Les courses en montgolfière sont souvent entrées dans l’imaginaire français comme de longs périples à travers le pays. C’est le cas du prix Marius Dubonnet, une prestigieuse course à l’océan au départ de Saint-Cloud à laquelle ont participé deux voyageurs versaillais.
Il y a comme un soupçon de Jules Verne dans les passe-temps français du début du XXe siècle. Dans son édition du 23 avril 1912, le « Journal de Versailles » relate le périple de deux membres de la société Aéronautique de la ville qui avaient décidé, le 13 avril de la même année, de se présenter au départ du Prix Marius Dubonnet, une course en montgolfière au-dessus de la France. M. Bouchez, le pilote, et M. Arondel, son aide de vol avaient en effet décollé dans le parc de l’Aéro-club de France de Saint-Cloud.
Un voyage en montgolfière de Saint-Cloud à Nantes
De leur montgolfière surnommée « Le Jaune », et à près de 1 600 mètres d’altitude, les deux hommes se sont laissés porter par le vent au dessus de Versailles avant de voler au-dessus de la ville de Chartres. Mais le périple continue bien plus loin. Et ce n’est qu’après avoir survolé Le Mans, Angers et Nantes que les deux comparses terminaient leur périple dans la commune de Bouaye, dans l’ancien département de la Loire Inférieure, aujourd’hui la Loire Atlantique.
L’objectif étant l’océan, les deux voyageurs Yvelinois échouèrent donc à quelques kilomètres du but. D’autant que contrairement au mois d’avril 2020, celui de 1912 semblait être particulièrement rigoureux. « Les aéronautes eurent beaucoup à souffrir, le sable mouillé servant de lest gelait dans les sacs », précise le journal qui s’empresse de les féliciter. « Nous sommes heureux de leur adresser ici nos bien sincères compliments pour leur énergie, leur courage et leur endurance », conclut le journaliste.
La famille Dubonnet , de l’apéritif populaire aux courses automobiles
Marius Dubonnet, qui a donné son nom à cette course, est le fils de Joseph Dubonnet qui inventa le célèbre apéritif éponyme. Mais c’est par la course automobile qu’il se fait connaître. Il donne naissance à deux fils, Emile et André. Ce dernier a 13 ans quand son père, qui lui avait transmis le goût du sport et de l’aviation, décède.
Alors qu’Emile détient le record du monde de la plus grande traversée en ballon, André poursuit lui sa scolarité à Buc et Saint-Cyr l’Ecole. Il s’engage ensuite dans l’armée et combat lors de la Première Guerre Mondiale en tant que pilote dans l’aviation. Auréolé de plusieurs victoires, il se reconvertit après l’armistice dans l’automobile en devenant pilote de course. S’il arrête la compétition en 1928, il restera proche du monde automobile jusque dans les années 60. Il décède en 1980 dans la commune de Maule.