Quatre yvelinoises sont récompensées par la Fondation L’Oréal et l’Unesco en faveur des femmes en science. Chaque année, les Prix L’Oréal-UNESCO distinguent des chercheuses émérites qui, par leurs travaux remarquables, ont participé au progrès de la science.
Récompensées pour leur parcours émérite et leurs travaux brillants, les quatre jeunes chercheuses Yvelinoises reçoivent une bourse L’Oréal-UNESCO pour les Femmes et la Science afin de soutenir leurs travaux de recherche et leur donner la visibilité qu’elle mérite. Cette bourse représente un tremplin dans l’accompagnement de la suite de leur carrière.
Armelle Keiser, originaire de Choisel est doctorante à la Sorbonne Université à Paris. Son sujet de recherche : Les propriétés étonnantes des surfaces biomimétiques glissantes.
Le piège passif déployé par une plante carnivore tropicale, la Nepenthes, a récemment inspiré les chercheurs pour développer un nouveau type de matériau artificiel extrêmement glissant. Le principe repose sur la présence d’un film liquide stable sur la surface du matériau. Tout objet posé sur cette surface glisse alors, comme une voiture glisse sur une route lors de fortes précipitations. Cette capacité à repousser toute sorte d’objets rend ces matériaux particulièrement intéressants pour diverses applications, notamment dans le conditionnement et le transport de liquides. Pour Armelle,
l’inégalité entre les hommes et les femmes en science ne vient pas tellement des préjugés ou de la société, mais plutôt d’un manque de confiance en soi, et de l’impression qu’il faut être extrêmement douée pour faire des sciences.
Audrey Desgranges habite à Versailles. Post-doctorante à l’Institut Pasteur. Son sujet de recherche : Décrypter les mécanismes d’asymétrie lors de la formation du cœur.
La fonction du cœur est de pomper le sang pour approvisionner le corps en oxygène et le libérer du dioxyde de carbone. Il est divisé en une moitié droite et une moitié gauche, qui ont chacune une forme différente, assurant ainsi une double circulation du sang, soit vers le corps, soit vers les poumons. La structure asymétrique de cet organe se met en place dans l’embryon et est capitale pour séparer les moitiés droite et gauche du cœur. En France, 1% des nouveau-nés sont touchés par une malformation du cœur chaque année et dans 90 % des cas, la cause génétique demeure inconnue. Pour percer ce secret, Audrey Desgrange, post-doctorante au laboratoire Morphogenèse du cœur de l’Institut Imagine et de l’Institut Pasteur, étudie les mécanismes qui différencient les cellules cardiaques droite et gauche.
Mon projet de recherche vise à décrypter les bases moléculaires et cellulaires à l’origine de la forme asymétrique du cœur embryonnaire
Des technologies de pointe en génétique et en imagerie lui permettent d’étudier ce phénomène et de le suivre en trois-dimensions. De cette recherche fondamentale pourrait à terme découler une meilleure compréhension de certaines malformations cardiaques de l’enfant.
Pour Audrey, il est nécessaire que les femmes soient mieux représentées dans les carrières scientifiques en France et dans le monde :
la science renvoie en effet, une image encore très masculine et il est difficile pour les filles de s’identifier à des figures féminines. Pour autant les lignes bougent grâce notamment à des programmes comme celui de la Fondation L’Oréal et l’Unesco qui mettent en avant des femmes de science.
Sarah Antier-Farfar est originaire de Saint-Quentin-en-Yvelines et habite à Saint-Rémy-les-Chevreuse. Elle est post-doctorante à l’Université Paris Sud.
Son sujet de recherche : A la recherche des ondes gravitationnelles.
En août 2017, les interféromètres LIGO (aux Etats-Unis) et Virgo (en Italie) ont observé pour la première fois une coalescence d’étoiles à neutrons grâce à la détection d’ondes gravitationnelles. Les recherches de Sarah Antier, post-doctorante au sein du laboratoire de l’Accélérateur linéaire (LAL) de l’Université Paris Sud, sont à l’avant-garde de cette astronomie qui combine aussi bien les informations véhiculées par les ondes gravitationnelles que celles transmises par la lumière. L’objectif scientifique de Sarah Antier est de tirer des informations aussi bien du signal d’ondes gravitationnelles que de l’émission électromagnétique, afin d’en savoir plus sur les faces violentes et méconnues de l’Univers. L’ensemble des informations recueillies permettra d’avoir une meilleure vue d’ensemble de phénomènes parmi les plus cataclysmiques de l’Univers.
Pour Sarah, la complémentarité entre les hommes et les femmes tout comme entre les jeunes et les plus expérimentés est nécessaire dans le domaine de la recherche.
Sophie d’Ambrosio habite à Jouy-en-Josas. Elle est post-doctorante à l’Unité Mixte CNRS-THALES
Son sujet de recherche : Au-delà des supercalculateurs, les supra-supercalculateurs, plus puissants et plus écologiques
Simulation du réchauffement climatique, prédiction des tsunamis, élaboration de nouveaux médicaments, ou encore amélioration de dispositifs industriels à haute performance : autant d’opérations et d’applications qui ont été bouleversées et accélérées par les supercalculateurs. Devenus indispensables dans un grand nombre de secteurs d’activité grâce à leur puissance de calcul parvenant au million de milliard d’opérations par minute, les supercalculateurs atteignent aujourd’hui leurs limites du fait de leur importante consommation d’énergie. Comment relever ce défi tout autant technologique qu’économique et écologique ? L’une des options envisagées par Sophie D’Ambrosio est l’utilisation de supraconducteurs dits « à haute température critique », plus froid que froid.
Sophie souhaite raconter son histoire aux jeunes pour contribuer à faire avancer les mentalités sur la place des femmes dans la société. L’histoire d’une petite fille ayant grandi dans un quartier populaire de Marseille, celle d’une jeune fille qui grâce à l’enseignement publique a pu obtenir un doctorat. Et enfin, celle d’une jeune femme devenue physicienne qui se bat pour la cause des femmes de science.
Le programme L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science fête cette année ses 20 ans
Si son impact est indiscutable (plus de 3 100 femmes scientifiques issues du monde entier ont été mises en lumière et accompagnées depuis 1998), les choses progressent encore trop lentement. Ainsi, seulement 28 % des chercheurs sont des femmes et le plafond de verre perdure bel et bien, puisque par exemple 89 % des hautes fonctions académiques en Europe sont occupées par des hommes. Sans compter que seuls 3 % des prix Nobel scientifiques leur ont été attribués.
Faire croître la part des femmes en science est un véritable enjeu de société. Cette sous-représentation dépasse en effet la simple question de l’égalité homme-femme car elle a un impact très concret sur la qualité de la recherche et sur l’innovation. On sait désormais que le manque de mixité dans la recherche médicale sur la santé des femmes, a notamment conduit à leur moins bonne prise en charge lors du développement de maladies cardiovasculaires. Aujourd’hui, le même constat est à faire du côté de l’intelligence artificielle, comme de ces algorithmes qui reproduisent des stéréotypes de genre, car ils ont été conçus par et pour servir des hommes.