La cinéaste Agnès Varda s’est éteinte le 29 mars 2019 à l’âge de 90 ans. Figure féminine emblématique de la Nouvelle Vague, Agnès Varda, jusqu’à hier encore, imposait son style. Dans les années 1960, elle réalise un court-métrage majeur dans sa carrière à Saint-Arnoult-en-Yvelines. Retour sur la vie d’une femme admirée par toutes les générations.
Qu’aurait été le cinéma sans Agnès Varda ? Elle était l’une des rares femmes à faire partie de la Nouvelle Vague, considérée comme l’âge d’or du cinéma français à la fin des années 1950. Photographe, réalisatrice, plasticienne, Agnès Varda n’a jamais eu froid aux yeux et s’est toujours aventurée là où la vie la guidait. En 1962, elle installe sa notoriété, justifiée par son talent, avec son film « Cléo de 5 à 7 », mettant en scène les doutes d’une femme qui cherche un soutien face à son avenir incertain. L’action du film se déroule en temps réel dans la chaleur d’un Paris au mois de juin. Sur une bande originale signée Michel Legrand, la cinéaste filme avec intelligence, vérité et force. « Cléo de 5 à 7 » est classé parmi les « 1001 films à voir avant de mourir. »
Agnès Varda n’a jamais cessé de travailler et son oeuvre la faisait vivre. De jurys en festivals, d’universités en émissions de télévision, la femme aux cheveux rouges et blancs était reconnaissable entre mille. Un vrai poème à elle seule, elle sillonne la France en 2017 avec JR, célèbre artiste-photographe aux lunettes noires. Tous les deux se promènent à travers la France dans un camion « labo-photo » pour nous livrer « Visages-Villages », un documentaire sensible sur la France d’aujourd’hui, comme Raymond Depardon aurait pu le faire. JR prêtait à Agnès ses yeux, car ceux de la réalisatrice lui faisait déjà faux bond. Jusqu’à la fin de sa vie, Agnès Varda a toujours chercher l’humain, la mise en avant de l’autre. Elle a posé sa caméra et son appareil photo sur un monde qui la regrette déjà profondément.
Jacques Demy, célèbre réalisateur des « Demoiselles de Rochefort« , des « Parapluies de Cherbourg » ou encore « Peau d’Âne« , dont toutes les bandes-originales sont composées par Michel Legrand, a partagé la vie d’Agnès Varda jusqu’à son décès en 1990. En 2019, tous les membres de ce célèbre trio ont disparu et même si la Nouvelle Vague appartient au passé depuis plusieurs décennies, on ne peut s’empêcher de penser que le cinéma français a définitivement perdu ses parents.
Elsa la rose : l’amour à Saint-Arnoult-en-Yvelines
En 1966, Agnès Varda et sa caméra se rendent à Saint-Arnoult-en-Yvelines, chez Elsa Triolet et Louis Aragon plus exactement. Un court-métrage est né de cette rencontre : « Elsa la rose« . Durant 20 minutes, en noir et blanc, Agnès Varda nous offre le témoignage d’une histoire d’amour. Elsa Triolet et Louis Aragon sont filmés dans la douce lumière de leur maison yvelinoise. Ils ont tous les deux 70 ans et sont beaux comme au premier jour de leur rencontre. Ils formaient l’un des couples les plus emblématiques de la littérature française du 20ème siècle et Aragon a dédié plusieurs de ses poèmes à sa femme, Elsa Triolet.
Classée Maisons des Illustres, la Maison Triolet-Aragon organise des expositions et autres ateliers tout au long de l’année.
Dans ce documentaire, nous entendons la voix de Michel Piccoli qui récite des poèmes d’Aragon et mêle sa voix à « Que serais-je sans toi », une chanson écrite par le poète et interprétée par son ami Jean Ferrat. Agnès Varda vait ce don, celui de filmer les gens comme si elle les avait toujours connus. De rendre n’importe quel détail de la vie quotidienne important.
Une chose est certaine, la poésie et l’intelligence d’Agnès Varda seront regrettées à l’écran, comme à la vie.