La Fête interdépartementale du numérique organisée le 4 juin 2019, fut l’occasion d’évoquer le collège du 21e siècle. Celui-ci se fera « avec » les collégiens et les enseignants. Il sera innovant bien sûr mais surtout, il devra redonner l’envie d’y apprendre, d’y enseigner et de s’y épanouir.
Une aire sableuse accueille les collégiens. Au milieu du vaste hall lumineux, trône une réplique de la Statue de la Liberté végétalisée, entourée de bassins de verdures. Vous voici au Collège Bartholdi de Boulogne-Billancourt, imaginé par ses élèves. Ils rendent ainsi hommage au sculpteur français, Auguste Bartholdi, auteur de la statue emblématique de New-York.
Du sable et des palmiers dans une enceinte scolaire, et bien pourquoi pas ? Dans les projets présentés par les collégiens Alto-séquanais sur les stands de l’exposition « Imagine ton collège », les maquettes font la part belle au rêve. Le message des jeunes est on ne peut plus clair : puisqu’on est obligé d’en passer par la scolarité, autant que cela se fasse dans un cadre qui donne envie d’y aller tous les jours et d’y rester plutôt que de « sécher ».
L’espace se conjugue avec l’apprentissage
Il est vrai que le collège de demain est de plus en plus pensé comme un lieu qui tord le cou aux tabous pédagogiques. Car il sera adapté aux rythmes de chacun et non l’inverse. Il devra combiner idéalisme et pragmatisme avec toujours en creux ce leitmotiv « donner envie ». Jérôme Saltet est de ceux qui proposent un nouveau paradigme en matière d’éducation. Directeur associé des éditions Playbac, il est un peu devenu le héraut du collège révolutionnaire. Celui par qui les contours du collège du 21e siècle prennent enfin corps.
« Défaire et refaire »
Jérôme Saltet pose en préambule de toute réflexion sur le collège du futur, qu’il faut « défaire ce qui existe et refaire », en réinterrogeant ces lieux où se transmettent les connaissances mais aussi tout ce qui contribue à accompagner les jeunes vers leur épanouissement et leur autonomie. Donner envie d’aller au collège, c’est bête, mais cela commence aussi par offrir un cadre « sympa ». Les enseignants et les élèves ne diront pas le contraire. « L’école doit être un lieu de vie inspirant ». « Le cadre et les espaces, jusqu’au mobilier, doivent être repensés : à l’ère des technologies, mêmes les postures d’apprentissage changent. Les jeunes travaillent assis par terre, allongés, perchés sur un tabouret ou adossés à un mur… Tous les espaces peuvent devenir alors « leur bureau ».
C’est pourquoi le nouveau collège de Mantes-la-Jolie par exemple, aura une architecture totalement adaptée à une nouvelle manière d’envisager l’enseignement.
« Le collège ne peut pas être une bulle sanctuarisée. Il doit entrer dans un réseau apprenant, travailler avec des associations, des écoles, des lycées, les parents et les collectivités», insiste Jérôme Saltet.
Un peu sur les modèles des campus anglo-saxons, le collège de Mantes-la-Jolie offrira, en 2021, des espaces de détente, une cafétéria, des « maisons de rencontre » avec casiers personnels et wifi… Les salles de cours seront modulables selon les activités et l’affluence. L’apprentissage, plus interactif, sera dispensé par niveaux et non plus par sections. Tout l’enjeu sera d’y transmettre aussi bien les fondamentaux scolaires que les valeurs du vivre-ensemble.
Les cours magistraux sont-ils « has been »?
Les collégiens d’aujourd’hui sont nés avec le numérique. Qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, il est difficile d’imaginer le collège sans la tech. On ne travaille plus en bibliothèque comme autrefois. Tout est numérisé, pixélisé et archivé. On ne feuillette plus, on clique. Dans ce contexte, comment concilier tech et cours ? « Les cours magistraux c’est du passé » », reconnaît une professeure d’Histoire de Saint-Germain-en-Laye. L’interactivité, la créativité et le décloisonnement redessinent l’enseignement.
« Il faut créer un environnement qui conjugue exigence avec bienveillance. L’ambition n’est pas un gros mot, l’échec ne doit pas paralyser. La routine est le terreau de l’ennui et c’est souvent l’ennui qui conduit au décrochage », conclut Jérôme Saltet.
La tech et l’inclusion
De nombreux spécialistes arguent que le numérique est un très bon outil pour assurer l’égalité des chances. Jusqu’alors, ce « rôle » reposait sur les mathématiques, discipline la plus à même de corriger les inégalités sociales, car moins dépendante du capital social et culturel transmis par le milieu familial. Développer la pensée algorithmique des jeunes est d’une brûlante actualité. La société française semble devenir une start-up géante où chacun, nous dit-on, peut devenir développeur en quelques semaines et millionnaire en quelques années, il suffit de « traverser la route » et de savoir « programmer en langage codé », à défaut de savoir cuisiner… Bref, tout le monde aurait le potentiel pour devenir un « premier de cordée ». Soit.
En attendant ces lendemains « prometteurs », il faut déjà repérer les jeunes en difficulté pour les accompagner au plus près de leurs besoins. Les Départements des Yvelines et des Hauts-de-Seine y travaillent, avec les enseignants et tous les acteurs de l’Education nationale et des associations à caractère éducatif. De très beaux projets ont vu le jour, dans lesquels le numérique apporte une réelle plus-value pour des élèves en difficulté. Parmi ces projets, celui baptisé « Sur les chemins de l’école ». C’est un programme qui permet aux élèves allophones d’apprendre le français, la grammaire, l’orthographe en travaillant sur un magazine en ligne. Le rendu est bluffant.
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