Henri Deutsch : des machines volantes à la cité universitaire

ChloëBringuier

Henri Deutsch de la Meurthe est né le 25 septembre 1846. Il est l’un des principaux mécènes de l’aviation française de la fin du 19ème siècle. Retour sur l’impressionnant parcours de l’homme ayant vécu à Ecquevilly. 

Alfred Leblanc dans son avion, félicité par Henri Deutsch de la Muerthe, à Nancy après le "Circuit de l'Est d'Aviation". © Wikimédia

Alfred Leblanc dans son avion, félicité par Henri Deutsch de la Meurthe, à Nancy après le « Circuit de l’Est d’Aviation ». © Wikimédia

En 1919, à Ecquevilly, s’éteignait Henri Deutsch de la Meurthe, ingénieur de l’École centrale et l’un des grands pionniers de l’aviation. Né sous la monarchie de Juillet dans une famille de la grande bourgeoisie républicaine de Lorraine, d’un père qui a très tôt investi dans le pétrole, Henri se passionne pour les applications du moteur à explosion dans le domaine de l’aviation. Il fonde, en 1898, l’Aéroclub de France avec un autre mécène, Archdeacon et plusieurs industriels parmi lesquels Gustave Eiffel.

De nombreux prix sont créés à son initiative et grâce à son appui financier. En 1900, il offre 100 000 francs français à la première machine volante capable de parcourir le trajet aller-retour entre Saint-Cloud et la tour Eiffel (environ 10km) en moins de 30 minutes. Fin septembre 1901, Santos Dumont réussit l’exploit avec son dirigeable numéro 6 en 30 minutes et 42 secondes. L’ingénieur fonde plus tard, en 1908, la société Astra qui se spécialise dans la construction de dirigeables et d’aéroplanes. Les Établissements Nieuport, rachetés en 1912, fournissent aux forces aériennes françaises les premiers avions de chasse de la Première Guerre mondiale. Henri Deutsch fonde également en 1909 ce qui deviendra l’Institut aérotechnique de Saint-Cyr. Cet établissement important est toujours visible à l’entrée de l’agglomération, sur la gauche, lorsque l’on emprunte la route de Rambouillet à Versailles (ancienne RN 10).

Mais l’oeuvre la plus importante de ce grand mécène est sans aucun doute la Coupe Deutsch, mise en jeu pour la première fois en 1906, et qui, relancée à plusieurs reprises dans l’Entre-deux guerres, fut considérée comme l’une des manifestations aéronautiques les plus importantes de son époque. Il s’agissait alors d’une compétition internationale de vitesse, pour laquelle il convenait d’effectuer un circuit en boucle de 190,4km, depuis la terrasse de Saint-Germain-en-Laye en passant par Melun, Meaux et Senlis. Sadi-Lecointe remporte la première coupe Deutsch en 1920 sur son fameux biplan Nieuport doté de moteurs Hispano-Suiza, à la vitesse moyenne de 266,4 km/h.

Henri Deutsch de la Meurthe préside l’Académie des Sports en 1909, finance des prix, dans le domaine sportif et initie, avec sa fille, de nombreux projets philanthropiques tels que la construction des premiers bâtiments de la Cité internationale universitaire, près du parc Montsouris.

À la fin du 19ème siècle, il avait acquis pour sa famille le domaine de Romainville à Ecquevilly. L’origine de ce château remonte au 16ème siècle, construit dans le style anglo-normand, fait de pierres meulières, de colombages et de briques. À la suite d’une confiscation comme bien national, elle fut vendue et différents propriétaires se succédèrent, chacun l’améliorant et l’agrandissant. Henry Deutsch de la Meurthe en fut le dernier propriétaire. Depuis 2001, le château de Romainville est réservé à l’accueil de séminaires d’entreprises.