L’agence 1616prod, basée à Plaisir, a filmé en exclusivité pour le ministère de la Justice le procès du Bataclan, surnommé « V13 », le procès du siècle. Leurs images et enregistrements enrichiront les Archives nationales. L’agence yvelinoise a capté quelque 50 000 gigas d’images et plus de 1 000 heures de procès.
Il est considéré comme « le procès du siècle ». Du 8 septembre 2021 à juin 2022, les 9 mois du procès des attentats du 13 novembre 2015, surnommé « V13 », ont été intégralement filmés par 1616prod.
Des images pour l’Histoire
La société yvelinoise 1616prod est devenue une vraie référence pour la captation des procès : elle a réalisé celle de Charlie Hebdo, d’AZF, du génocide au Rwanda ou en Martinique le procès historique pour réparation de l’esclavage.
« Il y a, dans les équipes, une vraie fierté de participer à ces moments historiques. Et la responsabilité de vouloir bien faire les choses. Nos images, c’est pour l’Histoire. Avec ce travail en direct, on n’a pas droit à l’erreur, il n’y a pas de remake ! », explique David Martin, fondateur de 1616prod.
1 800 parties civiles
Le procès « V13 », a été hors norme, avec ses 1 800 parties civiles, 300 avocats, des journalistes du monde entier et 20 accusés. 15 personnes de 1616prod se sont relayées à la régie :
« On a changé d’équipe toutes les semaines, précise David Martin. Sinon, ce n’était pas possible de tenir sur la durée… ». Et une cellule d’assistance psychologique, mise en place par France Victime, était ouverte aux collaborateurs.
« Les premières semaines, avec les témoignages des victimes et des rescapés ont été particulièrement éprouvantes pour les équipes en régie ».
8 caméras et une web-radio
A chaque audience, de 12h30 à 20h, une équipe de 4 personnes de 1616prod était en régie.
Un opérateur était chargé de gérer les 8 tourelles robotisées. « Huit caméras nous ont permis d’avoir tous les axes que l’on voulait», précise David Martin qui rappelle que « tous les angles ont été validés avec le président de la cour ».
L’équipe enregistre et diffuse dans une vingtaine de salles sur place pour la presse, les avocats et parties civiles, grâce à des télévisions, des écrans géants et des enceintes.
« Un ingénieur son et un poste de production étaient également présents ainsi qu’un réalisateur web-radio pour les parties civiles qui n’avaient pas pu se déplacer », précise David Martin.
50 000 Gigas d’images
Pour cette captation exceptionnelle, il y avait plusieurs enjeux.
Un enjeu technique, tout d’abord, « parce qu’il y avait plusieurs caméras et qu’il fallait créer un flux continu du procès, sans coupe, ni montage ».
Les 9 mois d’audiences ont représenté plus d’un millier d’heures d’enregistrement, quelque 50 000 Gigas d’images pour les Archives nationales.
Et il y avait aussi un enjeu pédagogique, historique.
« Ce n’est pas tout d’enregistrer en flux continu l’intégralité du procès, il faut aussi créer des éléments qui permettent de le décrire pour que, par la suite, on puisse bien le pérenniser dans le temps et que les chercheurs puissent se retrouver dans cette masse énorme d’informations »,
conclut Martine Sin Blima-Barru, conservatrice du patrimoine aux Archives nationales.