Procès reconstitué : les jeunes au tribunal de Versailles

MadelineEtienne

Le vendredi 29 septembre, une véritable affaire de justice a été jouée par un groupe de jeunes au tribunal de Versailles, en tenue officielle d’avocats, d’assesseurs etc. Comme dans un jeu de rôle grandeur nature, ils se sont glissés dans la peau d’un autre avec conviction. Ce type d’action a pour objectif de sensibiliser les jeunes sur leurs droits et leurs devoirs.

 

M'Barka, de l'école de la deuxième chance, se défend dans le rôle d'Emilie comme si son propre avenir était en jeux. © CD 78 / N. Duprey

M’Barka, de l’école de la deuxième chance, se défend dans le rôle d’Emilie comme si son propre avenir était en jeu. © CD 78 / N. Duprey

 

Portée par le Secteur d’Action Sociale de Mantes-la-Jolie, et soutenue par plusieurs partenaires dont l’APCEJ, l’Ecole de la deuxième Chance, et l’ESCALE, l’action « Moi, citoyen » accompagne un groupe de jeunes Mantais âgés de 14 à 25 ans. Le but ? Favoriser leur insertion, leur faire prendre conscience de leurs droits et devoirs, et du rôle des différentes institutions dans la démocratie.

Une affaire de justice dont ils ne connaissent pas le verdict 

Au tribunal pour enfants, la juge déclare la séance ouverte : « Bonjour Messieurs-dames, l’audience commence, vous pouvez vous asseoir. » Elle est la seule à être véritablement juge.
Medhi, qui interprète le rôle du procureur, s’amuse de la robe noire qu’il porte en jetant des regards vers ses amis dans le public. Pour les autres jeunes, ces costumes donnent un ton résolument sérieux à la représentation. Dans cette affaire, les trois prévenues sont inculpées dans « l’affaire Joey », un jeune homme assassiné dont le corps a été retrouvé dans une cave. Emilie, Khadidja et Madjougou, assises les unes à côté des autres, répondront aux accusations et leur implication dans cet assassinat. Les événements s’enchaînent à travers une palette d’émotions très variées. La première appelée est Emilie. L’adolescente témoigne à la barre d’une petite voix, à tel point qu’il faut tendre l’oreille pour l’entendre. Comme les deux autres prévenues, elle répond aux questions posées par les juges assesseurs et les avocats. Elle se défend comme elle peut et l’histoire se dessine au fur et à mesure de son témoignage. Au-delà du drame de cette affaire et des efforts fournis par les avocates des prévenues, jouées par des encadrantes, quelques éclats de rires fusent.

Un grand pas vers l’insertion

Parmi ces jeunes, certains ne sont pas francophones. Arrivés en France depuis quelque mois, les ateliers mis en place par l’action « Moi, Citoyen » sont pour eux une belle opportunité pour progresser en français, et particulièrement à l’oral. Lors de cette représentation ils ont dû improviser, s’exprimer face à un public dans un lieu qu’ils découvrent pour la première fois et arguer face aux multiples témoignages. Un exercice auquel ils ont pris du plaisir malgré sa difficulté, comme en témoigne Medhi, qui avoue aimer le théâtre et s’est complètement pris au jeu, au point de se permettre quelques jeux de mots. Ou Walid, qui est suivi par la Mission locale et réside en France depuis 3 mois :

Je commence à bien parler. A connaître les lois. Maintenant, je sais comment ça se passe dans un tribunal.

Isabelle, coordinatrice à l’ESCALE et qui a joué le rôle de l’avocate de Madjougou, a « tout donné pour défendre celle qui était la coupable idéale » selon les éléments de l’affaire.

Je suis vraiment très fière d’eux. C’est incroyable ce qu’ils ont été capables de réaliser en si peu de temps. Certains ne parlaient pas français il y a quelques mois. Il faut encourager ce genre d’initiative.

A la fin de la représentation, la juge annonce que cette action est une première pour elle et tient à féliciter les jeunes pour leur participation :

J’y ai pris un plaisir exceptionnel et tenais à vous remercier.

La suite de cette action, le rallye de la citoyenneté, se déroulera durant tout le mois d’octobre et sera l’occasion d’amener ces jeunes à rencontrer les différents acteurs de la vie politique, judiciaire et administrative.