Le Président du Département des Yvelines, Pierre Bédier, dont le territoire est touché par la désertification médicale, appelle Emmanuel Macron à confier la gestion de la santé aux Départements, au même titre que le social.
Pour Pierre Bédier, Président du Département des Yvelines, l’égalité d’accès aux soins pour tous est une évidence. Une égalité des droits qui est de plus en plus menacée par un phénomène de désertification médicale. Pour résoudre ce problème, les acteurs locaux sont les premiers témoins et les principaux acteurs. Ces derniers travaillent en collaboration avec les Départements pour apporter une réponse efficace aux attentes de la population. Comme le confie Pierre Bédier :
« Le Président de la République a compris que la décentralisation, ainsi que confier à des élus qui sont proches des habitants des responsabilités nouvelles, étaient la solution ».
Déjà garant des compétences sociales, le Département des Yvelines souhaite aussi prendre en main les responsabilités de la santé :
« La connaissance du territoire, la cartographie, le terrain, tous ces éléments sont primordiaux pour lutter contre la désertification médicale et permettre l’accès aux soins pour tous ».
La construction de la maison médicale d’Aubergenville, inaugurée le 13 juin 2019, est le fruit d’une mobilisation des élus locaux et des différents partenaires du monde de la santé. En 2012, lorsqu’un médecin généraliste libéral interpelle la municipalité sur la perte de plus en plus importante du nombre de praticiens, il a fallu la mobilisation des élus, de l’Agence Régionale de Santé, de l’URPS médecins libéraux Ile-de-France, du Conseil Départemental de l’Ordre des Médecin (CDOM78) et du Département des Yvelines.
Un plan santé triennal de 32 millions d’euros
Un Département qui a déjà engagé les moyens sur les questions de santé en investissant 32 millions d’euros d’ici à 2022 dans la construction, l’aménagement et la réhabilitation de maisons médicales. Une implication unique en France.
Le plan santé du Département des Yvelines prévoit d’ici 2022, la construction de 20 maisons médicales réparties sur le territoire. Dix d’entre elles sont des projets portés par les communes. Le Département, l’URPS et l’ARS, financent conjointement la construction, et laissent à la commune, la charge de la gestion. C’est le cas de la toute première maison d’Aubergenville (ARS 166 000€, Aubergenville 115 000€, et Département 102 000€).
Dix autres maisons médicales seront entièrement financées par le Département comme à Maule, commune de 6000 habitants. Un véritable soulagement pour le maire, Laurent Richard :
« Le Conseil Départemental va financer intégralement les travaux de construction pour 3,1 M€. Pour une commune comme la nôtre dont les finances sont serrées, c’est une excellente nouvelle ».
Créer des structures adaptées aux besoins des médecins et des habitants
Les maisons médicales sont un besoin réel pour le territoire qui subit de plus en plus la désertification médicale. Entre 2015 et 2020, la population yvelinoise aura grimpé de 4%, tandis que le nombre de médecins généralistes sera lui en baisse de 6,1%. Actuellement, le ratio est de 8 médecins généralistes et 5,3 infirmiers pour 10 000 habitants. Un constat d’autant plus inquiétant que 57,7% d’entre eux ont plus de 55 ans.
C’est pourquoi, l’URPS et son vice-président, le Docteur Frédéric Prudhomme (par ailleurs et président du CDOM78), et l’ARS Ile-de-France, établissent depuis plusieurs années des diagnostics sur les territoires vulnérables. Un travail qui nécessite l’implication des praticiens, comme le confie Pauline Winocour-Lefèvre, vice-présidente déléguée à la ruralité :
« Il ne s’agit pas d’ouvrir de beaux bâtiments sans médecins à l’intérieur, les pratiques médicales ont évolué. Il faut en tenir compte ».
Un constat que tire aussi Nicolas Péju, directeur général adjoint à l’ARS qui préconise la construction de structures collectives pour inciter les jeunes praticiens à exercer dans des zones abandonnées :
« Ce qui freine les praticiens libéraux à s’installer, c’est le foncier. Pour lutter contre les déserts médicaux, il faut créer des locaux de qualité. C’est pourquoi nous travaillons avec les maires et le Département pour créer des structures adaptées aux besoins des médecins, mais aussi des habitants».