En Seine-et-Oise comme partout en France, les femmes ont joué un rôle déterminant durant la Première Guerre mondiale. Dans tous les secteurs, elles ont remplacé les hommes partis sur le front. A quelques jours du centenaire de l’Armistice, nous évoquons le quotidien de ces femmes courage.
Non loin des tranchées, elles soignaient les blessés. Dans nos campagnes, elles ont géré les fermes, assuré les cultures et même remplacé les chevaux de trait pour labourer les champs à bras le corps. Dans les usines, celles surnommées les « Munitionnettes » ont participé à l’effort de guerre en assemblant les munitions. Dans les villes, elles ont conduit les tramways, les taxis, fait tourner les commerces et les services postaux. Une mobilisation générale donc. Paysannes, ouvrières ou bourgeoises, jeunes ou âgées, elles ont été là pour pallier l’absence des frères, maris, fils, pères envoyés sur le front.
La Grande Guerre ne leur a pas vraiment ouvert la voie du travail puisqu’elles représentaient déjà 37% de la population active (soit près de 7 millions de travailleuses, même taux qu’à la fin des années 1950). La nouveauté a plutôt résidé dans leur implication dans des métiers réservés jusque-là aux hommes.
Les paysannes, nourricières du pays
Dès l’été 1914, les hommes partent sur le front, en plein temps des moissons. Les femmes les remplacent dans les champs. Ce sont les premières sollicitées pour assurer le ravitaillement des troupes et des civils. Les travaux agricoles sont pénibles et faute de chevaux, réquisitionnés par l’Armée, elles labourent à bras nus, tirant elles-mêmes les charrues. Dans les terres agricoles qui s’étendent en Seine et Oise, elles se mobilisent sans compter leurs heures, aidées des enfants et des anciens.
La production agricole ne suffit pas à nourrir civils et militaires. Le gouvernement rationne alors le pain, le sucre, les pommes de terre, le lait et les œufs… A partir de mars 1915, dans le Vexin par exemple, elles sont priées de hâter le battage des céréales et les semailles de printemps. Car l’Etat-major commence à réaliser que finalement, la guerre ne sera pas de courte durée…Il ne s’agit plus de nourrir les seuls soldats mais toute la population. Le travail des femmes dans les champs est crucial, elles deviennent les gardiennes du pays, ses nourricières.
Les couturières deviennent ouvrières
La mobilisation des hommes en août 1914 entraîne une baisse de 20% de la main d’œuvre dans les usines. Les couturières, déjà attelées à confectionner les vêtements pour l’armée, sont sollicitées pour occuper des postes dans les usines d’armement.
Dans le sud de la Seine et Oise, en Vallée de Chevreuse, les usines de charbons et les scieries tournent à plein régime pour les besoins de l’armée. Là encore, les femmes sont aux manettes. Dès juillet 1916, l’emploi des femmes devient prioritaire dans les usines d’armement. Leurs conditions sont difficiles (insalubrité et contact avec des gaz et fumées toxiques, des produits corrosifs…) et malgré les grèves de 1917, les ouvrières poursuivent leur engagement, fidèles aux postes.
L’industrie militaire, aux mains d’entreprises privées, va croître, employant plus de 1,6 million d’ouvriers en 1918 contre 50 000 au début de la Grande Guerre.
Lueurs d’émancipation vite éteintes après l’Armistice
Devenues chefs de famille, marraines de guerre solidaires des poilus, ouvrières, les femmes ont pu accéder durant la guerre à des métiers qui leur étaient jusqu’alors interdits : dans l’enseignement secondaire masculin par exemple ou comme chauffeurs de taxis et conductrices de tramways. Même la mode évolue pour s’adapter à leurs nouvelles conditions de travail : les corsets disparaissent, les robes raccourcissent ainsi que leur chevelure. La majorité des femmes a connu un début d’émancipation durant les quatre années de guerre. Mais après l’Armistice, dès le 13 novembre 1918, les femmes françaises ont été brutalement démobilisées !
Elles sont sommées de rendre leurs places aux hommes. Retour au foyer donc avec l’injonction de faire des enfants pour relancer une démographie qui a fortement chuté.
Si les Anglaises, les Allemandes et les Autrichiennes obtiennent le droit de vote, il est refusé aux Françaises. Mais cette terrible Grande Guerre leur a quand même permis de s’émanciper un peu du schéma patriarcal : le baccalauréat s’ouvre aux femmes en 1919, la Fonction publique les accueille, les métiers « d’hommes » ne leur sont plus complètement fermés (journalistes, médecins, ingénieurs, avocats…). De l’arrière front elles vont peu à peu devenir plus visibles sur tous les fronts…
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