Suite à l’incendie de Notre-Dame de Paris, l’atelier yvelinois MurAnése d’Emma Groult, fait partie des 9 ateliers de maîtres-verriers et serruriers d’art sélectionnés après appels d’offres par l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale. Elle nous raconte ce chantier hors norme qui progresse bien.
Personne n’a oublié où il était, ce qu’il faisait quand Notre-Dame de Paris s’est embrasée le 15 avril 2019.
Pour Emma Groult, maître verrier de 33 ans, le souvenir mêle l’effroi à l’urgence. Souriante, passionnée et modeste, Emma fait partie des rares restaurateurs de vitraux habilités à intervenir pour les monuments historiques et les musées de France. Alors, quand les sapeurs-pompiers ont sécurisé la cathédrale, Emma et ses collègues ont été convoqués toute affaire cessante pour sauver les œuvres.
« On était sonnés par l’événement, et on s’attendait à plus de pertes. Voir la Vierge à l’enfant intacte est une image incroyable qui me laisse encore interloquée ».
Remise en lumière
La France, pays de cathédrales, possède la plus grande surface de vitraux au monde. Emma et son équipe font partie de ceux qui les soignent, les restaurent, les remettent en lumière.
« C’est un chantier hors-norme par rapport à ce qu’on a l’habitude de voir ! On va découvrir Notre Dame comme nous ne l’avons jamais connue, lumineuse comme elle était à ses débuts. »
Dans l’atelier MurAnése de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, passent des bijoux du patrimoine datant du Moyen-Age jusqu’à des pièces d’époques plus récentes mais classées. Les œuvres proviennent d’églises, de cathédrales (Notre-Dame, Chartres, basilique de Saint-Denis…), de châteaux…
« Les vitraux de Notre-Dame dont nous avons la charge faisaient partie des plus proches du cœur du brasier. Mais ils n’ont pas trop souffert ! »
Emma s’est associée avec Claire Babet, vitrailliste d’Eure-et-Loir, pour répartir le chantier hors norme : 120 panneaux chacune qui forgent les 4 verrières de la baie haute du transept nord et du chœur de Notre-Dame de Paris.
La première phase de dépoussiérage a permis de poser le diagnostic sur la restauration à entreprendre. En plus de la poussière de l’incendie, il y a l’encrassement dû au temps, à la pollution.
« Le vitrail, c’est un puzzle que les maîtres verriers du passé nous ont transmis, avec les textures, les codes et les couleurs de leur temps. En intervenant sur ces œuvres, nous allons à notre tour laisser une empreinte pour les restaurateurs du futur. Nous sommes à la fois héritiers et transmetteurs, c’est excitant, passionnant et parfois un peu vertigineux si l’on y pense trop !», sourit Emma.
Le moment qu’Emma Groult redoute le plus ? Celui de la repose des vitraux dans leur écrin qui sera réalisée début 2023.
« Pour moi, c’est le moment le plus difficile, le plus émouvant. Nous passons tellement d’heures avec les œuvres qu’elles font partie de notre quotidien».
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