Installées à Rambouillet depuis 2020, les Enchanteuses revalorisent des tissus de récupérations en sacs et autres accessoires utiles. Portrait.
Les Enchanteuses ne doutent pas de leur engagement, de leurs choix, de leur entreprise et encore moins de leur passion – ça non ! Elles doutent d’y arriver, de pouvoir continuer. Car si leur projet de revalorisation de textiles (upcycling en anglais), qu’elles transforment en accessoires de mode, s’inscrit pleinement dans l’économie circulaire, et donc dans des problématiques on ne peut plus actuelles de consommation durable, encore faut-il pouvoir en vivre. L’argent reste malgré tout le nerf de la guerre, alors pour mettre toutes les chances de leur côté, les deux enchanteresses ont repris une activité annexe, pour diminuer les charges qui pèsent sur leur entreprise qu’elles maintiennent à flot, contre vents et marées.
Quand j’étais petite, ma mère, couturière, réalisait les modèles que j’imaginais, nous confie Loudenella.
Le début de l’aventure
Lorsqu’elles se rencontrent, en 2016, Citial et Murielle, alias Loudenella, ont un coup de foudre amical : « à partir de là on ne s’est plus quitté ! », confirme Citial. A l’époque, elle est designer graphique et prof de PAO dans une école de design ; Loudenella s’est reconvertie depuis une vingtaine d’années en créatrice textile et designer, et vend déjà ses produits : des accessoires qu’elle coud dans des tissus de récupération. Elles veulent travailler ensemble, se cherchent un peu puis se lancent : en février 2020 naissent les Enchanteuses.
Les deux amies s’installent au Smart City Campus de Rambouillet – où se trouve également leur showroom – commencent à travailler, lancent leur site web, la boutique en ligne. La revalorisation de textiles existants sera leur business model (modèle économique), pour lequel elles obtiennent le prix du public en octobre 2020 à Rambouillet. Et, non contentes d’œuvrer en faveur de l’environnement, les Enchanteuses font travailler des jeunes en situation de handicap de l’institut médico-éducatif (IME) des Essarts-le-Roi : c’est là que sont lavés et repassés leurs tissus. Une fois par semaine, un jeune de l’IME vient faire un « stage d’observation en milieu ordinaire ». Quatre apprenties sont également formées chez les Enchanteuses et enfin, une gestionnaire administrative indépendante vient compléter l’équipe : autant de raisons de ne pas laisser tomber leur projet, pour lequel Citial et Loudenella se démènent.
Telles les petites souris de Cendrillon, les Enchanteuses transforment le moindre bout d’étoffe en trousses, pochettes, sacs…, tous plus ravissants les uns que les autres. Mais le modèle économique présente des failles, et l’idée de se diversifier émerge. Les Enchanteuses démarchent, avec succès. Marque automobile, ONG environnementale, hôtel de luxe… se laissent tenter par l’aventure.
Un regard tourné vers l’avenir
Si la volonté de participer à la réussite d’une entreprise œuvrant dans l’économie circulaire est bien présente, les partenaires des Enchanteuses ne maîtrisent pas toujours tous les tenants et aboutissants : « nous essayons de mettre en place des partenariats où l’entreprise nous confierait ses textiles afin que nous les revalorisions avant de nous racheter les objets créés pour offrir, par exemple, à leurs clients, sous forme de goodies. Mais on s’entend souvent répondre ‘on vous donne tout, faites-en ce que vous voulez !’. Mais non ! On ne nous donne pas, on nous confie ! Sinon on ne peut pas vivre de cette revalorisation… », et sans argent, ce type d’initiative vertueuse ne pourrait pas exister.
C’est en partie pour cette raison que le Département des Yvelines travaille avec les Enchanteuses depuis quelques mois sur plusieurs prototypes (pochettes, trousses, lunchbags…) fabriqués à partir d’anciens supports de signalétique, siglés des logos du Département, avec en ligne de mire, un éventuel partenariat.
Alors en attendant les Enchanteuses tiennent bon la barre, et ne la lâcheront pas !
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