Tartuffe est un classique du théâtre français. Écrite en 1664, mais imprimée en 1669, cette pièce de Molière a longtemps fait débat. Retour sur l’affaire du Tartuffe.
De toutes les pièces de théâtre écrites par le célèbre Jean-Baptiste Poquelin, « Tartuffe » est certainement l’une des plus célèbres. Étudiée au lycée, « Tartuffe » est entrée dans la vie quotidienne des français, notamment car le nom du personnage principal est aussi utilisé comme adjectif : « Tartuffe » fait partie du patrimoine. Mais savez-vous comment est née cette pièce, considérée comme classique aujourd’hui mais sulfureuse à l’époque ?
Molière et sa troupe itinérante font faillite : le dramaturge passera même un temps en prison, criblé de dettes. Quelques années plus tard, Molière montera une seconde troupe, qui deviendra alors celle du roi.
En 1664, c’est Louis XIV qui règne sur la France, la puissance royale est totale mais certaines tensions commencent à apparaître entre ce que l’on considère comme « La vieille Cour » et « La Jeune Cour ». Louis XIV, âgé d’une vingtaine d’années, organise jeux et fêtes à volonté à Versailles, ce qui n’est pas du goût de tous.
Le 12 mai 1664, Molière présente alors à la Cour de Versailles « Tartuffe ». La pièce ne dispose que de trois actes car Molière n’a pas eu le temps de terminer son oeuvre. D’un registre comique, « Tartuffe » dénonce l’emprise des directeurs de conscience sur les nobles au travers de leçons de morale et de religion.
Le théâtre est un art prédominant à la Cour de Louis XIV, mais certaines règles doivent être respectées comme les unités de temps, lieu et action. Malgré ce manque, « Tartuffe » est un réel succès auprès du roi et de sa Cour. Les dévots, quant à eux, refusent cette pièce et s’insurgent. C’est l’archevêque de Paris qui, dès le lendemain, interdit la pièce. Molière, qui s’est servi du « Tartuffe », en utilisant la comédie pour dénoncer l’hypocrisie, semble donc avoir plutôt bien réussi son tour.
« Tartuffe », l’éternelle réécriture
Il ne reste aujourd’hui aucun trace de cette première version. Le dramaturge est donc prié de réécrire sa pièce pour la rendre moins provocante. Le 5 août 1667, « Tartuffe », en cinq actes cette fois-ci est présenté sous le titre « L’imposteur » au Palais Royal à Paris. C’est son unique représentation puisqu’elle est interdite à son tour. 18 mois plus tard, une version définitive qui convient à tous les partis est autorisée : le succès public est immense, évidemment.
La « bataille » autour du « Tartuffe » est donc bien réelle et aura duré des années. De nombreuses personnalités ont défendu ou à l’inverse incriminer Molière et sa pièce. Cette querelle prouve une chose : Jean-Baptiste Poquelin dispose d’une habileté politique et d’un talent de polémiste absolument indéniables.
« Tartuffe » est le triomphe de Molière : 72 représentations jusqu’à la fin de l’année 1669 et son record financier : environ 28 000 livres de recettes sur ces représentations.