« L’éducation, c’est la clé » : entretien avec deux chercheuses récompensées pour leur parcours scientifique dans les Yvelines

MelindaCORREIA

Élodie Germani et Gabriela Caballero-Vidal, chercheuses dans des établissements d’enseignement supérieur Yvelinois, ont été récompensées par la Fondation L’Oréal-UNESCO, mercredi 9 octobre. Elles ont accepté de revenir sur leur expérience et évoquer la volonté du Département, de soutenir l’enseignement supérieur

Élodie Germani (à gauche) et Gabriela Caballero-Vidal (à droite). ©Fondation L'Oréal – Richard Pak

Élodie Germani (à gauche) et Gabriela Caballero-Vidal (à droite). ©Fondation L’Oréal – Richard Pak

Nous sommes en 2024… Et la place des femmes dans la science progresse trop lentement. Selon l’UNESCO, elles représentent 29% des chercheurs en France contre 33 % à l’échelle mondiale. Dans le domaine de la recherche, l’écart persiste : seulement 14% des hautes fonctions académiques sont occupées par des femmes en Europe.

Deux jeunes chercheuses inscrites dans des établissements d’enseignement supérieur Yvelinois, Élodie Germani et Gabriela Caballero-Vidal, ont été récompensées par le Prix Jeunes Talents France L’Oréal-UNESCO. Un programme qui a distingué plus de 4 000 jeunes femmes scientifiques.

C’est le cas d’Élodie Germani, doctorante en Intelligence Artificielle, dont les recherches permettront de proposer aux médecins des méthodologies pour améliorer la compréhension de l’imagerie. De son côté, Gabriela Caballero-Vidal, doctorante en Écologie, souhaite développer des solutions innovantes et durables pour lutter contre les moustiques, et de réduire le risque de transmission de maladies aux humains.

Ces deux femmes ont un point commun : elles ont effectué une partie de leurs études dans les Yvelines. L’une à l’Université de Saint-Quentin-en-Yvelines et l’autre à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE).

Le Département des Yvelines est engagé de longue date dans le soutien des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, visant à conforter l’innovation dans ce secteur. Il a réalisé des investissements ambitieux, à hauteur de plus de 200 millions d’euros, dont notamment l’installation de trois laboratoires des Mines Paris à Versailles-Satory, l’extension du site Ix Campus à Saint-Germain-en-Laye par l’intermédiaire de la SEM Yvelines Développement, l’IUT de Mantes-la-Jolie ou encore l’IEP de Saint-Germain-en-Laye.

Afin de maximiser l’impact de cette implantation sur le territoire et de renforcer les politiques publiques, le Département a formalisé des conventions de partenariat avec l’école des Hautes Etudes Commerciales – HEC ou encore les Mines Paris PSL.

À l’occasion d’un entretien à la veille de leur remise de prix, ces deux chercheuses ont accepté de revenir sur leur expérience et l’engagement du Département dans le domaine de l’éducation.

Entretien avec Élodie Germani et Gabriela Caballero-Vidal

Pourquoi avoir choisi de candidater pour ce prix ?

Elodie Germani : Grâce à mes directrices de thèse, très engagées sur le sujet de l’égalité homme-femme. J’ai tenté, sans espoir. Je n’en attendais pas plus que ça. Et finalement, en juin, j’ai reçu ce fameux coup de fil où l’on m’annonce que je suis sélectionnée. Depuis, ma vie a changé.

Gabriela Caballero-Vidal : Grâce à des connaissances et aux réseaux sociaux. J’étais très motivée, car ça récompense le travail de recherche de plusieurs années et met en avant mon profil et ma carrière. Leur engagement envers les femmes et la Science était aussi une motivation. Et je suis honorée d’avoir été sélectionnée.

Selon vous, que peuvent apporter les femmes à la science ?

E.G : La diversité de points de vue. Ça nous permet d’orienter la recherche vers des problématiques parfois sous-estimées et sous-traitées, parce qu’il n’y a pas suffisamment de femmes qui sont décisionnaires dans ce domaine.

G.C-V : Les femmes apportent des visions différentes. On a besoin de ça. On parle de changement climatique, de transition énergétique… Et c’est indispensable d’avoir le regard des femmes sur ces sujets.

Avez-vous rencontré des difficultés dans votre carrière en tant que femme ?

E.G : Je me suis parfois posée des questions. Je me suis dit : « Est-ce que l’on ne m’a pas sélectionnée juste pour le fait que je sois une femme ? ». J’ai longtemps douté de ma légitimité et de mes capacités. Une sorte de syndrome de l’imposteur. Certains de mes camarades m’ont déjà dit : « C’est dingue, je ne pensais pas que tu étais intelligente ». Alors ce prix m’a permis de reprendre confiance en moi.

G.C-V : Je viens d’Amérique du Sud, d’un pays où il y a beaucoup de difficultés pour les femmes, notamment dans le domaine de la Science. J’ai subi du sexisme et des inégalités salariales au cours de ma carrière. Il faut lutter, mais ce n’est pas un frein pour changer les choses. Et ce prix est l’une des façons de surmonter une partie de ces difficultés.

Pourquoi avoir choisi d’étudier dans un établissement d’enseignement supérieur Yvelinois ?

E.G : Mon père habite à Trappes et ma mère résidait, à l’époque, près de la ville de Rambouillet. Alors étudier à l’UVSQ était dans un premier temps un choix géographique.

G.C-V : L’INRAE de Versailles est un établissement de pointe avec des technologies et des chercheurs de qualité, très reconnu en France dans le domaine de l’écologie et des insectes.

Le Département des Yvelines soutient un secteur clé, l’enseignement supérieur, véritable moteur de l’attractivité économique du territoire. Cela se traduit par une politique d’investissement très ambitieuse pour l’innovation et la recherche. Que pensez-vous de ces démarches ?

E.G : C’est très positif. C’est important d’inclure les collectivités dans ces projets. Ce sont peut-être des financements qui leur serviront dans le futur. En tant que chercheurs, nous sommes ravis que les collectivités s’intéressent à nos projets.

G.C-V : C’est très important d’investir. On forme la future génération qui va prendre en charge toutes les thématiques, qui vont peut-être changer le monde. L’éducation c’est la clé. Je suis ravie d’entendre que le Département des Yvelines soutient les établissements d’enseignement supérieur, dans la recherche et l’innovation.

Que diriez-vous à une jeune fille qui souhaite s’engager dans le domaine de la recherche ?

E.G : Ne restez pas bloquée sur des stéréotypes, de genre ou de milieu. Renseignez-vous, ouvrez-vous à d’autres horizons que ceux que vous connaissez déjà, et cherchez à trouver la voie qui correspond le plus à vos attentes mais aussi à votre personnalité.

G.C-V : En tant que femme, on croit parfois que l’on n’est pas faite pour ça. Il faut balayer les stéréotypes, nous sommes capables de tout faire. Il ne faut pas hésiter, ne pas avoir peur, car le monde nous appartient. Mais tout ça dépend aussi de la société.