Alors que le domaine de Grignon, qui abrite la plus ancienne des écoles d’ingénieurs et des vastes espaces naturels, est mis en vente par l’Etat qui en est propriétaire, le Département des Yvelines est plus que jamais vigilant. Quatre acquéreurs, dont des promoteurs immobiliers, sont sur les rangs.
La mise en vente du domaine de Grignon fait craindre le pire. Certains redoutent même une urbanisation du site suite au déménagement de l’école d’agronomie et des chercheurs, présents sur place depuis près de deux siècles. Ils pourraient quitter les locaux l’an prochain.
Pour beaucoup l’avenir du site est en jeu. La transaction, lancée par l’Etat, suscite en effet de nombreuses inquiétudes. Car ce domaine exceptionnel pourrait être menacé. Il s’étend sur près de 350 hectares avec des bâtiments d’hébergement pour les 300 étudiants d’AgroParisTech mais surtout des bois, des espaces agricoles, d’une fosse à fossiles et d’un château Louis XIII.
Un manque de transparence
Le Département observe l’affaire de près. Mais il ne dispose pas de la totalité des éléments à propos de la démarche menée par l’État, le propriétaire des lieux. Joséphine Kollsmannsberger, Conseillère départementale du canton de Plaisir, vice-présidente déléguée à l’environnement, la culture et le tourisme, qui suit le dossier en lien avec la mairie de Thiverval-Grignon, déplore un manque de transparence.
L’Etat a la main et nous n’avons aucune visibilité sur les offres.
De leur côté, les élèves, plongés dans l’incertitude, ont lancé un mouvement de colère. « C’est un fleuron de l’agronomie qui est mis en vente, Grignon est la première école d’agronomie de France, elle a été fondée en 1826 », détaille Louis, l’un des étudiants.
Alors que l’école d’ingénieurs doit être transférée à l’horizon 2022 au pôle d’excellence de Saclay, les élèves, qui se sont massivement mobilisés pendant un mois jusque début avril, s’opposent vivement au projet de déménagement.
Ici on a des conditions optimales d’enseignement avec la ferme expérimentale, une diversité des sols, des laboratoires et un parc forestier qui abrite des arbres remarquables.
Selon eux, le déménagement pourrait avoir de lourdes conséquences. Le cadre et les conditions ne seront plus les mêmes mais surtout le fonctionnement du nouveau site risque d’être totalement différent. « A Saclay, le tarif de l’hébergement risque d’être plus élevé et on ne sait pas s’il y aura des chambres pour tout le monde », craint Eulalie.
Quatre acquéreurs en lice
Déterminés à se faire entendre, les futurs ingénieurs ont sollicité le soutien de Julien Denormandie, le Ministre de l’agriculture et ancien élève de Grignon au début des années 2000.
Aujourd’hui, la vente du site, qui a été actée en 2015, est à un tournant. Le dossier s’est fortement accéléré d’autant que l’État souhaite conclure la transaction cette année pour financer l’aménagement du futur campus à Saclay.
Les acquéreurs intéressés avaient jusqu’à la fin mars pour faire une offre. Quatre candidats sont en lice : Les promoteurs immobiliers Altaréa et Novaxia ainsi que l’aménageur Grand-Paris Aménagement et le projet Grignon 2026 soutenu par la Communauté de commune Cœur d’Yvelines qui propose de conserver l’identité du site.
Une décision attendue fin mai
Si une première mobilisation avait eu lieu en 2016 lorsque le PSG s’est intéressé au domaine pour y implanter des terrains de football dans le but d’aménager le centre d’entraînement de ses stars du ballon rond, aujourd’hui certains redoutent la construction de logements en raison de l’activité des candidats. « Le plan d’urbanisation établit par la commune est un frein mais un promoteur fera des démarches pour qu’il soit modifié », argue un défenseur du domaine.
L’État doit révéler le nom de l’acquéreur qu’il a retenu fin mai. Mais d’ores et déjà, le Département qui considère l’endroit comme « une pépite » s’est positionné. Joséphine Kollmannsberger détaille les démarches engagées par le Conseil départemental.
Nous avons fait part à tous les candidats de notre intérêt pour les espaces naturels sensibles et le patrimoine peut être sauvegardé, nous avons d’ailleurs saisi Stéphane Bern, l’animateur de télé qui s’investit pour la préservation du patrimoine.