Avant gardiste, naturelle, et d’une beauté sans pareil, la Comtesse du Barry, favorite du roi, s’est imposée à Versailles. Retour sur le destin d’une femme de mode que rien ne prédestinait à la Cour.
Seconde favorite de Louis XV, amie des Lettres et des Arts, Jeanne Bécu dite aussi de Cantigny ou Mademoiselle de Vaubernier, comtesse du Barry, naît le 19 août 1743 dans une famille de haute domesticité attachée à la cour de Lorraine, à Lunéville. Elle reçoit une éducation soignée chez les dames de Saint-Aure et entre ensuite au service d’une famille noble où elle acquiert aisance et manières raffinées.
À dix-sept ans, elle est vendeuse dans une luxueuse boutique de mode. « Aux traits galants », rue Saint-Honoré à Paris où sa beauté la fait remarquer de Jean-Baptiste du Barry, gentilhomme toulousain, grand amateur de musique, de peinture… Et de jolies femmes, qui l’introduit bientôt auprès de Louis XV, grâce au duc de Richelieu, soucieux de contrer l’influence du duc de Choiseul et de la duchesse de Grammont. Le roi a 58 ans et vient de connaître plusieurs décès autour de lui, parmi lesquels celui de Madame de Pompadour.
Il est immédiatement conquis par le charme et la beauté de la jeune fille et souhaite en faire sa nouvelle favorite. Jeanne, qui n’était alors pas mariée et ne pouvait donc être introduite officiellement à la Cour, épouse le 1er septembre 1768 Guillaume du Barry, frère de Jean-Baptiste, qui joue les entremetteurs, et devient en 1769, la maîtresse officielle du souverain qui l’installe à Versailles.
Contrairement à Madame de Pompadour, Jeanne du Barry ne cherche pas à exercer d’influence politique. Elle est confortablement installée au second étage des cabinets du roi, reçoit des bijoux, domaines, et fait appel aux meilleurs peintres et artisans d’art pour les meubler et les décorer. Elle est également l’amie de Voltaire auquel elle rendra visite jusqu’à sa mort en 1778.
Madame du Barry est cependant l’objet de nombreuses intrigues et jalousies. La dauphine Marie-Antoinette, partisane du clan Choiseul, lui reproche ses origines plébéiennes. En 1771, la favorite triomphe de son ennemi puisque Louis XV renvoie le Secrétaire d’État. À la mort du roi en 1774, sur ordonnance de son successeur Louis XVI, la Comtesse est chassée de Versailles et emmenée au couvent du Pont-aux-Dames, à Meaux. En 1776, elle se retire à Louveciennes, mais dénoncée durant la Terreur, elle est guillotinée en 1793.
La pavillon de Louveciennes
Le roi offre à Madame du Barry le château de Louveciennes, construit en 1683 par Robert de Cotte à la demande de Louis XIV, pour y loger Arnold de Ville, le promoteur de la machine de Marly. Elle fait agrandir l’édifice par Jacques-Ange Gabriel et fait construire par Claude Nicolas Ledoux un pavillon de musique à l’aplomb de la vallée de la Seine, pour mieux y jouir de la vue et du site. Le château de Louveciennes est aujourd’hui une propriété privée.