Elles ne représentent que 12% des effectifs dans les travaux publics. Un secteur où la féminisation progresse certes, mais très (trop ?) lentement. Dans les Yvelines, l’agence départementale d’insertion ActivitY’ met tout en œuvre pour que les femmes intègrent aussi les soi-disant « métiers d’hommes ».
Les préjugés ont la vie dure. Une femme sur un chantier, ça étonne encore. Comme pour le Mondial de foot féminin d’ailleurs durant lequel les remarques sexistes font du « buzz ».
D’après une étude réalisée par l’Institut supérieur des métiers et l’Union des entreprises de proximité (U2P), les préjugés sur les « métiers d’hommes » et les « métiers de femmes » persistent avec leur cortège de stéréotypes et d’obstacles culturels du genre « les femmes ne sont pas assez fortes pour travailler dans notre secteur ». Or, contrairement aux idées reçues,
« la force physique n’est plus un préalable dans les métiers du bâtiment qui offrent des possibilités de créativité, de flexibilité et de perspectives de promotion importantes et rapides. »
60% dans les bureaux
Les fédérations professionnelles du BTP se démènent pour ouvrir leurs métiers aux femmes et briser les tabous qui se dressent comme des murs de béton. Mais il y a encore du chemin à faire : aujourd’hui les femmes représentent un peu plus de 12% de leurs effectifs, parmi elles, près de 60% travaillent dans l’administratif. Pour attirer davantage de femmes à exercer sur le terrain, la Fédération française du bâtiment (FFB) ne cesse depuis plus de 10 ans de déployer des campagnes de recrutements.
«Elles ont autant leur place que les hommes sur les chantiers. D’autant plus qu’aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, les chantiers se sont mécanisés », nous dit-on à la FFB.
La féminisation est sur les rails
Même volonté dans le secteur ferroviaire d’accroître les recrutements de femmes pour travailler sur les chantiers et ne plus être seulement cantonnées aux tâches administratives. Avec les grands travaux comme celui d’Eole (prolongement du RER E), les prévisions d’embauche sont prometteuses. Et les femmes y auront bien toute leur place. C’est en tout cas un engagement d’ActivitY’, l’agence départementale d’insertion. Pas besoin d’avoir « des gros bras » pour exercer des métiers de plus en plus mécanisés. Ainsi, devenir électricienne, conductrice d’engin, conductrice de travaux ou encore opératrice géomètre, ne doit plus relever de l’utopie.
« L’ouverture des métiers du rail aux femmes permet aux entreprises d’avoir une image moderne, d’être socialement engagées. Les évolutions techniques en ont fait des métiers accessibles aux femmes » insiste Alexandra Baller, chef de projet chez ActivitY’.
ActivitY’ accompagne les femmes vers ces métiers
D’ici la fin de l’année, 45 femmes devraient rejoindre les chantiers de la SNCF Réseau et de rénovation urbaine. D’autres suivront.
L’agence leur propose un parcours d’insertion professionnelle avec de la qualification à la clé. Une Préparation opérationnelle à l’emploi collective (POEC) de 6 semaines, financée par ActivitY’ et Pôle emploi est en effet prévue avant la prise de poste. Elle comprend une immersion de deux semaines en entreprise. « A l’issue, les candidates pourront être embauchées pour quatre mois en contrat de professionnalisation dont on sait qu’il reste l’un des dispositifs de remise en emploi les plus efficaces – 2/3 des bénéficiaires restent en emploi à l’issue du contrat et 3/4 chez le même employeur », explique Alexandra Baller.
A l’horizon 2020, ActivitY’ souhaite atteindre un objectif de 30% de femmes sur l’ensemble des chantiers de rénovation urbaine et d’aménagement du territoire comportant des marchés clausés.
« C’est aussi aux femmes d’oser»
Les femmes aussi s’empêchent d’aller vers certains métiers. Soit parce qu’elles pensent qu’ils seront incompatibles avec une vie de famille, soit parce qu’elles les imaginent trop difficiles voire carrément fermés. « Si nous parvenons à recruter dans le BTP des diplômées pour exercer des métiers d’encadrement et d’ingénierie, c’est en effet plus difficile pour les métiers d’ouvriers », observe un formateur au CFM-BTP de Trappes. Pourtant, d’après lui, les entreprises qui les recrutent se déclarent ravies de cette féminisation.
« Passée la surprise au sein des équipes, elles trouvent parfaitement leur place et sont de mieux en mieux accueillies ».
Vers plus de mixité en 2025
Les organisations professionnelles lancent également de nombreuses initiatives pour, d’une part, encourager celles qui hésitent encore, et d’autre part, tendre vers une vraie mixité d’ici 2025 : la CAPEB (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) qui a fait de la mixité son cheval de bataille, organise le concours « Conjuguez les métiers du bâtiment au féminin » ; l’Association professionnelle du BTP a lancé l’opération « Bâtir au féminin » et le secteur décerne désormais les « Trophées de la femme du BTP ».
Petit à petit donc, les femmes intègrent les 32 métiers du BTP. Qu’elles soient carreleuses, menuisières, maçonnes, plâtrières, plombières, chauffagistes, tailleuses de pierre ou conductrices de travaux, elles apportent beaucoup à la filière.
« Elles sont souvent beaucoup plus vigilantes en matière de sécurité et très à l’écoute », reconnaît un manager chez Colas.
Allez les filles, lancez-vous !
ActivitY’ s’engage pour l’égalité femmes/hommes face à l’emploi. Et organise à ce titre des réunions d’information et accompagne les personnes dans un parcours de professionnalisation. Si vous aussi souhaitez découvrir/exercer un métier d’avenir, contactez Alexandra Baller, Facilitatrice clause d’insertion – cheffe de file EOLE 78
aballer@ext.yvelines.fr
Profils recherchés
– Bénéficiaires du RSA
– Demandeuses d’emploi de longue durée
– Jeunes de moins de 26 ans sans qualification issues ou non des Quartiers Politique de la Ville (QPV)
– Travailleuses handicapées, séniores…
Contenu du parcours d’accès à l’emploi
– Préparation à l’emploi avec un stage de 6 semaines : levée des freins, savoir-être en situation professionnelle, découverte des métiers, pré-qualification aux métiers du BTP et du ferroviaire
– Immersion en entreprise : 70 heures de stage
– Recrutement : contrat de professionnalisation, mise à disposition, CDD/CDI