Connu pour avoir libéré les femmes du corset, le couturier Paul Poiret a vécu la grande vie avant de tout perdre. Retour sur l’itinéraire d’un visionnaire.
Célèbre couturier considéré comme le précurseur de l’Art Déco et l’un des pionniers de l’émancipation féminine, Paul Poiret est d’abord embauché comme dessinateur de mode chez Doucet en 1898, avant de travailler chez Worth en 1901.
Il ouvre sa propre maison de couture en 1903 et contribue à libérer la femme du carcan du corset, en créant à la place, des robes à taille haute, en 1906. Il inventera la gaine en 1930.
L’ami du tout-Paris
En 1910, alors que les ballets russes triomphent à Paris, Paul Poiret suit la tendance, crée des robes en tissus colorés inspirés de l’Orient, de la Russie et de l’Afrique, et lance une ligne de parfums. Il habille les comédiennes les plus en vue et le Tout-Paris ; sa femme porte le turban à aigrette et se fait ambassadrice de la marque.
De 1911 à 1917, il loue et restaure le Pavillon du Butard, à la Celle-Saint-Cloud, reste d’un ancien pavillon de chasse construit par Gabriel à la demande de Louis XV. Il en fait sa résidence estivale et y donne des fêtes somptueuses comme celle du 20 juin 2012, restée célèbre, la fête de Bacchus, où Isadora Duncan dansa sur les tables au milieu de 300 invités et où 900 bouteilles de champagne furent vidées dans la nuit.
Après-guerre : la descente aux enfers
Après la première Guerre mondiale, la maison connait ses premières difficultés, malgré sa présence à l’Exposition universelle des Arts décoratifs de 1925 où Paul Poiret présente sa collection sur trois péniches.
En 1924-1925, il fait construire une magnifique villa sur le coteau de Mézy-sur-Seine, dessinée par l’architecte Mallet-Stevens, aujourd’hui classée monument historique. Mais en 1929, la maison Paul Poiret ferme, vaincue par la crise économique, et la villa de Mézy, restée inachevée, est vendue à la comédienne Elvire Popesco.
Paul Poiret a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels « Pan, annuaire du luxe à Paris », paru en 1928. Illustré de 116 planches en couleurs ou en noir et blanc réalisées par les plus grands artistes de l’époque, il offre un panorama unique de la publicité des années vingt.
Paul Poiret meurt pauvre et oublié en 1944.