La petite entreprise, créée il y a trois ans à Versailles par Albane Liger-Belair et Zeina Egho, a importé plus de 200 000 produits de Syrie en 2016. Son histoire est racontée partout.
Le Figaro, Le Point, des radios, des télés… Presque tous les grands médias français ont raconté l’histoire d’Al Bara, cette marque qui distribue des savons d’Alep fabriqués en Syrie. « Nous avons même des demandes de médias internationaux. Notre activité est pourtant encore modeste », raconte Albane Liger-Belair qui a fondé l’entreprise avec Zeina Egho il y a trois ans à Versailles.
L’essor de la marque, qui a importé plus de 200000 produits l’an dernier contre 40000 en 2015, est indéniable. Mais, surtout, l’aventure d’Al Bara contient tous les ressorts d’une belle histoire.
Exil forcé. «Je suis partie de Syrie en mars 2012 avec mes deux enfants en pensant que la guerre ne durerait que quelques mois», raconte Zeina Egho. Son mari, Directeur d’usine, finit par les rejoindre à Versailles. La famille a tout perdu.
Un savoir-faire millénaire
Résilience. Zeina donne des cours de basket à Versailles, trouve un emploi de surveillante dans un lycée, au Chesnay. Elle rencontre Albane, leurs enfants sont amis. À l’époque, la Versaillaise est Directrice marketing d’une grande entreprise de conseil. Les deux femmes deviennent inséparables.
Naissance. La guerre fait toujours rage à Alep. Les migrants ont mauvaise presse. «Je voulais aider mes amis et le reste de ma famille restés là-bas, et montrer que les Syriens ne viennent pas en France pour profiter du système. »
Le souvenir du grand-père, maître-savonnier, est la source d’inspiration. La filière des savons d’Alep, un savoir-faire millénaire, emblématique de la région, a été anéantie. Il s’agit de la reconstruire. Pour le marketing, le réseau d’Albane fait son oeuvre. Pour les producteurs, c’est celui de Zeina. Mais il y a des obstacles : la réticence des banques face à la nationalité syrienne, le racket entre Alep et le port de Lattaquié, les contrôles très longs au port du Havre…
Persévérance. « On a mis à contribution beaucoup de monde», souffle Albane. Aujourd’hui, la marque fait vivre plus de 60 personnes, dont une quinzaine de maîtres-savonniers et les 18 salariés de l’atelier d’emballage d’Alep. « Il y a du potentiel sur le marché international. Nous travaillons sur des pierres ponces, des éponges et des coffrets pour hommes.» On n’a pas terminé de parler d’Al Bara.
Savons d’Alep et pierres d’Alun
Al Bara distribue des savons solides et liquides et de la pierre d’alun, extraite dans la région d’Alep, dans un réseau d’une quarantaine de boutiques qui grandit chaque jour (Nature et Découvertes, le BHV, mais aussi la Ferme de Gally et bien d’autres).