Lien social des seniors : l’habitat adapté est l’une des clés

Sandrine GAYET

Cet article fait partie du dossier: Bien vieillir dans les Yvelines

Préserver le lien social des personnes âgées passe par un habitat adapté en accompagnant celles qui souhaitent vieillir à la maison. Mais lorsque le maintien à domicile devient impossible, nécessité s’impose de pouvoir leur proposer d’autres formes de logement, respectueuses de leurs parcours de vie. 

« Déraciner complétement la personne revient à l’isoler », affirme Guillaume Moissé, « La prévention de la perte d’autonomie tout comme la question de l’aménagement du territoire sont donc essentielles ».

Les chiffres sont éloquents. 85% des Français souhaitent vieillir chez eux selon un sondage IFOP/Sociovision réalisé en 2019. Une dynamique déjà à l’œuvre puisque 94% des 80-84 ans vivent à domicile.

Pourquoi un tel choix ? Parce que le logement est un lieu chargé d’identité, construit au fil des ans et rempli de souvenirs. Chacun y a ses habitudes, ses repères. C’est aussi un lieu qui s’inscrit dans un environnement plus large : une rue, un quartier, des commerçants, des services ou des transports. Un espace de vie au sein duquel la personne se sent en confiance, où elle peut recevoir des visites et aller et venir, comme bon lui semble, au quotidien : des éléments fondamentaux pour se prémunir contre l’isolement et donc rester autonome.

Aujourd’hui, seulement 6% des logements sont adaptés

Parce qu’il est primordial de favoriser le maintien à domicile des seniors, des aides existent. Objectif : prévenir la perte d’autonomie car celle-ci, justement ne prévient pas. Personne n’anticipe son propre vieillissement. Aujourd’hui, en France, seulement 6% des logements sont adaptés.

Dans les Yvelines, les propriétaires peuvent être accompagnés dans la réalisation de travaux d’aménagement adaptés qui leur permettent de gagner en confort.

Des aides peuvent être attribuées par les Pôles autonomie territoriaux et financées par l’APA. Elles permettent, par exemple, la mise en place d’un éclairage pour éviter les chutes ou l’installation d’un siège de douche. Un soutien humain peut aussi être mobilisé pour les courses, le portage des repas ou les déplacements, auxquelles s’ajoutent les dispositifs de solidarité intergénérationnelle tels que YES+ : ce programme départemental permet à des seniors isolés de recevoir des visites en été et en hiver.

Entre son domicile et l’EHPAD, plusieurs solutions

Pourtant, malgré cette mobilisation en faveur du « bien-vieillir » à domicile, le logement peut s’avérer inadapté et contribuer ainsi, in fine, à l’isolement de la personne âgée. Penser d’autres formes d’habitat intermédiaire devient dès lors une priorité.

« Il y des alternatives à l’EHPAD qui est le dernier des chez soi », explique Guillaume Moissé, chargé d’animation de territoires au Réseau Francophone des Villes amies des aînés.

Il y a d’abord la possibilité d’accueillir chez soi un étudiant dans le cadre d’une colocation intergénérationnelle : l’association Ensemble2Générations s’emploie à créer des binômes qui « matchent » en fonction des goûts et des intérêts de chacun. L’étudiant, en échange d’un logement, assure une présence, une veille sécurisante et stimulante.

Il y a ensuite, lorsque le déménagement est impératif, la possibilité de se tourner vers une colocation, un accueil familial. Cette alternative permet aux personnes accueillies de profiter d’un environnement affectif et sécurisant tout en gardant une vie sociale proche de la vie de famille.

Enfin, les personnes âgées peuvent choisir de vivre en résidence pour seniors, qu’elles soient gérées par le Département ou par des opérateurs privés : résidences autonomie, résidences services, résidences sociales pour seniors autonomes, ou encore l’habitat inclusif, groupe de 10 logements environ regroupés autour d’un espace collectif et basé sur un projet de vie partagé. Ces types d’habitat permettent de préserver le lien social des seniors : ils offrent un espace à soi mais font la part belle aux échanges, aux espaces et services partagés, à la vie en communauté.

Ne pas déraciner

Pour les collectivités, l’enjeu est double. Proposer un bâti adapté, d’abord, que les seniors peuvent s’approprier et dans lequel ils se sentent « comme chez eux ».

Mais aussi leur permettre de rester dans un environnement connu, à proximité de leurs proches et du lieu où les seniors ont construit leurs vies et tissé les liens qui composent leur quotidien, qu’elles vivent en zones urbaines ou rurales.

« Déraciner complétement la personne revient à l’isoler », affirme Guillaume Moissé, « La prévention de la perte d’autonomie tout comme la question de l’aménagement du territoire sont donc essentielles ».

Le Département a créé plus de 300 places

Dans les Yvelines, le Département encourage la production de résidences pour seniors autonomes, notamment de résidences intergénérationnelles. Depuis 2013, grâce au programme Yvelines/Résidences, plus de 300 places ont été créées (4,7 M€). Chaque résidence a fait l’objet d’un travail collaboratif avec le bailleur, la commune et l’intercommunalité pour identifier les besoins du territoire et assurer la qualité du projet dans sa conception comme dans son projet d’animation dont le Département veille à la pérennité. Un partenariat pour apporter une réponse qualitative aux besoins de tous.

 

Si vous souhaitez contacter les acteurs de la démarche « politique globale vers les aînés » au sein du Département, une adresse  : vada78@yvelines.fr