Les Yvelines nourrissent les Franciliens. Via les circuits courts et les maraîchages, tandis qu’une majorité de la production des grandes cultures yvelinoises part à l’international. Quiconque sillonne le département en perçoit les étendues céréalières (orge, blé, maïs, colza) qui ricochent sur des forêts mais aussi sur du béton qui grignote quelques terres.
Notre monde agricole est confronté à des enjeux décisifs : concurrence mondiale, urbanisation, défis environnementaux et sociétaux sans parler des aléas climatiques qui ont encore récemment – avec la canicule et l’alerte à la sécheresse de cet été 2019 – fragilisé certaines exploitations. Toujours aux côtés du monde rural, le Conseil départemental met tout en œuvre pour préserver la filière à être et à rester un terroir.
Pierre Bédier, Président du Département des Yvelines, le martèle avec force :
De nos agriculteurs. Ils sont indispensables au dynamisme économique des Yvelines. On leur doit la qualité de notre alimentation, la diversité de nos paysages et la richesse de nos terroirs.
Le défi de l’autonomie alimentaire
Il n’est pas des moindres. Les agriculteurs yvelinois participent à l’équilibre alimentaire national et mondial. Ils doivent, dès aujourd’hui, anticiper l’accroissement démographique. Rien que dans les Yvelines, d’ici à 2050, la population aura augmenté de plus de 10 %, soit 150 000 bouches en plus à nourrir. Prévenir l’avenir, c’est adapter dès maintenant les exploitations et les cultures tout en maintenant la biodiversité de nos paysages. L’agriculture raisonnée prend racine dans le territoire mais cela ne va pas sans soubresauts.
Vers un nouveau modèle agricole
Les espaces agricoles occupent dans les Yvelines, près de 98 000 hectares (42 %) et 88 % de nos communes abritent au moins une exploitation, le département en recensant près de 950. Pour survivre, elles doivent s’adapter e siècle, le modèle agricole change, doucement mais irrémédiablement. La société, les gouvernants, les consommateurs sont devenus très exigeants. On demande aux agriculteurs de produire mieux dans le souci environnemental, de produire plus, pour répondre à la demande croissante, de se moderniser pour rester compétitifs… Tout cela a un coût. Christophe Hillairet, Président de la chambre d’agriculture d’Île-de-France, présent au Festival de la Terre qui s’est déroulé en septembre à Méré a, à ce titre, vivement réagi au nouveau repli de l’État :
Nous accompagnons les agriculteurs vers de nouvelles techniques, mais l’État vient de décider de supprimer 15 % des Alors quelle cohérence y a-t-il moyens donnés ?
Moderniser et diversifier
Pour justement épauler le monde rural dans la conduite de ces changements, l’Assemblée départementale a adopté la nouvelle politique agricole 2018-2020. Objectifs ? Maintenir l’agriculture sur son territoire, développer la compétitivité des exploitations agricoles et soutenir les plus vulnérables. Elle se traduit par un soutien financier au travers 9 dispositifs pour une agriculture diversifiée, performante et durable.
Enfin, pour la première fois en 2018, le Département cofinance dans le cadre des programmes européens LEADER (Liaison Entre Action de Développement de l’Économie Rurale) et FEADER (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural) des projets de modernisation et de diversification des exploitations agricoles. Pour exemple le soutien départemental a bénéficié à deux territoires dans les Yvelines, le Plateau de Saclay et la Seine Aval.
« Le rôle des agriculteurs est indispensable ! »
Pauline Winocour-Lefèvre, Vice-présidente du Conseil départemental déléguée aux ruralités, insiste sur le soutien indéfectible du Département, engagé auprès de ses agriculteurs. Désormais, l’aide annuelle accordée à la filière a été augmentée pour atteindre 800 000 euros.
Si vous aviez un message à transmettre aux agriculteurs, quel serait-il ?
• On les aime, on les soutient et on est bien conscient des enjeux auxquels ils sont confrontés, de leur rôle aussi, nourricier et d’aménageur du territoire, absolument indispensable.
À quels types d’enjeux pensez-vous ?
• Alimentaire. Nous devons faire attention à ne pas perdre notre autonomie nourricière. Il faut du blé et autour de cet « or jaune », les enjeux, locaux et mondiaux, sont colossaux. Il faut être vigilant. Et pour que les producteurs de blé restent compétitifs et dans la qualité, le Département apporte une aide à ceux qui s’engagent dans une démarche écoresponsable avec pour objectif de diminuer, en moyenne de 30 %, l’usage de produits phytosanitaires.
Comment le Département aide-t-il la filière pour qu’elle reste compétitive et de qualité ?
• Aujourd’hui, le Département apporte à travers 9 dispositifs pour que l’agriculture dans les Yvelines soit diversifiée, performante et durable. L’aide annuelle a été portée de 500 000 à 800 000 euros. Nous accompagnons au plus près les exploitations pour qu’elles restent rentables. Nous avons mis en œuvre notamment, un dispositif d’aides aux projets d’investissement. Il permet aux entreprises agricoles de se moderniser ou de se diversifier mais aussi de financer des projets qui contribuent à la préservation de l’environnement et à l’amélioration de la qualité de l’eau. Le Département accompagne également de près les jeunes leur exploitation, souvent familiale.