Directeur du Tour de France et de Paris-Nice, Christian Prudhomme est témoin de l’évolution du vélo. Entre sport et pratique quotidienne, il nous partage son point de vue.
Pourquoi une telle envie des villes et territoires d’accueillir des épreuves cyclistes
Les collectivités ne veulent plus seulement une épreuve pour son aspect médiatique, sa mise en valeur du tourisme ou le succès populaire. Aujourd’hui, c’est un bras armé pour une politique forte autour de la pratique de la bicyclette. Les collectivités veulent lier la pratique du vélo et le vélo des champions. Et nous jouons notre rôle pour que les gens mettent du vélo dans leur vie.
C’est le cas dans les Yvelines ?
Le Département est acquis à la cause du vélo. C’est là qu’est le Vélodrome National et le siège de la Fédération Française, là où se dérouleront les épreuves de Paris 2024. Il y a aussi les trois itinéraires touristiques, la Véloscénie, la Seine à Vélo, et la Voie Verte Paris-Londres… Aujourd’hui le monde du vélo a des liens de confiance et je dirais même d’amitié avec le Département. D’ailleurs nous avons signé un partenariat sur Paris-Nice qui court jusqu’en 2025.
Partager ses expériences à vélo
Le public jeune est-il une cible pour développer la pratique du vélo au quotidien ?
Le premier frein à la pratique, notamment pour les enfants, c’est la notion de sécurité. Si vous avez une piste cyclable entièrement sécurisée, elle sera utilisée. La politique du Département des Yvelines d’installer des pistes cyclables à moins de 3km des collèges, c’est absolument parfait. Et ça ne s’arrête pas là. Par exemple, les lundis matin, avant le Départ de la seconde étape de Paris-Nice, il y a une rencontre entre Thomas Voeckler et les collégiens. Ils parlent de toutes leurs expériences à vélo. Cette initiative des Yvelines, nous l’avons reproduite toute la semaine dans les villes étapes.
Les événements comme Paris-Nice ou le Tour de France jouent un rôle dans la pratique du vélo ?
L’été prochain, le Tour de France part du Danemark. L’utilisation du vélo au quotidien y est spectaculaire. Si on organise les premières étapes là-bas, c’est que le Tour de France fait 60,4% de part de marché chez les Danois (en France il est de 39,4% en 2021 ndrl). Même la Reine du Danemark, lors des vœux de son jubilé du cinquantenaire, a cité le Tour de France et les villes étapes. Si on regarde les audiences en Europe, on se rend compte que là où l’audience est importante, c’est là où les gens se déplacent naturellement à bicyclette. Le numéro un c’est la Belgique Flamande, après c’est le Danemark et les Pays-Bas… en France, on est 4ème. Ces chiffres correspondent évidemment au fait que la bicyclette reprend sa place dans la société, comme il ne l’a plus eu depuis le début du 20e siècle.
Parfois, le choix de la bicyclette est logique
C’est important pour vous de garder cette double casquette qui partage le sport et le vélo au quotidien ?
Évidemment, voir en dehors de la compétition, les champions sur les vélos de monsieur et madame tout le monde c’est génial. Ils sont des ambassadeurs des bonnes pratiques et de la continuité du vélo, pas uniquement en performance. Il n’y a pas qu’Usain Bolt sur les pistes d’athlétisme, les gens sont nombreux à courir. En vélo c’est pareil. Et quand il y a un trajet de seulement quelques kilomètres, il faut que le vélo devienne une alternative logique.