Les agriculteurs des Yvelines ont du talent

Yves FOSSEY

Cet article fait partie du dossier: Les Yvelines terres agricoles

Décidément les agriculteurs des Yvelines ont du talent! Alors que la moisson s’est achevée récemment, l’un d’eux a réalisé le logo des Yvelines dans un champ de Marcq, un village proche de Thoiry.

Une première. Et le résultat est à la hauteur. L’emblème des Yvelines a été dessiné fin août dans une parcelle de blé à l’issue de la récolte. L’agriculteur a réalisé ce défi avec le concours de Romain Berruée de la Chambre d’agriculture.

Nous avons travaillé à l’aveugle. Le Y des Yvelines a été reproduit dans un rond qui fait 100 mètres de diamètre. Le traçage a été effectué avec un cordeau et une bombe de peinture. Ensuite un tracteur équipé d’une herse rotative a été utilisé pour couper la paille et retourner la terre afin de faire ressortir le logo.

 Le Département compte 807 exploitations agricolesCéréaliers, maraîchers, éleveurs, primeurs… Quelque soit leur domaine, ils font tout pour démontrer qu’ils sont capables de faire évoluer leur activité afin de préserver la filière. Leur présence est en effet précieuse. Ils assurent un rôle déterminant notamment dans l’équilibre alimentaire.

Afin de répondre aux nouvelles exigences et de rester compétitifs, depuis plusieurs années, les agriculteurs changent leurs méthodes de culture. L’objectif est de réduire l’utilisation des pesticides et de se diversifier mais aussi de développer les circuits courts.

Innover pour maintenir la filière

Selon Christophe Robin, qui est à la tête d’une exploitation de 220 hectares à Sonchamp, les agriculteurs, souvent victimes d’agribashing, sont des cibles « faciles » alors qu’ils cherchent en permanence à innover.

Les pulvérisateurs dans les champs n’ont pas bonne presse. Nous faisons pourtant le maximum pour améliorer notre image. Nous modifions nos techniques et nous lançons des nouvelles activités afin de maintenir la filière.

Les changements sont nombreux. Il est loin le temps des grandes cultures arrosées copieusement d’engrais et de produits phytosanitaire. Les pratiques et le modèle ont évolué.

Dans les Yvelines, l’agriculture représente environ 88 000 hectares et 91% de cette surface est consacrée aux grandes cultures. CD78/N.Duprey

Pour éviter d’avoir recours à des fertilisants chimiques, les agriculteurs adoptent désormais l’apport naturel. Ils limitent également l’utilisation des pesticides. La recette est simple. Des herbes fourragères sont semées puis fauchées. Ces méthodes permettent d’étouffer les mauvaises herbes mais aussi d’enrichir le sol.

Certains font aussi une rotation des cultures. Ils ne sèment jamais ou ne plantent jamais deux années de suites les mêmes semences. Ce système brise le cycle des maladies et des mauvaises herbes.

Côté consommation, les producteurs se lancent de plus en plus dans les circuits courts notamment en direction de la restauration collective. Leurs produits sont par exemple servis dans les cantines scolaires des collèges yvelinois.

De nombreux axes de diversification

D’autres pistes ont la cote. Les boutiques à la ferme sont tendance et la vente directe cartonne. « Les clients viennent chez nous parce qu’ils recherchent la qualité. Ils veulent des bons produits et ils veulent bien manger », détaille Christophe Robin. Ce système favorise également le relationnel. « Les gens nous questionnent pour connaître nos méthodes de culture », ajoute-t-il.

Fruits, légumes, produits laitiers… La vente directe à la ferme a le vent en poupe. CD78/N.Duprey

Les énergies renouvelables figurent aussi parmi les axes de diversification. Les agriculteurs qui disposent d’importants hangars transforment leurs équipements en installant des panneaux solaires sur les toits afin de produire de l’électricité.

Christophe Robin s’est tourné vers la production de gaz. En partenariat avec quelques uns de ses collègues de Sonchamp, il aménage un méthaniseur sur son exploitation. L’équipement, qui devrait être mis en service en février 2021, sera capable de digérer 30 tonnes de matière par jour. L’énergie issue de la fermentation de fumier ou encore de céréales permettra de fournir du gaz pour différents sites de l’agglomération de Rambouillet.

Un soutien indéfectible du Département

Le Département des Yvelines est aux côtés des agriculteurs dans le but de maintenir l’activité, de développer la compétitivité des exploitations et de soutenir les plus vulnérables face aux aléas climatiques. La politique agricole départementale adoptée dans ce sens en 2018 a été reconduite pour les années 2021-2022.

L’agriculture est un moteur indispensable au dynamisme économique des Yvelines, insiste Pierre Bédier, le président du conseil départemental.

La politique agricole départementale est composée de huit dispositifs spécifiques et du soutien à cinq structures agricoles. Chaque année plus de 800 000 € d’aides sont attribuées à la filière. Des financements sont par exemple accordés pour accompagner les projets de diversification, comme la commercialisation des produits agricoles à la ferme, qui contribuent au développement des circuits court, ou encore les investissements environnementaux entre autres dans le domaine des énergies renouvelables.

Le Département a adopté un plan spécifique pour soutenir la filière agricole. CD78/N.Duprey

Un soutien est également apporté aux exploitants qui s’engagent dans une démarche visant à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires. Un volet est aussi prédestiné à un fonds départemental d’indemnisations des calamités climatiques de type sécheresse, inondations, gel ou encore grêle.

Enfin des aides exceptionnelles ont également été versées en direction des agriculteurs impactés par la crise sanitaire.