Hommage de Pierre Bédier à Jean-François Raynal, conseiller départemental

MelindaCORREIA

Jean-François Raynal, conseiller départemental depuis 2001, est décédé ce mercredi 5 mars. Engagé depuis des décennies dans la vie publique, il a marqué le territoire par son investissement pour l’aménagement, les transports et le développement des communes. Lors de l’assemblée départementale du vendredi 7 mars, Pierre Bédier, président des Yvelines, lui a rendu hommage.

 

Jean-François Raynal nous a quittés le mercredi 5 mars 2025. ©CD78

Jean-François Raynal nous a quittés le mercredi 5 mars 2025. ©CD78

Discours de Pierre Bédier à l’attention de Jean-François Raynal

« Je chercherai longtemps encore le secret de conduite qui permet de lier la douceur sans quoi la vie est peu de chose à l’honneur sans quoi la vie n’est rien ». En nous offrant cette phrase, Guy Dupré, écrivain peu connu, mais si talentueux, devait forcément penser à Jean-François.

« Je chercherai longtemps encore le secret de conduite qui permet de lier la douceur sans quoi la vie est peu de chose à l’honneur sans quoi la vie n’est rien ». Le secret de conduite liant la douceur et l’honneur, condition de la complétude de la vie, Jean-François l’avait trouvé et c’est pourquoi nous sommes si nombreux et si émus en cette funeste journée.

 

La douceur c’était celle qu’il mettait à défendre ses convictions et ses patries.

Ses convictions d’amoureux de la France, de son histoire autant que de sa géographie, disciplines qu’il enseigna ; et cet amour de sa grande patrie l’emmena à l’espérance du Gaullisme qui veut que la terre de nos parents soit si singulière qu’elle a vocation à faire entendre une voix puissante qui appelle à la liberté pour tous les peuples, tous les hommes.

La douceur c’était celle qu’il utilisait dans son travail quotidien, au service de tous, et davantage encore des plus modestes, pour que les Yvelinois et plus particulièrement les habitants de son canton électoral soient heureux de vivre sur ce territoire auquel il a consacré son énergie et sa vie ; ce territoire qui était sa petite patrie qu’il avait rallié en 1987, depuis Argenteuil, où il avait commis ses premiers faits d’armes politiques, à Poissy, ou il dirigea d’abord le cabinet du député-maire ; devint conseiller général du Canton de Poissy-Nord élu sans discontinuer à partir de 2001 avant la création du canton de Verneuil dont il fut le représentant jusqu’à aujourd’hui.

La douceur elle était aussi et surtout pour sa patrie infinie, son plus grand amour, sa famille. Son épouse, Véronique bien-sûr, ses enfants et petits-enfants dont il était si fier.

Et ses amis aussi qu’il considérait comme un prolongement de sa famille. Ses collègues et les collaborateurs du département avec qui il entretenait des relations attentives, bienveillantes, souriantes, sans éclat de voix, ce qui ne l’empêchait pas d’être entêté, malicieux, et même parfois manœuvrier pour arriver à ses fins.

Mais toujours avec douceur, avec une patience sans égale.

Voilà en quelques touches, bien loin d’être exhaustives, son approche douce de la vie.

 

Et l’honneur ?

L’honneur ce fut celui de son engagement public au service d’une certaine idée de la France, une certaine idée de l’Homme. L’honneur ce fut, entre autres, lorsqu’on lui préféra un parachuté renommé plutôt que de faire confiance à son expérience de terrain pour une élection législative partielle, de l’accepter, sans un soupir ni une critique et d’effectuer, malgré tout, son devoir de soutien.

L’honneur ce fut aussi d’être un vice-président du Conseil Départemental défendant, dans toutes ses délégations, aux travaux, au patrimoine, aux mobilités, aux achats, et à la tâche délicate de Président de la commission d’appel d’offre, défendant disais-je, toujours l’intérêt général plutôt que son intérêt électoral. Par exemple, son soutien à la déviation de la Départementale 154 qui pollua sa dernière campagne cantonale. Également sa démission de la présidence de l’OPIEVOY alors qu’elle n’avait rien d’obligatoire, pour empêcher la naissance d’un conflit entre le grand bailleur social et deux des trois départements d’assiette qui venait de changer de majorité.

Son honneur, ce fut aussi son dernier combat, porté, aidé, appuyé par son admirable épouse et ses merveilleux enfants.

Son honneur ce fut, comme il me le confiait, de se battre, même s’il n’était pas sûr de gagner.

 

Cette douceur tranquille et le sens aigüe de l’honneur trouvaient peut être leur racines dans ses filiations aveyronnaises et corses. Car Jean-François prenait son élan vital grâce à la profondeur de ses racines. Un peu à la manière de la forêt Yvelinoise qui est la descendante de la forêt gauloise qui vit le commencement de notre histoire sur ce territoire où se forgea la France, d’abord royale, puis impériale et enfin républicaine.

Aussi, vous qui furent ses compagnons d’engagement, ses amis, ses proches ou de simples connaissances ; quand vous irez dans nos forêts et que votre route vous mènera vers un chêne, plus haut, plus épais, plus feuillu que les autres, ayez une pensée pour Jean-François, celui qui mariait douceur et honneur, notre Jean-François.

Pierre Bédier, président du Conseil départemental des Yvelines