Tous les ans, des jeunes de 13 à 18 ans, pris en charge par les services de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) participent à un concours culinaire national ouvert au public. La 22e édition s’est déroulée dans les Yvelines à la ferme du Manet. Cette opération éducative, vecteur d’insertion, s’avère efficace contre la récidive.
Le parcours du goût participe à la remise sur les rails d’ados que la vie a malmenés, qui ont connu la délinquance et sont aujourd’hui « sous main de justice » mais qui s’accrochent pour trouver leur place dans la société.
« J’ai fait des conneries c’est vrai et j’ai fait pleurer ma mère. Aujourd’hui, elle est là avec Sylvie, mon éducatrice, et elles sont fières de moi. Ça me rend heureux ».
Casquette vissée sur la tête, tablier de cuisine nickel propre, Marco, 15 ans (prénom modifié) offre des mignardises qu’il a fabriquées avec son équipe. Il n’en revient pas de tous ces inconnus qui s’arrêtent, le félicitent, discutent avec lui de recettes et le font parler de sa région. Ces moments de partage, de fête, de dépassements des préjugés – de tous les côtés – ont rythmé ce bel événement.
Partenariat remarquable avec le Département
Le Parcours du Goût, c’est une rare mise en lumière du travail difficile mais indispensable des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et des services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Bathilde Groh, directrice territoriale, rattachée au ministère de la Justice a du reste rappelé l’importance et la qualité du partenariat engagé avec les équipes de l’Aide sociale à l’enfance dans les Yvelines. Pendant tout le week-end des 15 et 16 octobre, à la ferme du Manet où se déroulait la manifestation, les équipes de l’Aide Sociale à l’Enfance des Yvelines étaient présentes, notamment dans les jurys.
Laurence Boularan, conseillère départementale sur le canton de Montigny-le-Bretonneux a accueilli Charlotte Caubel, secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance. Pour madame Boularan, un tel évènement est « très valorisant pour ces jeunes et les professionnels de l’enfance qui les accompagnent.
Le système scolaire ne convient pas à tous. Il est important de ne pas rompre l’éducation des jeunes qui en sont sortis. Le sport et la cuisine par exemple, portent des valeurs qui les aident à se reconstruire ».
Thierry Marx coache une équipe en détention
Les chefs présents dans le jury ne démentiront pas les valeurs que la cuisine peut véhiculer : partage, respect, convivialité liées à la gastronomie et aux arts de la table.
Comme le souligne Stive Da Costa, professeur technique à la PJJ des Yvelines,
« la cuisine c’est la rigueur, la ponctualité, le collectif, le dépassement de soi et surtout, la transmission de savoirs faire et savoirs. C’est un formidable média pour ces jeunes qui ont connu l’échec, la perte de confiance et parfois la détestation de soi-même. Elle leur permet de recréer du lien, de la confiance dans un apprentissage exigeant mais valorisant car aux résultats immédiats ».
D’ailleurs, un temps fort du salon a été la projection d’un reportage réalisé cet automne à la prison pour mineurs de Porcheville. Le chef étoilé Thierry Marx y a coaché une équipe pour la confection des amandines « aux poires voyageuses », le dessert que Thierry Marx avait créé spécialement pour le spationaute Thomas Pesquet parti 6 mois dans l’espace. Un prix spécial leur a été remis.
Parmi le jury, au milieu des grands noms de la cuisine française, concentré sur la compétition, il y a Anthony, 18 ans. Après des années un peu galères et le soutien des professionnels de l’enfance et de la justice, il touche presque au but : en décembre il aura son Bac Pro Cuisine, un contrat d’embauche, un appart. A lui d’écrire ce nouveau chapitre de sa nouvelle vie de jeune émancipé, autonome.
« Je suis prêt. J’ai plein d’idées que je veux réaliser. Plein de possibilités ».
Les chiffres (2021-2022) de la prise en charge PJJ des Yvelines
- Environ 2700 jeunes sont suivis par les services de la PJJ 78
- Il existe 11 unités éducatives prenant en charge les mineurs « sous main » de justice (services en : milieu ouvert, Unités Educatives d’Activités de Jour (UEAJ), placement et détention)
- La majorité des jeunes suivis par la PJJ le sont en milieu ouvert (dans leur lieu de vie habituel). Ils sont accompagnés par un éducateur référent. L’objectif est de les guider vers une insertion sociale et professionnelle durable et de tout mettre en œuvre pour éviter la récidive.
- Seuls 2% des jeunes pris en charge par la PJJ 78 ont une mesure de placement (foyer, centre éducatif fermé, familles d’accueil, centre éducatif renforcé, détention)
- 3 UEAJ sur le territoire des Yvelines avec comme mission de soutenir l’inscription des mineurs dans les dispositifs de droit commun. Elles sont situées à Versailles, Villepreux et Poissy. L’UEAJ de Poissy dispose d’un restaurant d’application « Le Giboin » situé à Aubergenville.
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