La micro-crèche inclusive yvelinoise « A Nos Anges » primée

SandrineGAYET

Unique, la micro-crèche « A Nos Anges » dispose de berceaux dédiés à l’accueil d’enfants dont la maman est victime de violences intrafamiliales. Fondée par Géraldine Chamouard, elle a reçu le trophée des Entreprises Solidaires – prix des Entreprises Inclusives – remis par le Club Face et le Préfet délégué à l’Egalité des Chances. A ce jour, deux sites ont ouvert : à Plaisir et à Rambouillet.

Remise prix entreprise solidaire club face lauréats – 2023. Photo Club Face 78

C’est une fierté pour Géraldine Chamouard, fondatrice des crèches « A Nos Anges » car elle se démène pour déployer ce concept inédit : la crèche inclusive pour les enfants de moins de 4 ans co-victimes de violences intrafamiliales. C’est un projet social innovant, un maillon essentiel dans l’accompagnement des victimes. « A Nos Anges » est d’ailleurs un relais pour la maison des femmes, Calypso, soutenue par le Département.

« Les mamans victimes de violences intrafamiliales ont besoin de temps pour aller déposer plainte, se rendre à l’hôpital, entamer un parcours de sortie de ces violences. Notamment le parcours d’insertion professionnel, explique Géraldine Chamouard.

Nos crèches leur apportent une solution, un répit, pour mettre le petit à l’abri le temps de mener toutes les démarches administratives, policières, judiciaires et médicales ».

« Ce dispositif de lutte contre les violences familiales est mené en partenariat avec notamment l’intervenante sociale du commissariat de Plaisir », explique la directrice.

Ce berceau dédié est né des réflexions du Grenelle des Violences conjugales de 2019 et contribue à la loi du 28 Février 2023 visant à soutenir les victimes de violences conjugales en leur facilitant un nouveau départ.

Des micro-crèches « A Nos Anges » ouvertes en 2021 à Plaisir et 2022 à Rambouillet pour accueillir 12 enfants de 8 semaines à 4 ans, dans des environnements lumineux et spacieux de 130m2, meublés avec des matériaux nobles éco-responsables, sans critère de domiciliation pour permettre aux parents de concilier vie privée-vie professionnelle.

Micro-crèche en milieu rural, à Longvilliers 12 berceaux vont arriver © CD78/N.DUPREY

Photo d’illustration : Micro-crèche © CD78/N.DUPREY

Un maillon important dans le parcours de sortie des violences intra-familiales

« En 2022, l’établissement de Plaisir a reçu 35 sollicitations de ses partenaires pour 114 demandes de jours d’accueil de 29 femmes, et accueilli 12 familles monoparentales et leurs 15 enfants co-victimes de violences intra-familiales durant 87 jours.

« Ces mères nous ont été orientées par les Intervenantes Sociales en Commissariats et par des professionnels du Conseil Départemental des Yvelines (Secteur Action Sociale, Protection Maternelle Infantile, Aide Sociale Enfance), la maison des femmes Calypso, les associations d’aides aux victimes »,

explique Géraldine Chamouard.

Une équipe très professionnelle et motivée

Chaque micro-crèche dispose d’une équipe de professionnelles diplômées et expérimentées composée d’1 Auxiliaire de Puériculture et de 3 Animatrices Petite Enfance (CAP AEPE).
La directrice et la gérante sont des professionnelles de la petite enfance, diplômées du DU de Violences Faites aux Femmes de l’université Paris 8 Seine Saint Denis sous la direction du juge Edouard Durand et Ernestine Ronai.

Les professionnelles bénéficient d’un socle de 4 jours de formation continue annuelle (Communication gestuelle «Signes associés à la parole», activités Snoezelen, les besoins fondamentaux du jeune enfant vus par les neurosciences, nature et découvertes, etc).

Des séances d’Analyse des Pratiques Professionnelles toutes les 6 semaines par une Psychologue clinicienne permettant d’échanger sur les questionnements de l’équipe et par une Référente Santé et Accueil Inclusif médecin.

Une formation sur les violences intra-familiales est réalisée par la Majore Fabienne Boulard, référente VIF Police 78 auprès de l’équipe pour comprendre les mécanismes des violences intra-familiales et leurs conséquences sur les enfants co-victimes.

Permettre aux enfants co-victimes de « redevenir des enfants »

« Les violences subies par la mère impactent le développement de l’enfant et son lien d’attachement car elle n’est pas psychiquement disponible pour s’occuper de lui et répondre au besoin de sécurité nécessaire à le rassurer. Elles ont souvent de grandes difficultés à établir un lien mère-enfant »,

observe la directrice de A Nos Anges.

« Ces enfants se caractérisent par des modèles d’attachement insécurisant : ils sont peu effrayés par ce nouveau lieu inconnu, habitués à ne pas trop solliciter l’adulte pour répondre à leurs besoins (ils pleurent peu). Ils développent une hyper-adaptabilité, ne comptant que sur eux malgré leur très jeune âge. Nos équipes veillent à instaurer une relation de confiance tant avec la mère que l’enfant pour renforcer leur lien et sentiment de sécurité.