C’était un évènement ! À peine rentré de sa sortie en dehors de l’ISS, l’astronaute Thomas Pesquet a pris le temps d’échanger avec des élèves franciliens depuis l’espace. Les élèves du lycée Saint François d’Assise à Montigny-le-Bretonneux ont suivi la retransmission en direct depuis l’UVSQ, fascinés d’être en contact si rapproché avec une personne dans l’espace.
Cet après-midi exceptionnel était présenté par un visage que les moins de 30 ans ont aisément reconnu : Fred Courant, acolyte de Jamy Gourmand lors de l’émission « C’est pas sorcier ». Si Thomas Pesquet était à l’honneur, c’était également l’occasion d’entendre d’autres spécialistes (depuis la Terre, moins spectaculaire mais tout aussi intéressant).
Désacraliser l’espace
Claude Haigneré, ancienne astronaute parlait de son expérience à bord de l’ISS (Station Spatiale Internatioanle). La scientifique a pris place dans l’ISS il y a 20 ans, en 2001. Elle devenait alors la première femme européenne à pénétrer dans le complexe orbital :
J’ai eu la chance de faire deux missions en partant avec la même fusée et le même vaisseau à chaque fois. C’était beaucoup d’émotion, de force et d’énergie. Je me souviens du sentiment lorsque nous avons quitté la Terre. Ne plus ressentir la gravité, sentir son corps libre.
Au delà de ses souvenirs, Claude Haigneré insiste sur l’importance de la présence des femmes en sciences :
L’aventure est ouverte : il faut toujours tenter d’ouvrir la porte du rêve. Il faut que les filles fassent de la science et de la technique, c’est ouvert !
Marie-Laure, jeune lycéenne se sent très concernée par ce discours
C’est super d’entendre ce genre de paroles. Ça nous permet de mieux comprendre leur métier d’astronaute. Ça semble concret
Quand la cuisine spatiale inspire la Terre
De manière plus insolite, le physico-chimiste Raphaël Haumont était présent et représentait le chef Thierry Marx. Le chimiste a présenté les plats préparés pour les astronautes. Lyophilisés, ils ont été pensés en partie par Thierry Marx. Au menu : pommes de terre, boeuf, et amandine poire. Raphaël Haumont explique que ce défi avait un cahier des charges très lourd : pas de miette, pas d’alcool,… Il a fallut revoir des recettes entières et concentrer les saveurs car dans l’espace, les astronautes ont moins de goût.
Travailler pour l’espace permet de réfléchir à long terme pour la Terre, notamment au niveau zéro déchet. L’ISS est un bon exemple car c’est un circuit totalement fermé.
Un projet tout à fait fascinant.
Ground Control to Major… Thomas
Le décompte a commencé et le contact avec l’espace a alors débuté. Thomas Pesquet est un pilier de la démocratisation spatiale auprès du grand public ainsi que des élèves, notamment grâce à ses réseaux sociaux. C’est d’ailleurs de cette façon qu’Alexandre, lycéen Yvelinois, a accompagné à s’intéresser à l’espace :
J’ai commencé à suivre Thomas Pesquet sur les réseaux. Ses photos sont toujours incroyables. J’aime aussi beaucoup lire ce qu’il écrit en légende, ça a du sens, ça m’intéresse.
Dans la salle de l’OVSQ, on suit la trajectoire de l’ISS en temps réel. La procédure est réglée comme du papier à musique. Grâce aux radios amateurs, nous pouvons entrer en contact. Dans les dernières secondes, on nous annonce que si le plan A ne fonctionne pas, des plans B et C existent. Pas de place pour l’amateurisme dans l’espace.
À 13h39, les questions fusent et sont variées. On en apprend un peu plus sur le quotidien de Thomas Pesquet. S’il se régale avec les plats du chef Marx ? Bien sûr ! Comment a-t-il vécu son deuxième décollage ? « C’est toujours aussi impressionnant, mais sachant à quoi m’attendre j’en ai plus profité. »
Thomas Pesquet prend le temps de répondre en détails aux questions des collégiens. Le scientifique est ultra-investi mais trouve encore le temps de blaguer, d’être bienveillant et humble, même depuis l’espace
On a bien conscience qu’on est dans l’espace. En sortie extravéhiculaire, j’ai pris le temps de regarder la Terre défiler. L’infinité m’émerveille. Ce que notre cerveau ne peut pas définir, c’est ça qui m’émerveille.
Astronaute : un rêve accessible ?
Au même titre que Claude Haigrené, Thomas Pesquet met un point d’honneur à désacraliser l’espace et son accès :
Bien travailler à l’école ne fait pas tout. Il faut s’ouvrir aux autres, saisir les opportunités. Si ça ne marche pas, ce n’est pas grave, mais surtout : ne vous censurez jamais.
10 minutes se sont déjà écoulées. Tout le monde a retenu son souffle pour que la connexion ne se perde pas. L’ISS est passée à l’ouest et le contact s’est perdu.
L’UVSQ sur tous les fronts
Avec SOLAR SOLSPEC, l’UVSQ a déjà touché l’espace. Il s’agit d’un spectromètre dédié à la mesure de l’éclairement solaire spectral. Mis en orbite en février 2008, sa durée de vie ne devait pas excéder une année… SOLAR SOLSPEC a finalement passé 9 ans dans l’espace !
En mars 2017, sonne la fin des opérations pour le spectromètre. C’est alors Thomas Pesquet qui en écrit le dernier chapitre. Pour Alain Bui, président de l’UVSQ, ce genre de retransmission avec l’espace est important :
Cela permet de montrer les coulisses de ce qu’on voit à la TV. C’est important pour l’université et les étudiants.
Avec le LATMOS, l’UVSQ installe durablement sa présence dans l’espace et garde sa place prestigieuse au classement de Shanghai.
Nul doute que personne n’oubliera ce moment privilégié. 10 minutes avec l’homme aux 16 levers et couchers de soleil par jour… Ça n’arrive qu’une fois ! Over.