Léa Bonnefoy est docteure en planétologie, chercheuse au prestigieux Latmos de Guyancourt. Elle fait partie des 35 jeunes scientifiques françaises sur 700 candidates à recevoir le prix Jeunes Talents L’Oréal-UNESCO. À 27 ans, son parcours international l’a amenée dans les endroits reculés du système solaire, sur les lunes glacées de Saturne.
Elle n’est pas dans la lune. Mais elle a la tête dans les étoiles. Le planétarium grandeur nature, c’est son bureau. Léa Bonnefoy est planétologue. Elle a passé des années à sillonner la planète Terre avant de devenir une spécialiste de Saturne.. Avant le confinement, elle donnait des conférences un peu partout mais souvent dans les Yvelines pour les amateurs et passionnés de cosmologie, de planétologie, de conquête spatiale. Elle partage aussi sa passion avec le public en étant bénévole auprès de SpaceBus France.
« Aller vers les gens, vulgariser nos recherches auprès du grand public fait aussi partie du travail de chercheur. »
Ecrivaine en herbe
A l’adolescence, Léa Bonnefoy s’était lancée dans l’écriture d’un texte intitulé Les lunes : fiction et non-fiction. Dans ce roman, elle s’amusait à raconter des amitiés imaginaires entre lunes, des festins de météorites, d’improbables méthodes de circulation cosmique. Comme tout bon écrivain en herbe, Léa Bonnefoy s’était alors plongée dans une encyclopédie poussiéreuse pour apprendre tout ce qu’elle pouvait sur le sujet. Elle y découvrit la diversité des lunes du système solaire, des petites lunes de Mars aux geysers d’azote de Triton, lune de Neptune, en passant par les volcans d’Io, lune de Jupiter, et l’atmosphère de Titan, lune de Saturne.
Fouler des sols extraterrestres
En parallèle de ses études de physique, elle travaille sur les immenses dunes de Titan, qui s’étendent sur des centaines de kilomètres de long. Fascinée par ces mondes si différents, elle décide alors d’en faire sa carrière. Léa a achevé sa thèse au centre de recherche de Guyancourt, au Latmos/UVSQ (Laboratoire atmosphères, milieux, et observations spatiales) et au Lesia.
Ce même Latmos qui est un acteur majeur de la mission en cours sur Mars et qui a envoyé un nanosatellite (UVSQ-SAT) pour étudier l’impact du soleil sur le changement climatique.
Les recherches de Léa Bonnefoy ont porté sur les surfaces glacées de Japet, Rhéa et Dioné, des lunes de Saturne. «Décrire des paysages lunaires insoupçonnables, connaître la sensation de fouler des sols extraterrestres », c’est son rêve.
Les changements de températures au cours du temps révèlent une surface semblable à de la neige. Au-delà de leur contribution scientifique à la compréhension du système solaire, ces résultats nous permettent d’imaginer la sensation de marcher sur les lunes de Saturne.
Des lacs de méthane sur Titan aux geysers d’Encelade, chaque lune de Saturne est un monde à part entière. Saturne a 82 lunes connues, découvertes successivement à mesure que les télescopes s’améliorent et que les missions spatiales explorent l’environnement de Saturne. La mission Cassini-Huygens en particulier a révolutionné notre compréhension des lunes de Saturne, et l’analyse de ses données continue de révéler des résultats nouveaux aujourd’hui.
Sans frontières
Fille de fonctionnaire européen, elle a vécu durant son enfance en Belgique, au Maroc, au Burkina Faso, au Mexique, avant d’entamer des études supérieures aux États-Unis.
Lors d’une conférence scientifique aux USA, elle rencontre la planétologue Alice Le Gall, une des scientifiques les plus réputées dans son domaine, qui deviendra, quelques années plus tard, sa directrice de thèse au Latmos. Une rencontre déterminante, entre deux femmes scientifiques, minoritaires dans ce domaine.
« Les conférences scientifiques, c’est le seul endroit où les femmes ne font pas la queue aux toilettes ! C’est une blague d’astrophysicienne, sourit la chercheuse.
Ses études vont à l’avenir contribuer à déterminer l’âge de ces lunes, leur fonctionnement, leur formation, leur évolution et mieux comprendre le système de Saturne. « C’est une sorte de voyage extraterrestre, explique-t-elle dans un journal de la Sorbonne. Ce que j’aime dans mes recherches, c’est essayer de visualiser, comme dans un roman de science-fiction, la structure des astres que j’étudie et de ressentir ce que cela ferait de parcourir ces environnements froids, dénués d’atmosphère et pourvus d’une faible gravité ».
Passionnée de lecture depuis l’enfance, Léa Bonnefoy s’adonne aux origamis et aux jeux de société. Son rêve aujourd’hui ?
« Participer à l’élaboration de nouvelles missions spatiales vers les lunes des planètes géantes ».
Un rêve qui pourrait bien se réaliser puisque Léa va étudier les dunes de Titan et repérer des sites d’atterrissage pour la mission Dragonfly/Nasa…
La Fondation l’Oréal encourage les femmes à faire de la recherche
Dans mon master, nous n’étions que six étudiantes sur 40 élèves. Pourtant les femmes sont tout aussi capables que les hommes de se lancer dans ce type d’études, précise Léa Bonnefoy.
En dehors du contexte de la pandémie, aujourd’hui encore en France, les femmes sont sous – représentées dans les études et les professions de recherche : on ne compte que 36 % de femmes en doctorat, 26 % de femmes en écoles d’ingénieurs et 26 % de femmes parmi les chercheurs. En Europe, seulement 11 % des hautes fonctions académiques en science sont exercées par des femmes, et, au niveau mondial, seules 3 % de femmes ont été récompensées par des prix Nobel scientifiques.
La Fondation L’Oréal s’engage résolument aux côtés des femmes pour contribuer à leur valorisation en science. Cette année encore, le Prix Jeunes Talents récompense des chercheuses dont les travaux contribuent à bâtir un monde meilleur, durable, plus résilient, plus inclusif. Toutes remarquables par l’excellence de leur parcours, elles représentent chacune un espoir pour notre avenir commun. Beaucoup d’entre elles ont été confrontées au long de leur cursus à des différences de traitement avec leurs homologues masculins. Aujourd’hui, elles souhaitent contribuer à promouvoir la science auprès des plus jeunes et des générations futures.
L’UVSQ en chiffres
L’Université de Versailles St-Quentin-en-Yvelines, membre de Paris-Saclay, propose :
• 6 unités de formation et de recherche
• 2 instituts universitaires de technologie
• Une école d’ingénieurs
• 300 établissements partenaires à l’international
• 34 laboratoires de recherche universitaires (dont le LATMOS) soit 1 000 chercheurs et enseignants-chercheurs.