Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent des cancers féminins et représente un tiers de ces derniers. Chaque année, il fait l’objet d’un programme national de dépistage organisé afin d’être détecté précocement et d’en réduire la mortalité : Octobre rose.
Avec près de 60 000 nouveaux cas et 12 000 décès par an, il est la 1ère cause de décès par cancer chez la femme. Selon les chiffres de Santé Publique France, 1 femme sur 8 sera touchée par un cancer du sein au cours de sa vie. À l’occasion de la 31ème campagne d’Octobre Rose, Alice Huynh, médecin référent au Centre de Santé Sexuelle (CSS) de Versailles, a accepté de répondre à nos questions sur le rôle de prévention du Département et sur le cancer du sein.
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Comment définiriez-vous la campagne annuelle d’Octobre rose ?
Octobre Rose, c’est la campagne annuelle de communication destinée à sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein et à collecter des fonds pour la recherche. Le dépistage débute, pour la majorité des femmes, à partir de 20 ans ou 25 ans, selon les sources, à l’occasion du suivi annuel.
À partir de 50 ans, c’est la mammographie qui est proposée tous les 2 ans et jusqu’à 74 ans. C’est un bon moyen de sensibiliser la population au risque de cancer du sein et l’importance de soutenir ceux qui sont touchés par la maladie et leurs aidants.
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Combien de personnes sont touchées par le cancer du sein en France ?
Si 900 000 personnes sont atteintes en France, 80% des cancers du sein se développent après 50 ans, d’où la proposition de démarrer les mammographies à cet âge-là. Ce cancer est généralement plus facile à traiter avec moins de risques de séquelles, un meilleur résultat thérapeutique et une augmentation des chances de guérison. Les hommes peuvent aussi développer un cancer du sein, mais ils sont très rares et représentent moins de 1 % du nombre total de cancers du sein.
À défaut d’oser la mammographie, osez venir nous voir et on s’occupe du reste !
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Pourriez-vous nous expliquer votre rôle et celui du Centre de Santé Sexuelle du Département ?
Il y a huit centres de santé sexuelle sur le département qui proposent des consultations de gynécologie préventive. Nous y réalisons le suivi gynéco des patientes avec la reprise des antécédents, l’interrogatoire sur d’éventuelles plaintes ou questions des patientes, puis l’examen clinique.
L’examen clinique annuel comprend la palpation des seins, à la recherche de masse suspecte, de ganglions ou d’anomalie qui pourrait nous faire redouter un cancer du sein. Il est complété par l’examen « du bas », avec éventuellement le dépistage du cancer du col de l’utérus, par frottis ou test HPV.
Nous assurons des consultations de contraception, de dépistage ou traitement des IST, et d’IVG médicamenteuse jusqu’à neuf semaines, les consultations de première ligne pour des douleurs de règles et suspicion d’endométriose, ou encore les douleurs lors des rapports. Nous prenons très à cœur notre rôle au service des yvelinoises dans le dépistage du cancer du sein.
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Quel rôle détient le Département en termes de prévention pour limiter l’apparition du cancer du sein ?
Il s’inscrit dans cette campagne comme acteur du dépistage, par nos consultations de suivi, par la prescription des mammographies de dépistage et les échanges que nous pouvons tenir avec nos patientes autour de cette problématique.
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Comment évolue la participation des femmes au programme de dépistage ?
Depuis 2004, le programme de dépistage organisé du cancer du sein français invite tous les deux ans les femmes de 50 à 74 ans à effectuer un examen clinique des seins et une mammographie de dépistage. Il est coordonné par les CRCDC, Centres Régionaux de Coordination de Dépistage des Cancers.
En 2020, avec le confinement et l’arrêt des invitations par les CRCDC, le taux de participation avait chuté dans toutes les tranches d’âge et tous les départements. Si le taux de dépistage avait repris en 2021, il stagne autour de 50%, malgré les invitations des CRCDC.
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Comment savoir si je suis concernée ?
Le cancer du sein survient majoritairement chez les femmes de plus de 50 ans ne présentant pas de facteur de risque particulier, comme des antécédents personnels de cancer du sein . Pour ces femmes, un programme de dépistage organisé est proposé jusqu’à 74 ans. Des antécédents familiaux de cancer du sein ou de l’ovaire peuvent cependant constituer un facteur de risque plus élevé de cancer de sein.
Dans ce cas, le dépistage nécessite plus d’éléments que l’examen clinique et la mammographie. Après 75 ans, il n’y a plus de suivi dans la cadre du dépistage organisé. Cependant, en fonction des risques identifiés avec le médecin ou la sagefemme qui vous suit, il est important d’établir les meilleures modalités de suivi et d’identifier l’intérêt de continuer à pratiquer des mammographies.
En cas de doute, la meilleure solution est d’en parler à votre médecin, votre gynécologue ou votre sage-femme, ou de venir en consultation médicale dans nos centres pour avoir un avis adapté à votre situation.
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Comment se déroule un dépistage et à quelle fréquence faut-il le réaliser ?
Cette radiographie des seins est réalisée avec deux angles de vue différents, c’est-à-dire qu’on fait deux radios de chaque sein. Dans le cadre du dépistage, ces radios sont relues par deux radiologues agréés. En cas de résultats suspects, on propose à la patiente un bilan diagnostique immédiat.
Les hommes peuvent aussi développer un cancer du sein, mais ils sont très rares et représentent moins de 1 % du nombre total de cancers du sein.
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Comment limiter les risques de développer un cancer du sein ?
Parmi les facteurs de risque de cancer du sein liés au mode de vie et à l’environnement, certains peuvent être réduits en adoptant des habitudes de vie saines. Il est recommandé de limiter sa consommation d’alcool et de tabac. L’augmentation du risque de cancers du sein est significative dès une consommation moyenne d’un verre par jour.
Le surpoids et l’obésité sont des facteurs de risque de cancer du sein qui peuvent être améliorés par une alimentation saine et équilibrée et une activité physique régulière. L’allaitement, lorsqu’il est possible et souhaité, participe également à diminuer le risque de cancer du sein.
Enfin, l’exposition aux hormones, notamment à certaines périodes de la vie, peut augmenter le risque de cancer du sein.
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Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui n’osent pas franchir le pas ?
À défaut d’oser la mammographie, osez venir nous voir et on s’occupe du reste ! Aujourd’hui, en France, 1,3 million de femmes de 50 à 74 ans n’ont jamais été dépistées. Plusieurs freins traduisent ce chiffre tels que l’absence de symptômes, la peur d’avoir mal, la peur du diagnostic ou encore le manque d’information… Mais aussi la charge mentale des femmes qui font passer leur suivi médical à la fin de leur to-do list.
Si vous craignez de franchir le pas du dépistage, venez au moins en parler avec nous : posez vos questions et confiez vos doutes et vos craintes. L’équipe pluridisciplinaire des Centres de Santé Sexuelle fera au mieux pour vous soutenir et vous accompagner dans ce pas important pour votre santé, votre bien-être et votre vie de femme.