Le centre maternel de Porchefontaine a près de 125 ans. Ce fut le premier foyer pour « filles mères » de France. Si à l’époque on y cachait «les enfants de la honte », ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les mamans, très isolées, trouvent ici l’aide et l’accompagnement pour se construire une vie avec leur tout-petit. Mais le parcours n’est pas facile.
Les résidentes n’arrivent pas au centre par hasard. Victimes de violences parfois, en rupture avec leurs familles et le conjoint, souvent, souffrant de dépression ou venant d’un pays culturellement très différent, les jeunes femmes trouvent ici l’ultime recours pour ne pas se retrouver à la rue, seules avec leur bébé.
Situé au sein d’un quartier résidentiel de Versailles, le foyer les accueille en moyenne pour 16 mois, à partir du 7ème mois de grossesse et jusqu’aux 3 ans de l’enfant. Le cadre est chaleureux, moderne, les studios confortables, la crèche sur mesure et le personnel bienveillant. Et pourtant, beaucoup n’ont qu’une envie, « filer d’ici ».
« Je n’avais qu’une envie, en partir », confirme Cléa*, 25 ans aujourd’hui.
Elle a vécu plus d’un an au centre maternel où elle a accouché d’une petite fille. C’était il y a huit ans, elle n’avait que 17 ans. Et comme elle le raconte volontiers, « avec du recul, je réalise que le centre nous a sauvées ma fille et moi. J’étais paumée, le père de l’enfant m’a jetée quand j’ai appris que j’étais enceinte et je n’avais nulle part où aller. Aujourd’hui j’ai un boulot, un toit et l’envie de me battre pour ma petite Anaïs*».
Protéger l’enfant, aider les mères à devenir maman et autonomes
La mission première de cette institution gérée par le Département des Yvelines depuis 1943, reste la protection de l’enfant. Mais s’y ajoute une dimension tout aussi importante : l’accompagnement des jeunes mères dans leur nouvelle parentalité et dans un parcours d’insertion pour celles qui n’ont ni diplôme ni travail. Chaque résidente est suivie au quotidien par des professionnels. Certaines jeunes mamans peuvent juger ce suivi trop intrusif ou « inutile », arguant qu’elles savent s’occuper de leur bébé, qu’elles n’ont besoin que d’un toit. En réalité, la majorité est plutôt rassurée par la présence des éducateurs sociaux et des auxiliaires puéricultrices qui leur permettent aussi de dégager un peu de temps pour reprendre confiance et envisager l’avenir.
Christine Bonnaud, directrice du centre, reconnaît que ce qui est demandé aux jeunes femmes n’est pas facile :
« Ces femmes, qui n’ont pas vécu la relation aimante et protectrice mère/enfant en tant qu’enfant, ne peuvent se transposer dans leur rôle de mère. Nous les aidons à tisser ce lien, à restaurer la confiance et l’estime de soi. Tout cela ne peut se construire qu’en plusieurs mois. »
Les résultats sont encourageants. 90% des jeunes femmes repartent dans une nouvelle vie avec un toit, une formation et/ou un emploi. Et surtout, un sentiment de fierté d’avoir franchi les obstacles pour et avec leur petit bout de chou ».
Cléa a glissé dans son portefeuille un proverbe danois qu’elle aime citer quand elle évoque son passé chaotique : « En prenant l’enfant par la main, on prend la mère par le cœur ». Le Centre maternel de Porchefontaine y veille chaque jour.
*les prénoms ont été changés