Succès de la journée des fédérations de diaspora, qui a lancé le programme « Congo Na Bisso ! »

Larédaction

Edith Itoua, Conseillère auprès du Président de la République pour le Département des Congolais de l'Etranger, a souligné l'engagement de l'Etat en faveur de la diaspora congolaise.

Edith Itoua, Conseillère auprès du Président de la République pour le Département des Congolais de l’Etranger, a souligné l’engagement de l’Etat en faveur de la diaspora congolaise.

Samedi 13 septembre, près de 100 personnes étaient présentes à Saint-Germain-en-Laye pour assister à la première des manifestations du programme « Congo Na Bisso ! ». Cette journée a été organisée par le Collectif des Associations Congolaises pour les Assises, composé de l’APDM – Association pour le développement du Pays de Mouyondzi, l’USMO – Union sportive Michel Oba, la Mission internationale DIMPA, l’ONG FIDECO – formation initiative développement entreprise Congo – et l’association SADEMA – Solidarité aménagement développement évolutifs de Mouyondzi et alentours. Elle avait pour thématique les fédérations de la diaspora, avec en ligne de mire l’objectif de création d’une fédération des associations congolaises de France. Les fédérations des Yvelines (FADERMA, RACIVS) sont venues accompagnées d’experts témoigner de leur expérience, succès et difficultés.

C’est sous le soleil et dans l’élégante salle des Arts de la Maison des associations de Saint-Germain-en-Laye que s’est ouverte cette journée d’échanges devant permettre d’alimenter la réflexion de la diaspora congolaise souhaitant mieux se fédérer. Dans son discours d’ouverture, Jean-Marie Tétart, député des Yvelines, a rappelé l’importance pour un Département d’avoir une action extérieure et d’associer à cette action les populations migrantes qui participent activement tant à la vie yvelinoise qu’au développement de leurs territoires d’origines. D’après M. Tétart, cette action extérieure illustre la « conscience politique de notre Département », celle qui pousse à agir pour « aider là-bas et mieux vivre ici ». Ce message a également été au cœur du discours de son Excellence Henri Lopes, Ambassadeur du Congo en France, qui a rappelé que la coopération internationale n’est plus l’apanage des états et qu’à ce titre, la société civile comme les collectivités locales ont toute leur place dans le développement des territoires. Il a donc encouragé les acteurs yvelinois et congolais à ne pas cesser de dialoguer et à renforcer les liens qui les unissent.

La première table-ronde de la journée a permis de mieux appréhender ce que peut être la population migrante, notamment celle des Yvelines, et les raisons qui la pousse à se regrouper au sein de structures fédératives dans leur pays d’accueil. M. Voravong, animateur de la table-ronde et ancien Président du FORIM, a rappelé que le migrant est « toute personne dont le cœur et l’esprit habitent deux pays ». Cette définition met en exergue la double-sphère d’activité du migrant, qui a expliqué par exemple la création de la FADERMA (Fédération des associations des ressortissants de la région de Matam) en 2009. En effet les migrants ont « naturellement » reproduit dans leur pays d’accueil les liens associatifs très forts qui existaient déjà dans leurs villages sénégalais.

La deuxième table-ronde, animée par Emilie Blondy du GRDR Migration-Citoyenneté-Développement spécialisée dans l’accompagnement associatif de migrants, a permis de questionner les besoins et attentes que les associations-membres de la fédération pouvaient avoir à l’origine puis au cours de la vie de la fédération. Pour les intervenants, la fédération doit permettre d’aider les associations dans leurs démarches administratives « individuelles » et d’effectuer un travail d’orientation vers les interlocuteurs pertinents. De plus, l’échelon « fédération » semble particulièrement adapté face à certains interlocuteurs (notamment institutionnels) afin d’augmenter le nombre et la visibilité des actions portées. Le RACIVS a souligné également qu’une fédération offre à ses associations-membres l’accès à une base de données assurant une diffusion de l’information beaucoup plus importante et efficace que celle réalisée classiquement par chaque association.

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Une centaine de personnes a participé aux débats.

Est ensuite arrivé le temps du déjeuner où un concours de cuisine avait été organisé : les participants ont pu goûter aux plats traditionnels du Congo, du Sénégal et du Maroc. Face à l’excellence des plats proposés, l’audience n’a pu les départager : tout le monde est sorti gagnant de ce moment convivial !

Les travaux ont ensuite repris avec une troisième table-ronde, qui s’est concentrée sur les relations entre les fédérations et les pouvoirs publics. L’animatrice Delphine Arnould du CFSI, a questionné les intervenants sur les pouvoirs publics français. Il a été constaté que les interlocuteurs sont davantage les collectivités locales que le pouvoir central. Le lien très fort du RACIVS avec le service de l’action sociale du Département en est une illustration. Dans un deuxième temps, au niveau des pays d’origine des migrants, il a été souligné l’importance du cadre législatif et de disposer d’instruments adaptés pour agir en tant que fédérations de diaspora. D’où un travail de plaidoyer réalisé tant auprès des autorités locales que centrales. Ces efforts permettent désormais dans des pays comme le Sénégal que les projets portés par les fédérations s’inscrivent dans les plans de développement locaux.

Enfin, au cours de la quatrième table-ronde de la journée, l’accent a été porté sur la vie interne des fédérations. Cédric Le Bris, responsable de la coopération internationale du Département des Yvelines, a souligné que si la société civile avait toujours une exigence d’exemplarité envers les pouvoirs publics, elle ne devait pas s’en exempter elle-même. Il a ainsi posé la question de la « qualité interne » des organisations de la société civile. Il a notamment été répondu à cela qu’une partie des associations de ressortissants sénégalais, par exemple, s’étaient construites en réaction aux imperfections de la pratique démocratique au Sénégal et que dès lors, la démocratie au sein des associations était une « valeur absolue ». S’est également posée la question de la gestion financière des fonds de la fédération et de la mobilisation des associations-membres, deux facteurs essentiels de pérennité. Le RACIVS a souligné les difficultés qu’il rencontre encore avec des associations qui utilisent ses ressources sans en apporter en échange ; ou qui sollicitent le réseau mais se montrent réticentes à payer leur cotisation… Le représentant des associations congolaises a lui exprimé la volonté et la nécessité pour les fédérations de développer de nouveaux modes de financement, comme par exemple les activités génératrices de revenus.

Avant de terminer la journée par un défilé de mode féminin et un concert de rumba congolaise, Mme Edith Itoua, Chef du Département des Congolais de l’étranger auprès du Président de la République, a pris la parole pour faire la synthèse des échanges et apporter sa contribution. Elle a souligné que si une fédération des associations congolaises se consolidait, celle-ci serait « l’interlocuteur naturel » de l’Etat congolais et a donc vivement encouragé les associations à poursuivre sur la voie qu’elles ont commencé à emprunter. Elle a rappelé l’importance de pouvoir capitaliser sur ce qui existait déjà, comme ce fut le cas au cours de la journée, en se rapprochant d’autres fédérations et d’organismes-experts. Enfin, elle a expliqué comment s’était initiée, à travers tout le Congo, une véritable réflexion sur le rôle de la diaspora aujourd’hui. Un document de stratégie et recommandations sera d’ailleurs prochainement remis au Président de la République.