Sur le fil par Compagnie Nacera Belaza

Plus qu’un spectacle, il s’agit de venir
assister à un rituel, à la fois expérience
hypnotique et exercice spirituel.
Les spectateurs comme les danseuses seront sur le fil,
un fil qui serait un équilibre entre lâcher prise, abandon
et élévation de la conscience, pour que le mental et
le corps cèdent et ne représentent plus une barrière.
Les danseuses ici habitées d’un feu intérieur,
d’une sorte de transe, leurs corps, soustraits à toute
action volontaire, deviennent tourbillon, elles apparaissent,
disparaissent, et ne sont plus que des traces vibrantes
venant témoigner de l’acuité de leurs présences face
à ce qui s’efface, au défi du vide. Des femmes qui
jaillissent comme des flammes dans un cercle de
lumière et se relaient pour entretenir le feu d’une danse
qui est l’affirmation jubilatoire de notre condition humaine.
Échapper à soi pour devenir réceptif à l’extrême,
Nacera Belaza s’adresse aux spectateurs comme à ses
danseuses, comme à elle même, à cette part de l’être
que nous partageons tous, qui est hors des conditionnements
de classes, de genres, d’âges ou de « races ». Comme si le
corps qui danse ne pouvait s’animer qu’à partir d’un geste
qui recouvre à lui seul le mystère de la présence humaine
pour renouer les liens perdus à ce qui nous entoure avec
l’allégresse de l’enfance.
Et la lumière baissant, on ne parvient plus à les
différencier, sont-elles deux, trois, la même ou une multitude,
peu importe, elles sont comme nous, cette vie, cette
puissance d’être qui tourbillonne coûte que coûte dans
un mouvement perpétuel sous le soleil ou dans la nuit.