Pièges à carbone, bio-indicateurs de la pollution, colonisatrices de la biodiversité… les mousses sont indispensables et abritent des milliers d’être vivants. Les équipes départementales chargées de la préservation des Espaces Naturels Sensibles (ENS), dévoilent leurs secrets pour enrichir vos balades dans les belles forêts yvelinoises.

Apparues il y a des centaines de millions d’années, les mousses sont capables, dans certains cas, de se régénérer à l’infini à partir de la pierre, du bois mort, des troncs d’arbre, de l’humus. Photo N.Duprey/CD78

Un préjugé tombe et pas des moindres : en forêt, la mousse n’indique pas du tout le Nord !

« On dit souvent que l’on peut repérer le Nord grâce aux mousses qui pousseraient de ce côté des arbres, en recherchant l’ombre. Cela est inexact car sous les feuillages des arbres forestiers, humides et ombragés, la mousse s’épanouit partout »,

expliquent les responsables des ENS du Département des Yvelines.

Des maillons de la biosphère, capteurs de pollution

D’après les spécialistes en bryologie (étude des mousses), il existerait en France, 1 000 espèces différentes de mousses. Ces végétaux miniatures appartiennent à la grande famille des plantes bryophytes. Apparues il y a des centaines de millions d’années, elles sont capables, dans certains cas, de se régénérer à l’infini à partir de la pierre, du bois mort, des troncs d’arbre, de l’humus.
Les mousses abritent des milliers d’êtres vivants minuscules. Dans leur cœur se développent de petits hôtes, acteurs de la biodiversité forestière. Tous ces habitants contribuent à la biodiversité du sol : dissémination de la microflore du sol, circulation des nutriments (azote, phosphore, potassium…).
Une équipe internationale de chercheurs essaie de comprendre le rôle de ces micro-végétaux dans les écosystèmes. Leurs résultats, publiés (en anglais) dans la revue Nature Geoscience, montrent que les mousses contribuent au bon fonctionnement et au maintien des écosystèmes, au bien-être des forêts ainsi qu’au captage de dioxyde de carbone dans les sols.

L’étude se poursuit sur le rôle bénéfique que la mousse pourrait jouer en ville : installée sur les toits et dans les intérieurs pour dépolluer l’air.

La reviviscence est une particularité de la mousse, ce qui en fait un végétal précieux à étudier en cette période de réchauffement climatique. Photo N.Duprey/CD78

Les mousses sont reviviscentes

La reviviscence est une particularité de la mousse, ce qui en fait un végétal précieux à étudier en cette période de réchauffement climatique.

« Cela signifie qu’elles sont capables de survivre à de longues périodes de sécheresse, de se dessécher pour traverser cette période difficile, puis de ressusciter quand les conditions sont favorables, même plusieurs mois, voire années, après la dernière pluie », précise l’équipe départementale ENS.

De même, les mousses créent des microclimats :

« les éponges naturelles restituent peu à peu l’eau captée. Cela permet de maintenir une fraîcheur et une humidité indispensables pour la forêt ».

Affichette sur les pouvoirs insoupçonnés de la mousse des forêts. ENS-CD/78

Pièges à carbone

Très sensibles aux facteurs environnementaux, les mousses sont de formidables bio-indicateurs, ajoute Mirham Blin, chef de projet environnement et bryologue au sein du réseau habitats-flore à l’Office National des Forêts (ONF).
« Grâce aux mousses, on peut recueillir des informations sur la pollution d’un milieu forestier, sur la qualité de son air et de son eau. Les mousses absorbent la quasi-totalité des composants de l’air, permettant d’étudier les pollutions sur des temps longs et à de larges échelles. C’est ce qu’on appelle la bioaccumulation.

Elles sont également d’excellents indicateurs de l’ancienneté et de la maturité des forêts. Autre atout non négligeable, elles sont, comme chaque organisme chlorophyllien, de véritables pièges à carbone »

peut-on lire sur le site de l’ONF.

Les équipes en charge des Espaces Naturels Sensibles du Département des Yvelines, proposent des balades nature et des animations gratuites avec les experts forestiers. L’occasion d’apprendre les secrets qui se cachent dans les sous-bois.

Pour vous inscrire et découvrir le programme  :