Lancé par la Bergerie nationale et le Parc naturel régional de la haute vallée de Chevreuse, le « Projet alimentaire territorial » qui couvre 77 communes du sud des Yvelines entre dans une nouvelle phase. Son objectif ? Permettre à tous d’accéder à une alimentation saine et de proximité, en garantissant une juste rémunération aux producteurs locaux.
Depuis près de deux ans, à l’initiative de la Bergerie nationale et du Parc naturel régional de la haute vallée de Chevreuse, agriculteurs, habitants, élus, distributeurs, associations de commerçants… se réunissent pour tracer les contours du Projet alimentaire territorial (PAT) du sud-Yvelines.
Un projet fédératif qui à l’heure de la pandémie trouve une nouvelle raison d’être : en effet, il favorise les circuits courts, proposera une certaine autonomie alimentaire dans le respect de l’environnement, permettra aux agriculteurs de vivre de leur activité, les aidera à se diversifier.
Pas assez de légumes et de viandes locales
Pour lancer ce vaste projet, un diagnostic a été réalisé sur les besoins, les offres du territoire sud-Yvelines. Il donne les détails sur la production, la transformation, la distribution et la consommation alimentaire. Au terme de huit mois d’enquête, les conclusions sont disponibles.
Les principaux enseignements ?
- Pour les légumes (maraîchage) et la viande bovine, la production yvelinoise est très insuffisante pour répondre à la demande. Mais comme dans toute l’Ile-de-France, les Yvelines sont excédentaires en céréales. Spécificité du Sud-Yvelines : ce territoire est aussi excédentaire en lait de vache.
« On remarque qu’avec 9,3 millions de litres, la production laitière couvre presque la consommation locale, mais l’essentiel de cette production s’exporte, explique Xavier Stéphan, chargé de mission Développement économique au Parc naturel régional de la haute vallée de Chevreuse.
Son idée ? « Re-territorialiser la production laitière, comme par exemple encourager les distributeurs à commercialiser le Lait Ile-de-France (marque régionale) qui est produit à 100% localement. »
- Autre constat : l’activité de transformation est peu développée. Les légumes, par exemple, ne sont pas tous vendus directement après récolte il faut aussi les trier, les laver, les conditionner et, en particulier pour la restauration collective, les préparer. Pour la viande bovine, l’abattoir le plus proche se situe à Vendôme, à 130 km de la frontière sud des Yvelines .
« Faute d’unités de transformation, il est souvent plus simple, pour les agriculteurs comme les éleveurs, de revendre leurs produits à des coopératives qui se chargent de les distribuer ailleurs en France ou à l’international.
Si nous voulons que nos produits restent sur le territoire, il faut y structurer les filières ».
- Et puis il y a aussi l’enjeu foncier : les terrains dans le sud-Yvelines se font rares et chers. Du coup, de nombreux porteurs de projets en maraîchage ou en élevage ne peuvent pas s’installer et vont ailleurs.
Accompagner les agriculteurs locaux
Forts de ce diagnostic, les acteurs du PAT ont rédigé un plan d’actions prioritaires, autour de quatre grands enjeux : promouvoir l’agriculture et l’alimentation locale, accroître la production dans les filières carencées, favoriser la distribution locale, enfin, préserver le foncier agricole.
Michael Le Saulnier, Adjoint au maire de Bullion a été nommé responsable du groupe de travail sur le PAT au Parc naturel régional. Sa priorité dans cette nouvelle phase est d’épauler les producteurs. Il s’agira notamment de référencer l’ensemble des fermes, leurs productions et les volumes qu’elles sont en capacité de fournir, puis établir un état des lieux des besoins alimentaires du bassin de vie.
D’ores et déjà, agriculteurs et producteurs locaux se font connaître dans les marchés qui se tiennent dans les villages où ils rencontrent un vrai succès. On peut même y faire des paniers 100% made in Yvelines : viande, miel, lait, œufs, jus, sirop, fruits et légumes et même des pâtes fraîches !… Un territoire presque en autonomie alimentaire?