Menacée par l’urbanisation galopante et l’évolution de l’agriculture, la chouette Chevêche peut compter sur une poignée de bénévoles qui œuvre depuis plus de vingt ans pour maintenir cette espèce.
Et l’action de l’association Atena 78 (Terroir et nature en Yvelines) porte ses fruits. Alors que les membres ont installé des nichoirs sur des pylônes électriques, en partenariat avec le Réseau de transport d’électricité (RTE), ils viennent de découvrir trois poussins chouettes, nés début juin dans l’un des petits abris de Bréval.
Nous avons signé une convention en 2015 avec RTE pour la pose de 20 nichoirs sur des pylônes, parmi les 15 qui ont été installés, deux sont occupés
se satisfait Dominique Robert, le président d’Atena 78.
Durant la période de nidification, les bénévoles effectuent régulièrement une tournée des nichoirs. Lorsque des petits sont découverts, l’endroit et le nombre sont répertoriés. Pour effectuer leur démarche, ils disposent d’une cartographie village par village des couples. Cet outil a été réactualisé au début de l’année.
En 2021, nous dénombrons 320 sites de présence localisés sur 80 communes, soit une moyenne de quatre couples de Chevêche par commune, ils sont essentiellement situés au Nord-Ouest des Yvelines.
Les nichoirs installés à 5 mètres de haut
Le défenseur des espèces vulnérables explique que l’action de l’association a été reconnue « d’intérêt général ».
Durant la période de pandémie, Atena 78 a pu bénéficier de la part de la préfecture d’une autorisation spéciale de déplacement durant le couvre-feu afin de pouvoir réaliser nos inventaires nocturnes
souligne-t-il.
L’installation de nichoirs, à 5 mètres de hauteur sur des pylônes, permet « de tisser une toile entre les villages » et « de permettre une implantation durable de l’espèce dans les Yvelines ». Ils ont été notamment fixés sur des poteaux dans les communes de Marcq, Bréval, Neauphlette, Longnes, la Villeneuve-en-Chevrie, Arnouville-lès-Mantes, Jumeauville, Boinville-en-Mantois ou encore Méré. Les lignes électriques concernées partent du poste de Mézerolles, près de Guerville, et traversent le plateau de Thoiry en direction de l’Eure et de l’Eure-et-Loir.
Ce système est aussi un moyen de favoriser « la dispersion cette espèce cavernicole, qui ne peut se maintenir et se reproduire sans avoir au préalable trouvé un trou, une cavité dans un vieil arbre creux ou un mur ». La Chevêche, dont la taille adulte atteint 22 cm de haut pour un poids de 170 gr, vit à 58 % dans la périphérie des villages, à 33% dans les fermes isolées et à 8,4% en plein champ.
Les cavités dans les arbres de plus en plus rares
Mais selon l’association, en Ile-de-France, l’espèce a été fortement impactée par la transformation de l’agriculture et par l’urbanisation. Les haies et les vieux saules qui étaient le refuge de la Chevêche ont été arrachés, les vieux pommiers et poiriers qui offraient des cavités sont de plus en plus rares et l’élevage est devenu marginal.
Cette chouette est pourtant une alliée des agriculteurs et des jardiniers puisqu’elle se nourrit de rongeurs entre autres des surmulots et des rats des champs.
Les bénévoles n’installent pas uniquement des nids sur les pylônes pour la Chevêche, ils en posent également dans les clochers des églises pour l’Effraie. Parmi leur différentes opérations, ils construisent aussi des protections sur le bords des routes pour les batraciens lors des périodes de reproduction et recréent des buissons sur des coteaux pour favoriser le développement de la biodiversité.