Aussi appelée « Herbe à éléphant » ou « Roseau de Chine », cette plante originaire d’Asie du sud et d’Afrique serait, d’après les spécialistes, l’avenir de l’agro-écologie pour ses multiples qualités. Dans la plaine de Chanteloup, sa culture prend racine…
Miscanthus. Retenez bien ce nom. Vous allez dans les mois et prochaines années en entendre parler. Pourtant, à ce jour, malgré des vertus exceptionnelles pour l’environnement, le miscanthus demeure un illustre inconnu. La faute à son nom latin peut-être ? Sinon, on l’appelle aussi Eulalie, Herbe à éléphant voire Roseau de Chine.
Alternative au bois de chauffage pour l’industrie, super isolant pour les écoconstructions, excellent pour le paillage horticole, bon complément alimentaire pour le bétail, idéal en permaculture, la liste des vertus de cette plante est aussi longue que ses tiges qui ressemblent à de la canne à sucre, ou au roseau. Comme ce dernier de la fable de La Fontaine (Le Chêne et le roseau), il plie mais ne se rompt pas.
Un épurateur naturel dans la plaine de Chanteloup
La communauté urbaine GPS&O confrontée à une marée de déchets dans certaines zones de la plaine de Chanteloup, a décidé d’y mettre le holà en adoptant des mesures drastiques d’une part, durables d’autre part. C’est dans le durable que le recours au miscanthus entre en scène : miser sur le développement du Cœur Vert.
L’avenir de la plaine de Chanteloup doit s’inscrire dans un projet global où il est prévu de développer des cultures alternatives comme le miscanthus, indique GPS&O.
Une cinquantaine d’hectares de plantation de miscanthus a ainsi été expérimentée entre 2013 et 2016. L’objectif aujourd’hui est de continuer à grignoter sur les espaces pollués pour arriver à 300 hectares de plantation. « Le développement de cette culture présente un réel intérêt avec des débouchés potentiels dans la construction ».
Matériau d’écoconstruction en devenir
D’ores et déjà, les cannes de miscanthus séduisent l’agro-industrie pour fabriquer du papier, des panneaux de particule, des matériaux d’emballage, des pots biodégradables… Ainsi, des parpaings fabriqués à base de cette plante sont en cours d’homologation. Et ce n’est pas tout ! Le miscanthus peut également être utilisé dans la plasturgie pour l’industrie et le secteur automobile car il remplace le PVC dans de nombreuses applications : stylo bille, enjoliveurs, volants de voiture…
Son potentiel est réel, notamment dans les biocarburants. Et un cimentier a déjà déposé un brevet pour du béton de miscanthus… cette belle plante n’a pas encore livré tous ses secrets mais chimistes, agronomes et chercheurs y travaillent.
Super biomasse pour l’industrie
Comme biomasse – ou source d’énergie végétale – le miscanthus est une des meilleures alternatives écologiques et économiques au bois car son pouvoir calorifique est supérieur : 4700 kWh par tonne contre 3300, avec un taux d’humidité plus faible. Toutefois, pour le chauffage des particuliers, ses atouts ne sont pas convaincants car la plante nécessite d’avoir des supers chaudières non adaptées à des usages individuels.
Un filon vert qui a du mal à percer
Cette plante qui pousse vite et grignote les surfaces fait polémique, ce qui explique aussi pourquoi son développement reste encore à la marge en France. Les uns craignent que cette plante ne soit trop invasive, les autres que sa culture ne transforme trop les paysages… Personne n’a vraiment tort à ce stade de la connaissance de ce filon vert. Peut-être faut-il attendre qu’une véritable économie circulaire autour de cette canne se mette en place pour en observer les bénéfices.
Comment cultiver le miscanthus ?
Le miscanthus peut pousser sur des sols caillouteux, argileux ou sablonneux. Bref, un peu partout. C’est une plante pérenne. Donc le miscanthus se plante une fois pour 20 à 25 ans (environ 13 000 pieds à l’hectare). La canne grandit jusqu’à 3-4 mètres de haut et se récolte mi-avril. Cette plante aime bien l’eau mais peut parfaitement résister à la sécheresse.
Pour en savoir plus sur le miscanthus et ses variétés, vous pouvez consulter le site de l’Inra.