Chaque 25 novembre, les chiffres tombent, glaçants : une femme, en France, meurt tous les 3 jours sous les coups du mari ou d’un ex conjoint. Lors de cette Journée internationale contre les violences faites aux femmes, des mesures sont annoncées mais les victimes encore trop nombreuses à subir en silence. Dans les Yvelines, le CIDFF est au cœur de la mobilisation.
Les chiffres sont hélas en augmentation. Et ce, malgré l’arsenal législatif et la résolution 54/134-17 de décembre 1999 des Nations Unies qui invite les pays et les ONG à organiser des actions dans le but de promouvoir les droits des femmes et de sensibiliser le public aux situations de violences que vivent les femmes.
C’est à cet effet que la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes a été fixée le 25 novembre. Une date choisie en 1981 par les militant(e)s en faveur des droits des femmes en mémoire des sœurs Mirabal, assassinées le 25 novembre 1960 par le régime dictatorial de la République dominicaine.
Le CIDFF 78, partenaire clé de ce combat quotidien
Le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles est une association agréée par l’Etat dont la mission d’intérêt général est d’informer mais également accueillir, aider et défendre les femmes victimes de violences.
Dans les Yvelines, le CIDFF compte 24 salariés, juristes, psychologues et conseillers emploi, qui sont spécifiquement formés à la prise en charge des victimes de violences conjugales. Ils interviennent dans 50 antennes réparties sur tout le département : dans des associations comme l’Etincelle ou encore Women Safe mais également au sein des Commissariats, des Points d’accès au Droit, dans les Maisons de Justice et du Droit et dans l’Unité Médico-Judiciaire de Versailles.
En 2017, le CIDFF 78 a accompagné près de 1500 Yvelinoises victimes de violences conjugales !
Depuis 2009, l’association anime des groupes de parole de femmes victimes, elle est également, depuis 2015, le référent départemental sur le dispositif Téléphone d’alerte pour les femmes en très grave danger (TGD), qui représente une quarantaine de signalements/an et qui a sauvé de nombreuses vies !
Comme nous précise encore Lucie Robin, Directrice du CIDFF78, l’équipe forme les professionnels à la détection et à la prise en charge des victimes de violences. Elle travaille notamment avec le réseau VIF du Territoire de Saint-Quentin-en-Yvelines qui réunit des professionnels du Département (travailleurs sociaux, sages-femmes…), des psychologues, médiateurs et policiers formés à ces questions.
Pour sensibiliser le plus grand nombre, le CIDFF78 édite des plaquettes d’information dans plusieurs langues et organise des réunions ouvertes à tous. Son équipe Yvelinoise et au-delà, partout en France, le CIDFF est au cœur du combat contre le fléau des violences envers les femmes. Et son corollaire : la protection des enfants, témoins ou victimes de ces violences intrafamiliales.
216 000 victimes
Près de 216 000 femmes, âgées de 18 à 75 ans, sont soumises à la violence physique et/ou sexuelle de leur ancien et actuel conjoint, qu’il soit mari, concubin, pacsé, petit-ami… La majorité reste muette, pour protéger leurs enfants, leur réputation ou leur vie, par crainte des représailles. Souvent, ces hommes violents possèdent également une emprise psychologique très forte qui plonge leur victime, isolée, dans un climat de peur permanent. Seules 16% d’entre elles déposent plainte, selon les chiffres du gouvernement.
40% des cas de violences conjugales débutent lors de la première grossesse
Les violences conjugales s’attisent ou débutent particulièrement au moment où le couple attend un enfant. Le conjoint violent ne supporte généralement ni la perspective d’une troisième personne dans le foyer ni le fait que la femme devienne le centre des attentions de l’entourage. Celle-ci, dans un état vulnérable, est moins apte à se défendre. Une situation précaire qui peut pousser certaines femmes à renoncer à leur grossesse. En tout, 23% des demandes d’IVG étaient directement liées à des violences (viols, violence conjugales, violences familiales). Selon un médecin de protection maternelle et infantile, « ces femmes ont trois fois plus de chances d’accoucher prématurément que la moyenne, une grande proportion d’entre elles (7%) ont accouché à la maison, pas par choix mais par contrainte, un tiers d’entre elles ont reçu des coups sur le ventre et 82% ont subi des violences sexuelles ».
Près de 4 milliards d’euros par an
Cela peut sembler cynique de parler d’argent quand on évoque les violences envers les femmes. Et pourtant, c’est une réalité assez vertigineuse. En dehors des conséquences psychologiques et sociales, il faut savoir que les violences faites aux femmes coûtent près de 4 milliards d’euros en France, en termes d’aides sociales, de soins et surtout de perte de capacité de production, selon l’évaluation du ministère des Affaires sociales et des Droits des femmes.