Désert médical : ce que la loi santé prévoit

SandrineGAYET

La nouvelle loi santé du 24 juillet 2019, relative à l’organisation et à la transformation du système de santé prévoit plusieurs mesures pour juguler la désertification médicale : fin du numerus clausus, intervention des pharmaciens, stages dans les déserts médicaux ou encore télé soins figurent parmi les mesures retenues.

 

La loi santé du 24 juillet 2019 veut booster la démographie médicale dont la courbe ne cesse de s’infléchir partout en France. D’ores et déjà, pour lutter contre cette désertification médicale, le Conseil départemental des Yvelines a engagé une politique parmi les plus ambitieuses du pays, avec notamment la création de maisons de santé un peu partout sur le territoire.

Les principales mesures de la Loi du 24 juillet 2019 :

Fin du numerus clausus en 2020

C’était un marronnier, car pas une année ne passait sans que soit annoncée la possibilité de mettre fin à ce fameux numerus clausus qui établit le quota de places aux concours de médecine, dentaire, pharmacie et maïeutique (sage-femme). Désormais, dès la rentrée 2020, la réforme doit permettre d’augmenter d’environ 20% le nombre de médecins formés tout en diversifiant leurs profils, grâce à des passerelles entre les cursus. Actuellement, le nombre d’étudiants en médecine autorisés à passer en 2e année est de 8 811 contre 8 205 en 2018.

Stages dans les déserts médicaux

Dès janvier 2021, la loi santé impose aux internes de médecine générale d’effectuer en dernière année un stage ambulatoire en autonomie supervisée, « en priorité » dans les déserts médicaux. Seront également concernés les internes d’autres spécialités qui seront listés par décret. Au ministère des Solidarités et de la Santé, on évoque, pour ces spécialités, l’ophtalmologie, la pédiatrie et la dermatologie. Cette mesure fait bondir les associations d’internes. Des appels à la grève viennent d’être lancés pour la rentrée.

Pharmaciens prescripteurs

Pour permettre au plus grand nombre d’accéder aux premiers soins de sécurité, la loi donne le feu vert pour que les pharmaciens jouent un rôle. De fait, ils pourront délivrer des médicaments normalement sous ordonnance pour des pathologies bénignes (cystites, pharyngites, angines…), renouveler des traitements chroniques, prescrire certains vaccins, substituer éventuellement des médicaments en cas de rupture de stock.

Le « télésoin »

A côté de la télémédecine (et ses déclinaisons téléconsultation et télé-expertise) prise en charge sous conditions depuis septembre 2018, la loi crée le télésoin « une pratique de soins à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication qui met en rapport un patient avec un ou plusieurs pharmaciens ou auxiliaires médicaux ».
Cela pourra par exemple être l’accompagnement par les infirmières des effets secondaires de chimiothérapies orales ou encore les séances d’orthophonie et d’orthoptie à distance. Un décret fixera le cadre et la loi renvoie les conditions de prise en charge aux négociations conventionnelles.
Après expérimentations autorisées par les ARS (Agences régionales de Santé), les patients peuvent désormais consulter à distance leur médecin traitant depuis une salle dédiée et équipée de leur pharmacie de proximité.

Sécurisation de l’emploi pour les médecins étrangers

Près de 5 000 praticiens hospitaliers à diplôme étranger hors Union européenne, essentiellement des médecins venus du Maghreb et du Moyen-Orient, vont être régularisés d’ici à fin 2021 après étude de leurs dossiers.