Les leviers pour réussir

Sandrine GAYET

Cet article fait partie du dossier: Insertion : les leviers pour réussir

Comment réduire le chômage, résorber le nombre de bénéficiaires du RSA ? Par l’insertion professionnelle, donc avec les entreprises et un tissu économique dynamique. Or, si les Départements ont en charge la gestion du RSA, l’État leur interdit d’intervenir dans les champs de l’économie et de la formation. Paradoxal mais bien français. Il faut donc que les Conseils départementaux trouvent des solutions pour réduire leurs dépenses sociales en remettant en activité et en formation, les allocataires de leur territoire.

La force du couple public-privé

Les Yvelines font partie des départements les plus innovants dans le domaine de l’insertion et surtout, les plus efficaces, en s’alliant aux entreprises du territoire et en misant sur la mutualisation des forces avec les Hauts-de-Seine.

Un des maillons forts de cette politique départementale est son agence dédiée exclusivement à l’insertion – ActivitY’, unique en métropole. Depuis 2016, elle a permis à plus de 5 000 Yvelinois de reprendre le chemin de l’emploi. Depuis quelques mois, le Département des Hauts-de-Seine a rejoint ActivitY’, multipliant ainsi les chances de retrouver un emploi. La plateforme JOB78-JOB92 en est la parfaite illustration.

Aujourd’hui, quelque 500 entreprises sont des partenaires actifs de la lutte contre l’exclusion menée par le Département, qui a notamment donné un vrai coup de pouce à l’insertion via les clauses sociales dans ses marchés publics. Et cela fonctionne, car les entreprises intègrent l’insertion dans leur politique sociale.

Insertion : les leviers pour réussir © CD78

Pierre Bédier, Président du Département, rappelle sans relâche la place de premier plan que tiennent les entreprises dans la politique départementale d’insertion :

L’entreprise est la plus à même de favoriser l’insertion car seuls les entrepreneurs peuvent construire des solutions exemplaires et éclairées dont je félicite l’efficacité.

Rebondir

Dans les Yvelines, de nombreux métiers sont en tension, avec des besoins et une demande en augmentation : aides à la personne, tri et recyclage, restauration, sécurité, espaces verts, sylviculture, BTP, ferroviaire…

Le manque de connaissance des métiers existants et des codes de la vie professionnelle sont, avec la qualification, les principaux freins au recrutement. Remobiliser, redonner confiance en soi font partie des démarches d’accompagnement. Avec le club d’entreprises Face Yvelines, ActivitY’ dispose d’un levier supplémentaire pour lever les obstacles à l’emploi rencontrés par les publics en difficulté en assurant la mise en situation professionnelle, du parrainage, de l’apprentissage. Le Conseil départemental a aussi lancé sa première Job Academy avec Face Yvelines.

Réussir l’insertion reste un des grands challenges pour les départements. Jeunes peu qualifiés, habitants des quartiers prioritaires, chômeurs de longue durée : ces publics sont accompagnés tout au long de parcours mis en place avec les entreprises.

J’ai confiance en notre capacité commune, avec les Hauts-de-Seine, avec les entreprises et avec les professionnels de nos territoires, à trouver des solutions toujours plus novatrices pour faciliter l’accès au marché du travail et anticiper les besoins de main-d’œuvre

Résume Catherine Arenou, présidente d’ActivitY’ et Vice-présidente du Conseil départemental des Yvelines déléguée à l’insertion et à la politique de la ville.

3 questions à… Frédérique Chadel, Directrice de l’insertion et accompagnement social

Insertion : les leviers pour réussir © CD78

Quels sont les enjeux de la politique insertion du Département ?

L’objectif est de tout faire pour sortir de la précarité des personnes fragilisées par la perte d’emploi et ainsi réduire les dépenses sociales du Département. Pour y parvenir, nous mettons en œuvre un accompagnement renforcé de ces publics, avec des dispositifs innovants de réinsertion professionnelle. Dans le même temps, dans le souci d’une gestion rigoureuse des deniers publics, nous déployons un système de contrôle pour l’accès aux droits et le respect des obligations. En effet, percevoir le RSA est un droit mais engage l’allocataire à des devoirs, notamment être dans une vraie démarche d’insertion professionnelle. Dans les Yvelines, on compte 23 469 personnes devant rendre compte de leurs démarches d’insertion.

Quels résultats obtenez-vous ?

Le taux de retour à l’emploi des Yvelinois au RSA, fin 2019, était de 21,35 % et ne cesse de progresser (14 % en 2018). À titre de comparaison, ce taux est de 9,5 % au niveau national. Donc la politique menée dans les Yvelines, en étroite collaboration avec le département des Hauts-de-Seine, porte ses fruits.

Par ailleurs, les Yvelines figurent parmi les départements les plus efficaces en matière d’orientation : moins de 2 semaines entre l’ouverture du droit au RSA et l’entrée dans un parcours vers l’emploi contre plusieurs mois dans d’autres départements. Ces résultats s’expliquent par les nombreux outils et dispositifs déployés, comme la plateforme interdépartementale JOB78/JOB92, les binômes conseillers Pôle Emploi-travailleurs sociaux du Département dédiés à l’accompagnement global, les partenariats dynamiques avec la CAF des Yvelines et Pôle Emploi…

Que faut-il encore améliorer ?

Avant tout, faire baisser le nombre d’allocataires du RSA. C’est notre priorité. Les personnes en parcours d’insertion sont actives et ne rechignent pas à travailler, bien au contraire. Et pourtant, nous observons des parcours en pointillés, avec des retours dans le système du RSA. Pour éviter ces ruptures, il faudrait parvenir à pérenniser à la fois les emplois et aider les personnes à s’y maintenir : nous y travaillons avec les entreprises.