies sont peu nombreux. Ils sont recrutés parmi les esclaves publics afin de lutter contre les incendies assez fréquents dans la capitale.
En l’an 6, l’empereur Auguste lève une taxe de 4 % sur la vente d’esclaves afin de financer une nouvelle augmentation de leur nombre. Les effectifs atteignent alors 7 000 hommes. Il crée ainsi le corps des cohortes de vigiles. Ceux-ci possédaient tout le matériel classique nécessaire à la lutte contre l’incendie (seau, échelle, hache et pompes hydrauliques appelées « siphons ») mais également du matériel comme des catapultes.
Aujourd’hui, l’appellation des pompiers italiens garde la trace de cette histoire, car ils sont appelés « les vigiles du feu » (vigili del fuoco).
Les « couvre-feux » de Charlemagne
Après plusieurs incendies ravageurs dans les grandes villes, Charlemagne crée un système de veilleurs de nuit chargés de donner l’alerte en sonnant la cloche en cas d’incendie. Les constructions en bois favorisant toujours la propagation des flammes, des baquets d’eau sont disposés devant chaque maison et un « couvre-feu » est imposé pour limiter les risques.
Par « couvre-feu », il ne s’agissait pas du sens donné aujourd’hui (interdiction de circuler durant une certaine période). Les couvre-feux de Charlemagne consistaient à éteindre ou à recouvrir les feux des cheminées avant d’aller dormir.
13e siècle : on sonne le tocsin
En 1254, à Paris, Louis IX dit Saint-Louis, institue la création d’un « Guet bourgeois » ou « Guet des métiers » assuré par divers corps de métiers. Cette milice bourgeoise se tenait à la disposition du guet royal et intervenait, à sa demande, et plus particulièrement en cas d’incendie. Dans ce dispositif, le tocsin était sonné et alertait les habitants désignés qui devaient combattre l’incendie.
1681, place aux « hydrants »
Le 31 juillet 1681, nombre de seaux et brocs furent distribués dans Paris et ses faubourgs, et déposés dans les couvents, chez les échevins, et chez les notables. Un dépôt central était situé à l’hôtel de ville. L’eau était tirée des fontaines et des puits. Il y avait alors obligation de maintenir en bon état les puits et puisards, ainsi que tous les moyens de puisage. Les propriétaires des maisons qui renfermaient ces puits étaient d’ailleurs tenus, sous peine d’amende, de les munir de cordes et de poulies, ainsi que d’un ou plusieurs seaux.
Louis XIV, prend, en octobre 1699, trois ordonnances sur l’organisation de pompiers professionnels à Paris, ancêtres de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris actuelle. L’emploi de pompes et de personnel professionnel va complètement modifier la lutte contre l’incendie.
Les Gardes Pompes de Paris
Le 23 février 1716, Philippe d’Orléans, régent de France, prend une ordonnance constituant le premier corps de lutte contre l’incendie. Ce corps compte 32 ”Gardes pompes” chargés d’assurer la manœuvre de seize engins, appelés “Pompes du Roy”. Pour les diriger, monsieur Dunouriez du Périer est nommé directeur général par ordonnance du régent.
Le bal meurtrier de 1810 fait naître une profession
L’incendie meurtrier du bal de l’ambassade d’Autriche en 1810 révèle la désorganisation dans la lutte contre le feu. Postés à l’extérieur, les gardes pompiers tentent d’accéder à la salle mais ne peuvent remonter le flot des convives paniqués. Napoléon, qui faillit être victime de ce sinistre, constate l’absence d’organisation des gardes pompes et surtout l’absence totale de commandement et de coordination, s’exprimant ainsi à leur sujet : « Rassembler ces pompiers, peu assidus et sans entraînement, nécessite deux à trois heures avant qu’ils soient opérationnels sur les incendies ». L’Empereur décide alors la création d’un bataillon militaire de sapeurs-pompiers de Paris.
1831, création des corps communaux de sapeurs-pompiers
La défense incendie est constituée par la loi du 22 mars 1831 qui prévoit la constitution de corps communaux de sapeurs-pompiers. À cette époque, les communes les plus importantes disposaient d’un corps de sapeurs-pompiers dont l’effectif et l’équipement variaient en fonction des moyens et de l’importance des risques à couvrir.
1967, création du SDIS Seine et Oise
Le département de Seine-et-Oise est défendu par 340 corps de sapeurs-pompiers et totalisent près de 5 500 sapeurs-pompiers volontaires. C’est le 25 octobre 1967 qu’est créé, par délibération du Conseil général et arrêté du Préfet, le Service départemental de protection contre l’incendie du département de la Seine-et-Oise.
Il est remplacé en 1981 par la Direction des Services d’Incendie et de Secours des Yvelines.
aujourd’hui, le SDIS 78 c’est :
- 4 366 femmes et hommes
- 42 centres de secours répartis dans les Yvelines
- 96 433 interventions en 2023
- 767 appels quotidiens
A lire (ou relire) : Les sapeurs-pompiers des Yvelines au chevet de Notre-Dame de Paris