La réalité urbaine de l’agglomération parisienne nécessiterait un redécoupage incroyablement complexe des territoires et des responsabilités.
La réalité urbaine, dont le Grand Paris doit assurer le développement harmonieux, c’est l’agglomération parisienne, encore appelée unité urbaine. Mais ce périmètre, très utile à la réflexion sur l’aménagement stratégique, se prête difficilement à la construction d’une collectivité territoriale.
étendre le territoire métropolitain à l’agglomération nécessiterait d’adjoindre au périmètre actuel des territoires et infrastructures confisqués aux 4 départements de Grande Couronne. Cela exigerait un redécoupage complexe et hasardeux des territoires et des responsabilités, qui impacterait les 8 départements de la région. Les départements de Grande Couronne resteraient-ils compétents sur les parties de leurs territoires happées par l’agglomération ? Deviendraient-ils comme le département du Rhône, des territoires, quasiment ruraux, coexistant avec une métropole urbanisée ? Autant de lourdes questions sans réponse…
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Un tel projet briserait les solidarités locales entre les villes-centres de Grande Couronne et leurs pays. 10% de la population de la région Île-de-France serait rejetée hors de la dynamique métropolitaine aggravant la fracture territoriale.
La coexistence d’un Grand Paris étendu à l’agglomération et d’une Région représentant un espace plus vaste empilerait deux collectivités appelées à intervenir sur les mêmes champs d’aménagement stratégique. La déperdition d’énergie serait massive et les risques de contradiction majeurs.
L’exemple de Paris-Saclay : complexité maximale, efficacité minimale
Etat, Région, Départements de l’Essonne et des Yvelines, trois intercommunalités des deux départements et les communes du territoire, plusieurs universités et grandes écoles parmi les plus prestigieuses, des centres de recherche privés relevant de très grandes entreprises, tels sont les ingrédients de l’Opération d’Intérêt national de Paris- Versailles-Saclay dont l’objectif est de créer l’un des pôles mondiaux d’excellence en matière d’enseignement supérieur et de recherche.
Comment les collectivités concernées accepteraient-elles de perdre le contrôle d’un territoire qui représente pour elles leur meilleure chance de développement ? Comment la Métropole pourrait-elle exister sans jouer un rôle majeur dans la stratégie de développement de Paris-Versailles-Saclay, essentiel pour l’attractivité du Grand Paris ? Comment la Région, titulaire de la compétence d’enseignement supérieur et de recherche, pourrait-elle accepter d’être dessaisie de cette opération majeure ?
Paris-Saclay ne réussira que si le nouvel ordre institutionnel prend en compte ces aspirations légitimes et les traduit dans un consensus opérationnel et efficace où chacun est associé et apporte sa pierre à l’édifice. Toute tentation de privilégier un acteur sur les autres aboutira à l’échec.