Le département des Yvelines manque de généralistes. Dans les communes, surtout rurales, les initiatives se multiplient pour attirer de jeunes médecins et faciliter leur installation. Et s’adapter aux nouvelles pratiques, en groupe.
Actuellement, il y a 76 généralistes pour 100 000 habitants dans les Yvelines. Ils ont en moyenne 54 ans. Autant dire que ces professionnels deviennent rares et les futurs médecins très courtisés. Lors d’une table ronde organisée par l’Université des maires des Yvelines, en octobre dernier, les chiffres présentés par Mark Pulik, Directeur de a dé légation ARS 78 (Agence régionale de santé) étaient plutôt pessimistes. Le département a perdu 16 % de ses médecins généralistes entre 2009 et 2015 et particulièrement dans les zones de Bonnières-sur-Seine et Mantes, dites « déficitaires ». D’autres zones du territoire sont considérées comme « fragiles » : Andrésy, Aubergenville, Le Pecq, Limay, Meulan, Mantes-la-Jolie et Trappes.
Une équation casse-tête
Pour Mark Pulik, l’équation à résoudre un peu partout est la suivante : « Il y a plus de patients à suivre, plus longtemps, avec moins de professionnels de santé et moins d’argent ». Autr e s problèmes contextuels : de nombreux médecins répertoriés en médecine générale exercent en fait en médecine alternative. Par ailleurs, M. Pulik observe que le problème n’est pas tant le nombre de médecins que celui du nombre d’heures de travail. « Avant, un généraliste travaillait 70- 75 heures par semaine et était bien souvent disponible les weekends. Aujourd’hui, pour obtenir ce même temps de travail, il faut deux médecins ».
Les jeunes médecins fuient l’isolement
Contrairement à leurs aînés, les jeunes médecins ne souhaitent plus exercer seuls dans leur coin, aussi magnifique soit-il. « Les modes d’exercice de la médecine ont changé, ils évoluent vers le travail en groupe interdisciplinaire, donc l’installation en solo est plus difficile à envisager », confirme le directeur de l’ARS des Yvelines. En effet, la formation actuelle des médecins n’est pas orientée vers la médecine de ville. Elles sont devenues très spécialisées, très techniques aussi. D’où la tendance très prononcée pour leur association dans des maisons de santé ou en structures d’exercice collectif. Celles-ci réunissent kinésithérapeutes, infirmières, généralistes, spécialistes… « De tels regroupements permettent aussi de réfléchir à la coopération interprofessionnelle. Quelles tâches chronophages peuvent être déchargées pour que le médecin se concentre sur son cœur de métier »
La médecine de ville, oui mais pas toute ma vie
Maël est en sixième année de médecine à l’hôpital de la Salpêtrière. Fils de médecin, il s’est toujours rêvé docteur mais pas comme son père généraliste qui exerce dans une petite ville des Yvelines. « Je n’imagine pas du tout faire le même métier que lui. L’exercice hospitalier est passionnant car nous y sommes confrontés à toutes sortes de pathologies que nous traitons à plusieurs. Les échanges sont cruciaux pour avancer et aider les patients. Alors la médecine de ville, essentielle, me semble plus routinière. Sauf à l’exercer avec des confrères pour croiser nos expériences. Et puis j’ai du mal à imaginer être pendant quarante ans le médecin généraliste dans le même cabinet du même village… L’idée du partage de postes, entre ville et hôpital me séduit en revanche. Là je pense qu’il y a de quoi attirer les jeunes thésés. On en parle entre nous, c’est une piste vraiment à explorer ».