Le Département des Yvelines a organisé, jeudi 2 février à Thoiry, ses premières Assises de l’alimentation. Pensées comme un temps de réflexion collective, elles ont vocation à créer de nouvelles synergies entre acteurs, démultiplier les initiatives locales mais aussi adapter les politiques publiques. Objectif ? Co-construire une offre alimentaire locale, durable et abordable.
« Je salue le travail qui s’ouvre aujourd’hui. Nous attendons tous beaucoup de la relocalisation alimentaire à l’échelle des territoires »,
a déclaré Christophe Hillairet, président de la chambre d’agriculture de la région Ile-de-France lors de la soirée de lancement des 1ères Assises de l’alimentation.
Faire cohabiter ruraux et urbains
Pauline Winocour-Lefevre, Vice-présidente du Conseil départemental en charge de la ruralité, a dressé, avec humour, le tableau de la cohabitation parfois difficile entre ruraux et néo-ruraux :
« Il y a une demande de produits locaux et de circuits courts, mais on refuse les serres, les hangars et les poulaillers. Surtout si un coq y chante ! Aujourd’hui, on oublie que nos exploitations agricoles sont avant tout des entreprises porteuses d’enjeux économiques et non des fermes Playmobil sans odeur, sans saveur, qui serviraient à agrémenter une campagne calme, bucolique et immobile !».
Il faut donc travailler ensemble, communiquer, partager.
Les circuits courts déchantent
Un diagnostic a été établi et présenté aux nombreux participants. Il ressort que les exploitations yvelinoises en circuit court souffrent en cette période post-Covid et enregistrent une importante baisse de la fréquentation et de leur chiffre d’affaires. L’inflation aggrave des filières déjà fragilisées, qui peinent notamment à embaucher des salariés. Le ravitaillement des cantines en produits yvelinois se heurte également à de nombreux freins et la précarité alimentaire est en augmentation.
« Nous ne ferons rien contre vous, nous ne ferons rien sans vous »
a martelé Pauline Winocour-Lefevre devant près de 200 participants.
Ces Assises vont permettre aux groupes de travail d’aborder toutes ces thématiques avec, une ambition : faire que les Yvelines parviennent à consolider, créer et développer des filières qui permettront d’alimenter les ménages (1,4 million d’Yvelinois), les élèves en restauration scolaire (près de 450 000 jeunes) et les plus précaires (environ 100 000 personnes).
Et au-delà des Yvelines, deuxième département agricole d’Ile-de-France, il y a 12 millions de franciliens à nourrir, de beaux marchés à conquérir donc.
« Nous ne réinventons pas la poudre. Au 19ème siècle déjà l’ouest francilien nourrissait Paris et l’Ile-de-France. Certes, nous ne serons jamais autonomes du point de vue alimentaire, mais nous avons des marges de progrès importantes, tout à fait réalisables ».
Conclusions des Assises en mai 2023
8 groupes d’experts mobilisés pour avancer sur 8 enjeux prioritaires
Les Assises de l’alimentation lancées, un exercice de co-construction de 4 mois s’en suivra, réunissant plus de 100 personnes réparties en 8 groupes. À échéance régulière, ces experts se retrouveront afin d’avancer de façon pragmatique sur 8 enjeux prioritaires :
1. faciliter l’approvisionnement local dans les restaurants scolaires
2. fidéliser les consommateurs sur les achats en local
3. relancer et pérenniser la production de légumes et de fruits
4. développer la filière légumineuse sur le territoire
5. soutenir la filière élevage
6. répondre aux nouveaux enjeux de la précarité alimentaire
7. Faciliter l’accès au foncier agricole
8. Soutenir et accompagner la durabilité et la viabilité des fermes
4 mois pour co-construire une offre alimentaire locale, durable et abordable
Les groupes d’experts sont constitués d’une pluralité d’acteurs déjà impliqués dans les enjeux de la résilience alimentaire (agriculteurs et leurs représentants, transformateurs et distributeurs alimentaires, associations spécialisées, élus, chambres consulaires, collectivités territoriales…).
Trois temps rythmeront le travail mené autour des Assises de l’alimentation :
1. Rencontre et cadrage (en mars)
• Prise de contact entre les participants du groupe
• Partage du diagnostic, des bonnes pratiques, des premières propositions
• Validation des objectifs opérationnels
2. Visite de terrain et approfondissement (en mars/avril)
• Visite de terrain adaptée à chaque groupe pour s’inspirer, imaginer des solutions concrètes, mieux comprendre les besoins…
• Approfondissement des propositions opérationnelles
3. Préparation des conclusions (en avril)
• Priorisation et finalisation des propositions
• Préparation de la restitution
Un temps de restitution permettra de présenter les conclusions mi-mai, en présence des élus et acteurs du territoire.
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