Pour les agriculteurs, l’interdiction des marchés, sauf exception préfectorale, est un vrai coup dur. Malgré tout, cette nouvelle mesure prise dans le cadre de la lutte contre la propagation du Covid-19 pourrait faire changer les habitudes, en encourageant la consommation de produits locaux afin de développer l’agriculture de proximité.
C’est un véritable coup dur pour le milieu rural. La fermeture des marchés pour lutter contre la propagation du Covid-19 impacte fortement les agriculteurs. Au même titre que les consommateurs qui n’ont d’autre choix que de se tourner vers la grande distribution. Cette dernière s’est engagée à acheter français et favoriser la production locale. Mais à la chambre d’agriculture d’Ile-de-France, cette solution ne semble pas compléter toutes les attentes des agriculteurs d’Ile-de-France.
En cause ? Le manque de relations pérennes entre les agriculteurs et les enseignes. « Notre cheval de bataille, tout au long de l’année, est de permettre aux agriculteurs d’avoir des contrats stables avec les grandes enseignes. Mais malheureusement c’est souvent du coup par coup. Un producteur va être mis en avant un petit moment et après c’est fini. Il n’est pas sûr de retrouver le même contrat d’une année sur l’autre. Ce sont souvent des engagements verbaux avec des prix faibles qui couvrent à peine le prix de revient », explique Elise Simon, responsable de la filière économique de la chambre d’agriculture d’Ile-de-France, qui précise que certaines enseignes jouent le jeu, mais qu’il ne s’agit pas d’une généralité.
Ventes à la ferme et circuits courts en alternative aux marchés
Pour la chambre d’agriculture, les Yvelines ont un réel avantage pour pallier l’absence des marchés. Le développement du circuit court sur le territoire est fortement marqué, et les ventes à la ferme présentent une alternative viable et efficace. « Un territoire qui aura un réseau de ventes directes à la ferme sera privilégié et il pourra servir ses clients facilement », précise Christophe Dion, responsable de la chambre d’agriculture. Depuis plusieurs années, le Département s’engage et répertorie les producteurs pratiquant ce type de commerce.
« Nous sommes pleinement mobilisés pour soutenir nos agriculteurs et acteurs de la filière agricole. Nous favorisons dans nos territoires les circuits-courts, dans les établissements scolaires notamment, pour que l’on puisse consommer plus facilement les produits 100% Yvelinois », a rappelé Pierre Bédier, président du Département.
Cette crise sanitaire permet ainsi aux territoires de prouver une certaine auto-suffisance. Les Yvelines sont préparées à cela selon Elise Simon : « sur le territoire c’est déjà une habitude des agriculteurs de présenter et mettre en avant les produits de son voisin qui sont complémentaires ». Une question reste en suspend, est-ce que ce procédé va se renforcer avec la crise ? « Probablement chez ceux qui ont un moyen d’écoulement », précise Elise Simon, soutenue par son collège Christophe Dion, qui ajoute que « ceux qui ont déjà les structures vont certainement recevoir un afflux de visiteurs ».
Un changement de consommation pour une agriculture locale
La crise sanitaire pourrait donc amener les Yvelinois à consommer différemment. Pour les guider, plusieurs moyens sont possibles. Ils peuvent par exemple s’inscrire aux AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) du territoire, ou encore s’informer auprès de la chambre d’agriculture pour connaître les bénéficiaires du label « Bienvenue à la ferme », et qui recense les agriculteurs pratiquant la vente directe. Des associations comme la Plaine de Versailles ou la Plaine d’Avenir 78 listent également les producteurs locaux pratiquant la vente en direct, ou même, pour certains, la livraison. « Nous réfléchissons à mettre en place une bourse d’échange de production entre les producteurs afin que ceux qui vendaient habituellement sur les marchés puissent fournir des magasins de ferme », explique Christophe Dion qui ajoute qu’une telle organisation est compliquée et prend du temps.
Les ventes à la ferme se préparent d’ailleurs à un afflux de visiteurs suite à l’annonce de fermeture des marchés. Les agriculteurs doivent respecter les règles sanitaires comme dans les magasins et marchés, à savoir un écart d’un mètre entre chaque personne. Le confinement et la crise sanitaire peuvent amener à repenser notre mode de consommation. Les Yvelines ont les capacités pour être un acteur fort sur le territoire régional et doivent continuer à développer le service des circuits courts aux profits des consommateurs et des agriculteurs. « Ce serait super que la crise permette de valoriser ces points de ventes en local qui ne sont pas forcément connus des consommateurs », conclut ainsi Elise Simon.
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