Le 28 janvier 1873 naît Sidonie-Gabrielle Colette. Elle voit le jour dans une famille modeste de l’Yonne, loin de penser au grand avenir qui sera le sien. Un biopic, réalisé par Wash Westmoreland, est sorti au cinéma en janvier 2019. Retour sur le destin d’une femme d’influence.
Parmi les femmes de lettres française connues à travers le monde, Colette, Gabrielle de son prénom, est l’une des plus grandes. En 1945, l’écrivaine sera élue à l’Académie Goncourt avant d’en devenir présidente pour quelques années. C’est la seule femme de l’Histoire à avoir occupé cette place.
Colette : une femme de référence
Colette a laissé une large empreinte dans la culture française et aujourd’hui encore, elle est lue par de nombreuses générations. Nous connaissons tous Colette, même sans le savoir : les cols Claudine, c’est (un peu) elle. En effet, l’origine littéraire de ce col renvoie au premier roman de Colette : « Claudine à l’école », inspiré de ses jeunes années. Sur la couverture de ce dernier, Colette apparait vêtue de ce col.
Colette a écrit toute une série de romans à succès que son mari, Willy, influent dans les Salons, signait de son propre nom. C’est tout ce sujet qu’a choisi le réalisateur Wash Westmoreland pour son biopic sobrement intitulé « Colette ». Résolument britannique, l’actrice Keira Knightley tient le rôle titre : il faut donc écouter Colette en anglais mais la lire en français. Le film revient sur la relation entre Colette et Willy. Ce dernier est un écrivain à succès qui court les réceptions (et les jupons)… Mais qui n’écrit pas ! Il est célèbre dans le tout Paris de la fin du 19ème siècle pour employer des « prête-plume »… Dont Colette fera partie, alors inconsciente de son talent. Pourtant, sa série de « Claudine » se vend jusqu’au bout des stocks, au point qu’il faut sans cesse refaire des tirages.
Le film « Colette » nous montre une jeune femme qui vit dans l’ombre d’un mari avare de reconnaissance, mais une jeune femme qui, petit à petit, au fil de ses rencontres, reprendra le pouvoir de sa vie en montant sur scène, en quittant son mari et en signant ses livres.
Le film en costume est totalement maîtrisé et donne à voir une période très précise plutôt que le récit détaillé de toute une vie (la complexité même d’un biopic). « Colette » revient sur la naissance d’un personnage : le passage de Gabrielle, la jeune fille campagnarde à Colette, la femme et l’artiste libérée. Ce n’est qu’une infime partie de l’histoire de l’écrivaine qui continuera tout au long de sa vie à bousculer les moeurs et s’affranchir des codes.
Un réalisateur passionné
Si Wash Westmoreland a permis à l’actrice américaine Julianne Moore de remporter un Oscar grâce à son film « Still Alice » en 2015, le reste de sa filmographie n’est pas vraiment tourné vers le grand public. « Colette », est le film qui ressemble à un aboutissement dans sa carrière. En effet, il rêvait de lui consacrer une oeuvre. En 1999, avec son compagnon Richard Glatzer, il lit toute l’Oeuvre de Colette et les biographies la concernant. C’est grâce à ces lectures approfondies que le réalisateur détermine la période qu’il abordera dans son film : Colette le phénomène de société, Colette la femme qui cherche l’indépendance.
« Colette » est l’oeuvre la plus ambitieuse de Wash West qui travaille maintenant seul, suite à la mort de son compagnon en 2015. Le film nous offre une porte d’entrée sur l’Histoire de la fin du 19ème et le début du 20ème siècle. Rempli d’émotions et de personnages singuliers, « Colette » est toujours à l’affiche au cinéma et n’attend que vous !
Colette à Méré
Comme souvent chez les grands artistes, Colette a eu une période yvelinoise. De 1929 à 1931, l’écrivaine réside à La Gerbière à Méré. C’est d’ailleurs dans cette maison que Colette écrit son roman « Sido » (le prénom de sa mère, Sidonie), dans lequel elle revient sur la fin de son enfance et la recherche de son identité à travers son hérédité. Colette a habité plusieurs maisons à Méré, notamment La Pastorale.
Dans « Pour un herbier » et « En pays connu », Colette évoque Le Désert de Retz à Chambourcy. Elle militera d’ailleurs activement pour la sauvegarde du domaine. Ce dernier sera classé le 9 avril 1941 et marquera l’aboutissement de son engagement. C’est dans les jardins et autres paysages verdoyants yvelinois que Colette puise une partie de son inspiration.
De par sa vie remplie de frasques et sa réputation sulfureuse, l’Église catholique lui refuse l’enterrement religieux en 1954. La France l’honore et organise des obsèques nationales. Avant Colette, la République n’avait accordé ces obsèques qu’à une seule femme : Sarah Bernhardt.
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