Simon Valentin, 23 ans, est soigneur animalier au Zoo Safari de Thoiry. Depuis qu’il a intégré la « Team Rangers » du célèbre parc, il vit son rêve d’enfant : prendre soin des fauves. Comme tous les soigneurs de Thoiry, son métier, peu commun, est sa grande passion, malgré les aspects parfois contraignants.
Quand il prend son service un peu avant 8h, Simon Valentin a une multitude de tâches à remplir avant l’ouverture au public à 10h. Autant dire que les deux heures à venir, il va les passer au pas de course mais en mode concentration maximale. Lorsque l’on travaille avec la faune sauvage, la rigueur en matière de sécurité est l’Alpha et l’Omega du métier.
« Il n’y a pas de droit à l’erreur. Même en captivité, l’animal reste dangereux ».
La première mission du soigneur, chaque matin, qu’il fasse caniculaire ou un froid polaire, c’est de vérifier l’état des clôtures avant de laisser sortir les animaux qui passent la nuit dans des abris.
Talkie-walkie en main, Simon transmet ses observations à Eric, le responsable animalier. Une fois cette tâche essentielle accomplie, il prépare la sortie des lions, tigres et panthères. Dans l’antre des fauves, une odeur âcre vous saute à la gorge et les rugissements et feulements en guise de salutations, sont impressionnants. Mais Simon est dans son élément.
Quand j’étais jeune, mon rêve était de m’occuper d’animaux sauvages, en particulier des lions. Et là, j’y suis. Ce rêve de gosse c’est devenu ma réalité !
Pour vivre son rêve, après des études agricoles, Simon a passé la spécialisation de soigneur animalier. Seules quatre écoles en France forment au métier. Et si les candidats affluent, les offres d’emplois sont rares.
Vigilance et concentration à chaque instant
Faire sortir les félins est une phase délicate. Chaque étape est précise et s’enchaîne dans une chorégraphie millimétrée et toujours potentiellement dangereuse. Calme, concentré et vigilant, le soigneur observe chaque animal pour s’assurer de son bien-être. Au moindre doute sur un comportement bizarre, il bipe le chef animalier ou un des trois vétérinaires présents au parc. Dans un espace presque VIP, vit une nouvelle famille : un lionceau est né il y a quelques mois et Simon ne se lasse pas du spectacle.
« Pour nous, les naissances c’est l’apothéose. On en a eu beaucoup ces derniers mois parmi plusieurs espèces, comme les gnous ou les loups à crinière ; c’est merveilleux, un aboutissement »,
raconte Simon, tout heureux.
Une fois les gros « matous » lâchés dans leurs vastes enclos où les visiteurs pourront les admirer, la course continue pour Simon. Il file à l’entrepôt où est stockée la nourriture. Là il prépare les rations adaptées à chaque animal. Ce matin-là, en plus des fauves, il est responsable des hyènes et des animaux du secteur « Australie » (kangourous, émeus, casoars, autruches…).
Le travail de soigneur, c’est surtout l’entretien des espaces
L’horloge tourne, le parc va bientôt accueillir les touristes. Il reste encore pas mal à faire : enlever le fumier, nettoyer les cages, empiler des sacs de foin spécial pour les girafes, remplir les abreuvoirs, réparer un truc, filer un remontant à un âne de Somalie, passer saluer Ben l’éléphant et enfin, nourrir les animaux.
« Il faut savoir, avant de devenir soigneur, que l’entretien des abris et maisons, c’est plus de 50% du travail. C’est très important, explique Simon, car une bonne hygiène évite les épizooties (les maladies) ».
Une partie du métier consiste aussi à créer des « enrichissements ». Ce sont de nouveaux éléments (odeur, végétation…) qui viennent enrichir le milieu de vie des animaux, ce qui va stimuler leurs instincts naturels.
« Par exemple, nous mettons la nuit, quand les fauves sont rentrés, du crottin de cheval dans leur enclos. Le lendemain, lorsqu’ils sortent, ils découvrent cette nouvelle odeur qui les intrigue et va mettre tous leurs sens en éveil », précise Tiphaine de la Rivière, photographe et porte-parole du parc.
« Thoiry Conservation », 1er fonds de France
Quand on lui demande pourquoi il a choisi de travailler au parc de Thoiry, la réponse de Simon fuse directe :
« J’aime vraiment l’éthique qu’il y a dans cette entreprise ; son engagement pour la préservation et la conservation des espèces menacées. Je ne pourrais jamais être soigneur là où il n’y aurait pas cette éthique ».
Le parc a en effet créé « Thoiry Conservation », le premier fonds de dotation en France. Il finance à travers le monde, des programmes de conservation dans la nature comme celui des guépards de Namibie ou des lémuriens de Madagascar.
Le « training » avec les vétérinaires
Il est 10h, les visiteurs sont là. Simon a rendez-vous avec Maxime le vétérinaire au « training » du tigre. Pour éviter d’anesthésier un animal dans le cas d’une simple prise de sang par exemple, il faut pouvoir l’approcher. Ce travail d’approche entre le véto, le soigneur et le tigre peut prendre des mois. Tout s’effectue de façon protégée, derrière une clôture ou un grillage. « Nous ne devons ni forcer ni brusquer l’animal. C’est à nous de nous adapter à lui. La patience, c’est indispensable dans ce métier».
La journée est loin d’être terminée pour Simon le Soigneur. Il a une réunion « éléphants » pour préparer la venue, ce mois de juillet, de deux éléphanteaux qui tiendront compagnie à Ben, le vieux pachyderme des lieux.
« Chaque jour, quand mes travaux sont finis, je prends quelques minutes pour m’isoler. Je vais dans un coin surélevé du parc, je regarde les animaux sauvages et je réalise ma chance. Ce travail me rend super heureux. »
Les enfants soigneurs d’un jour !
Ce programme est ouvert aux enfants à partir de 7 ans jusqu’à 14 ans. Il coûte un peu cher, donc cela peut être l’occasion d’un cadeau collectif, familial.
Nettoyer, nourrir, observer et distraire: voici les tâches qu’ils feront au cours d’une demi-journée de découverte mémorable.
Programme de la demi-journée :
9h: Départ des soigneurs en herbe, remise de l’équipement de soigneur
Préparation de la nourriture des animaux
Nourrissage des petits mammifères (coatis, suricates, makis catta)
Nettoyage de maisons d’animaux : girafes ou ferme ou lémuriens…
Petit déjeuner des grands félins
Distribution de branches aux girafes
Rencontre avec les animaux étranges
12h15: Retour vers l’entrée du parc