Chantiers humanitaires jeunes : « On y apprend l’humilité »

Larédaction

Samedi 21 novembre, près d’une quarantaine de jeunes Yvelinois ayant participé à des chantiers jeunes solidaires organisés avec le soutien financier d’YCID et du Département ont pris part à une restitution collective de leurs projets proposée dans le cadre de la Semaine de la solidarité internationale.

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Les jeunes de l’association Mureaux solidarité durant la restitution

Le froid de cette matinée de novembre tranchait avec les souvenirs encore chauds des expériences vécues au cours du dernier été principalement par ces Yvelinois âgés de 18 à 25 ans. Burkina Faso, Sénégal, Haïti, Vietnam, Liban : dans ces cinq pays, ils ont creusé, maçonné, peint, classé, carrelé… pendant au moins 4 semaines, et aussi joué, ri, découvert, exploré, pleuré au contact des bénéficiaires des projets, des habitants et de ces cultures que pour la plupart ils ne connaissaient pas. Pour certains, il s’agissait même d’une prise de contact avec leur culture d’origine, celle de leurs parents, que jusque-là ils ne connaissaient bien souvent qu’à travers les plats préparés par la maman et la langue parlée à la maison.

Dans le contexte des attentats survenus au Liban, en France, au Mali, cette cérémonie de restitution avait un sens particulier : « Alors que la Semaine de solidarité internationale doit véhiculer des messages d’ouverture au monde, une vision optimiste des relations entre les peuples, nous n’avons eu droit cette semaine qu’à des messages évoquant la dangerosité du monde » a ainsi rappelé Cédric Le Bris, Directeur délégué d’YCID, appelant les jeunes à se faire les ambassadeurs de la coopération internationale auprès de leurs parents et de leurs amis en partageant leur vision humaniste et l’expérience concrète qu’ils ont vécues pour contrer les tentatives de repli sur soi et de peur de l’Autre.

Ces chantiers sont à ce titre un pivot de la politique départementale depuis 1999, participant à forger la conscience citoyenne de ces nouveaux électeurs en les mettant en contact avec la dure réalité des pays du Sud, relativisant ainsi le vécu de leur propre parcours en France. L’association Solidarité Afrique-France a témoigné de la difficulté à se rendre dans certains endroits reculés : « au retour, nous avons dû passer la nuit en brousse, notre véhicule étant embourbé. Nous avons croisé une ambulance sur le chemin, qui n’a pu arriver elle aussi que le lendemain au village : malheureusement, la femme enceinte qu’elle venait chercher avait perdu son bébé durant la nuit ». Les jeunes partis à Polel Diaoubé ont été frappés de leur côté par l’envie souvent déraisonnée que les jeunes sénégalais pouvaient avoir de rejoindre la France : pour Aïssata, « ce ne peut pas être une vie de se jeter à la mer pour chercher un travail qu’ils devraient trouver près de chez eux ». Quant à Margot, partie pour l’association Enfance partenariat Vietnam, elle n’oubliera jamais les sourires des enfants séropositifs qu’elle est venue aider, en leur montrant qu’ils pouvaient être des enfants comme les autres, alors qu’ils sont ostracisés au Vietnam : « aller à la piscine, c’était leur plus grand rêve, on s’est débrouillé comme on a pu mais on a pu l’exaucer ».

Au-delà de la prise de conscience sur les conditions de vie, ces chantiers sont bien sûr une belle aventure humaine faite de rencontres, de fêtes et de découverte de soi. Audrey, présidente de l’association EPSA, raconte avec émotion les soirées « filles coiffure manucure » organisées en catimini pour aborder avec les jeunes filles burkinabè un sujet encore tabou au village : l’hygiène pendant les règles. Ces jeunes filles utilisent des feuilles, des chiffons, de la boue… en tant que protection hygiénique : l’association a donc eu l’idée de leur proposer des serviettes lavables, et de leur offrir des sous-vêtements, elles qui en portent rarement. Kévin, chargé de projet pour l’association Umagnyterre, raconte de son côté son propre parcours : « Avant j’étais stupide (sic), je faisais des bêtises, comme les jeunes de mon quartier. Je suis parti avec Umagnyterre en Haïti, et suite à cette expérience j’ai prolongé par un service civique sur le terrain : aujourd’hui, j’organise les chantiers de l’association pour d’autres jeunes qui ont des problèmes comme moi j’ai pu en avoir ».

La restitution s’est achevée par la remise d’une médaille en chocolat à chacun des participants, récompense symbolique décernée par YCID pour reconnaître l’engagement citoyen de ces jeunes. En 2015, le Département des Yvelines et YCID ont financé 9 projets internationaux impliquant 75 jeunes, représentant un engagement financier de 170 000€.