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L’Art du détournement
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L’on peut penser que tout a déjà été fait et refait en termes de détournement artistique. Une fois encore, l’exposition proposée par la galerie À l’Écu de France vient contredire les idées reçues avec ses nouveaux explorateurs de l’art du décalage.
Acier, papier, étiquettes, fil de fer, tissu, verre ou bois … la liste des composants livrés aux mains des artistes plasticiens est sans fin. À l’instar de la liberté d’interprétation, de la poésie et de ce brin d’humour qui habitent le travail des sept artistes réunis jusqu’à fin février dans la galerie viroflaysienne.
Infatigables chineurs, ils explorent casses, brocantes, greniers, plages ou marchés jusqu’à trouver l’élément qui prend corps dans leur imaginaire pour mieux interpeller le nôtre.
Quand Michaël Dullin du Labo’M Desinvolt assemble et éclaire des pièces mécaniques ou des outils destinés à la destruction, ce n’est pas juste pour coller à la norme écologique du recyclage. Ses sculptures lumineuses sont à la fois les témoins d’un passé industriel quasi disparu et un clin d’œil aux créatures robotisées de la science-fiction.
Avec ses bandes magnétiques de cassettes vidéo ou audio, découpées, enroulées et cousues, Nawelle Aïnèche, nous démontre que d’autres matériaux, qui ne sont pas le tissu, peuvent habiller un corps. Quand ses épingles et ses aiguilles de couturières suivent le contour sensuel d’un visage, c’est pour le transformer en masque du troisième type à la fois agressif et défensif.
C’est un autre chemin de poésie qu’emprunte Cécile Bouvarel avec ses verres roulés par les vagues et ses bois flottés cueillis sur les rivages normands. Retravaillées ou pas, ses « reliques » plantées dans le mortier comme des tesselles, forment des mosaïques réenchantées. Comme elle, Valérie Guilbert, redonne vie aux vieux morceaux de bois et autres matériaux rouillés et délaissés par l’Homme. Sur sa toile cohabitent les objets surannés, les pigments aux teintes terreuses comme autant d’histoires passées et réinventées au présent.
Les explosions immobiles provoquées par le sculpteur JPhi font, quant à elles, dialoguer la solide malléabilité du fil de fer avec la fragile dureté du verre. Dans sa série ÉCLATS, l’artiste met en suspension les fragments d’une bouteille capturés dans ses toiles de métal pour offrir des arrêts sur image instantanés.
Tout aussi métallique, l’aluminium des 90 000 canettes ramassées en dix ans, au détour des rues et des chemins, est devenu pour CanB son matériau de prédilection. Découpés, assemblés et agrafés, ses milliers de « pixels de métal » redonnent vie à des animaux disparus ou en voie d’extinction, au rythme de son engagement et de ses préoccupations environnementales.
Enfin, l’imaginaire décalé de Chaix et sa « légufrulabélosophie » semblent tout droit sortis d’un manuel de pataphysique digne d’Alfred Jarry. Composées de milliers d’étiquettes de fruits et de légumes, patiemment collectées, voire chapardées, sur les étals des marchés, ses œuvres ciselées font exploser sur la toile autant de paysages et de visages surréalistes et colorés.
Laissez-vous séduire par ces œuvres oniriques et parfois visionnaires de ces nouveaux explorateurs pi rates de l’art.
Entrée libre