Au Bout du Monde avec la Ligue pour la protection des oiseaux

JulietteBENCIVENGO-MEUNIER

Dimanche 29 janvier 2023, une dizaine de participants assistait à une sortie nature « comptage des oiseaux d’eau ». Accompagnée par un animateur de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), c’est à l’espace naturel sensible (ENS) du biotope du Bout du Monde, à Epône, que nous les avons suivis. L’occasion pour le public de découvrir les espèces hivernant dans cette zone humide dont l’intérêt n’est plus à démontrer, pour une matinée riche d’enseignements.

Thomas Forez, animateur LPO, explique comment reconnaître certaines espèces © Nicolas DUPREY / CD 78

Thomas Forez, animateur LPO, explique comment reconnaître certaines espèces © Nicolas DUPREY / CD 78

Jumelles au cou, bonnet vissé sur la tête, gants bien chauds, c’est harnaché que le petit groupe s’est courageusement élancé dans le givre de cette fin janvier, profitant de la lumière rasante du matin d’hiver. Thomas Fichez travaille comme animateur nature pour la LPO depuis quatre ans. Il accompagne et guide les ornithologues amateurs :

il faut être précis au niveau de la recherche de couleur des oiseaux, il y a aussi le caractère de l’animal et comment il se déplace. Là par exemple, un oiseau qui grimpe sur l’arbre à la manière des pics, à la verticale en tournant autour de l’arbre, il n’y a pas d’autre espèce qui se comporte comme ça : on est sûr qu’il s’agit d’un grimpereau. A l’inverse vous avez un autre oiseau, la sittelle torchepot, caractéristique avec son poitrail orangé et son dos bleu, qui, elle, descend des arbres en tournant autour également, mais la tête en bas. On apprend à les reconnaître avec le temps et un peu d’exercice. Alors on les reconnaît avant même de les voir grâce à leur chant ou à leur cri qui leur sert à communiquer. Pour les oiseaux d’eau que nous allons observer, on sera plus sur la vue que sur l’oreille

Les participants cheminent vers le premier point d'observation © Nicolas DUPREY / CD 78

Les participants cheminent vers le premier point d’observation © Nicolas DUPREY / CD 78

 

Un déclin à nuancer

C’est donc parti pour l’observation matinale au biotope du Bout du Monde, dont le cœur est une petite île inaccessible au public, ce qui garantit une tranquillité totale aux espèces. De fait, le site du Bout du Monde, classé en zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique, floristique (ZNIEFF) ainsi que sa fragilité justifient amplement la mise en place d’une véritable réserve interdite au public, entérinée par l’arrêté préfectoral de protection de biotope (APPB), unique dans les Yvelines.

En cheminant vers les observatoires, un participant s’enquiert auprès de Thomas Fichez de la baisse de la population des oiseaux : « d’un site à l’autre on ne remarque pas forcément le déclin, ce sont nos collègues chargés d’études qui nous communiquent les données qui sont à la baisse en effet. Mais il faut être nuancé : dans certains endroits, les populations croissent au contraire, et on a certaines espèces un temps proches du danger qui sont revenues à des niveaux plus stables. Globalement malgré tout, les populations déclinent et on a des programmes – comme pour les moineaux par exemple – destinés à améliorer la situation sur certains types d’espèces ».

Un couple de Fuligules Morillon © Nicolas DUPREY / CD 78

Un couple de Fuligules Morillon © Nicolas DUPREY / CD 78

Voilà le premier point d’observation qui apparaît au détour du chemin et avec lui un couple de fuligules morillon – des canards plongeurs –, plutôt statiques en raison du froid et de l’eau, prise dans une fine pellicule de glace. Non loin, un groupe de « 54 mouettes rieuses », précise Thomas Forez. Ebahis par le degré de précision, les participants rient, comme pour masquer une gêne : ils auraient été bien embarrassés s’il leur avait fallu donner un nombre !

« On compte les oiseaux à vue de nez. Ensuite, si l’un s’envole et qu’un se pose, on ne le compte pas, ne sachant pas si c’est celui qui vient de s’envoler ou un autre individu ».

Les jumelles en mains pour les uns, la longue-vue de la LPO pour les autres, les participants s’en donnent à cœur joie, et étudient les oiseaux d’eau, plutôt rares en cette glaciale matinée.

Une petite fille observe les oiseaux à la longue vue © Nicolas DUPREY / CD 78

Une petite fille observe les oiseaux à la longue vue © Nicolas DUPREY / CD 78

Au second observatoire, c’est une oie Bernache qui ravit les ornithologues débutants : mal à l’aise sur la glace, l’oiseau hésite, bouge une patte, puis l’autre, pour finalement se mettre en position d’attente. Les discussions vont bon train : on apprend que l’oie Bernache est un oiseau qui a été introduit en France pour l’ornementation des parcs, et qu’ils y sont restés de force, les premiers individus ayant eu leurs ailes coupées. Une petite fille commente : « ils sont méchant, les gens qui ont fait ça ! ». La relève de la LPO est assurée !

Le groupe investit un point d'observation © Nicolas DUPREY / CD 78

Le groupe investit un point d’observation © Nicolas DUPREY / CD 78