Métier d’avenir, le vélo représente une économie de 3 milliards d’euros. Un secteur en croissance qui manque de main-d’œuvre. Pourtant les formations existent et offrent de nombreuses opportunités.
Vélotaf, VAE, Fixie… Ces termes ne vous disent rien ? Pourtant ils sont le nouveau vocabulaire du vélo. Face aux besoins écologiques et à l’évolution des mobilités en zone urbaine, le vélo retrouve une place dans le quotidien des Français. En constante augmentation, une étude de l’association Vélos & Territoires dévoile une progression de 7% entre 2019 et 2020. Et cela en comptant les mois de confinement. Sans avril et mai, la progression atteint le chiffre incroyable de 29%, soit près d’un tiers d’augmentation.
Cette progression n’est cependant pas sans conséquence. « J’aimerais déjà avoir des pièces pour travailler », rigole un vélociste de Sartrouville. Effectivement, l’engouement cyclable est tel que l’industrie ne suit pas le mouvement. La marque japonaise Shimano n’a pas augmenté sa production face à la demande. Maintenant, les stocks sont faibles. De l’autre côté, les vélocistes sont eux aux abois et manque aussi de main d’œuvre. Il faut parfois plusieurs mois d’attente pour obtenir un rendez-vous.
Trois mois pour se former au métier du vélo
Par la force des choses, les métiers du vélo deviennent des secteurs en tension. « Cela fait 20 ans que le monde du vélo est en pénurie chronique de main-d’œuvre », analyse Grégoire Billette, Secrétaire général de la filière 2 roues au Conseil National des Professions de l’Automobile (CNPA). « Avec le boom actuel, c’est encore plus visible », ajoute le spécialiste.
Selon lui, l’image des métiers du vélo souffre d’un manque de reconnaissance : « Le métier de vélociste, c’est un vrai métier. Ce n’est pas une chose que tout le monde peut faire ».
Pourtant, devenir vélociste est loin d’être simple. Depuis la loi n° 96-603 du 5 juillet 1996, il est considéré comme un métier artisanal. Il nécessite une formation complète pour permettre à bien connaître le secteur. « Ce n’est pas une formation de 10 ans », confie le responsable du CNPA, « mais il faut au moins trois mois de théorie et une année pratique. Juste pour être formé au métier de mécanicien cycle ». Ces formations sont dispensées par l’INCM et organisées par le CNPA. Onze sites en France sont concernés, dont le Campus des services de l’automobile et de la mobilité à Guyancourt.
Jeune en formation ou reconversion, les profils sont surtout passionnés
Amélie Utzamn vient de Rouen une semaine par mois au Campus de Guyancourt. « Je n’étais pas comblée dans ma vie professionnelle. J’ai cherché ma voie. J’ai tenté de devenir professeur des écoles, mais j’ai stoppé. Je me suis recentrée sur moi-même et la solution a été évidente : le vélo que je pratique quotidiennement », explique l’étudiante. Si Amélie ne connait pas le métier, elle se lance dans le milieu associatif. Elle participe ainsi à des ateliers de réparations et découvre le métier en l’enseignant à des particuliers.
« Je préférais faire moi-même plutôt que de faire apprendre. Alors j’ai fait le choix de me lancer dans une formation de mécanicien cycle », confie-t-elle.
À l’instar d’Amélie, en pleine reconversion, les personnes qui se lancent dans le métier ont des profils très variés. Jeunes diplômés, personne suivie par Pole Emploi… Tous ont une passion commune, celle du vélo. « Ce sont avant tout des gens qui aiment le vélo et qui souhaitent ouvrir leur propre magasin », explique Grégoire Billette. Et il est nécessaire d’être animé par la flamme. « Il faut connaître tous les modèles, toutes les marques. Dans l’économie du vélo, la marque va vous vendre le vélo et après vous vous débrouillez. Pour l’entretien et les pièces détachées, il n’y a pas de suivi contrairement à l’automobile », analyse le responsable du CNPA. « C’est une recherche de connaissance qui doit s’apprendre, c’est un savoir-faire », conclut-il.
3 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 95% de réussite
Aujourd’hui, le marché du vélo c’est 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Pourtant, l’achat de cycles n’a progressé que de 2% en 2020. De l’autre côté l’utilisation du vélo et le chiffre d’affaires a fait un bond spectaculaire de 25% selon le CNPA. Une progression qui s’explique par la volonté des utilisateurs à acheter des VAE et des vélos de qualité, donc plus cher.
Autrement dit, les gens ont besoin d’artisan pour l’entretien et pour l’achat de vélo solide à entretenir. D’ailleurs un tiers du chiffre d’affaires correspond à l’achat d’accessoire et un autre tiers l’achat de Vélo à Assistance Électrique (+29% en un an). Le besoin de main d’œuvre est donc de plus en plus marqué. Aujourd’hui, les formations offrent un taux de réussite de 95% au diplôme de mécanicien cycle. Un résultat conséquent mais pourtant inférieur au taux d’employabilité du secteur qui lui frôle les 100%.